20 juillet 2021 - 07:50
Questions
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans la région, Louise Grégoire-Racicot livre ses impressions dans une chronique hebdomadaire au journal Les 2 Rives depuis 2018.

Qu’a voulu dire le porte-parole de Rio Tinto Fer et Titane (RTFT) le 1er avril dernier qui, en confirmant l’achat d’une parcelle de terrain du Parc régional des Grèves, a noté que c’était là une contribution au milieu et « une option potentielle pour pérenniser nos opérations à Sorel-Tracy »?

Il n’en fallait pas plus pour que des citoyens concluent que cette parcelle de terre, à proximité du lot P-84 – où RTFT dépose des résidus miniers – ne pourrait que servir à en accumuler plus encore. D’où la pétition qu’ils ont fait circuler exigeant de conserver l’intégralité de ce territoire. Parce qu’il compte plusieurs sentiers et pistes empruntés par des centaines d’utilisateurs chaque année, joue un rôle écologique fort important, a une riche biodiversité, etc. Déjà 1500 personnes l’ont signée.

La Ville de Contrecœur a aussi réagi à sa manière en votant, quelques jours avant la vente du terrain, un règlement de réserve foncière interdisant toute coupe d’arbre sur ce territoire. Elle évoque son Plan en développement durable pour le justifier, dont la protection du couvert forestier est un volet.

Ce pourquoi sans doute RTFT renonça à cette transaction, prolongeant plutôt de deux ans le partenariat qui la lie au Parc. Ainsi restera-t-il intégral. Son avenir écologique y gagne peut-être. Mais qu’en est-il de sa santé financière chancelante, mais essentielle à sa pérennité?

Pour ses président et directeur général, il est d’autant inquiétant qu’on doit y investir prochainement des sommes très importantes dans la mise à niveau de ses infrastructures abîmées par le temps et l’usage. La vente de ce terrain l’aurait soulagé financièrement, écrivent-ils dans une lettre ouverte.

Alors on repart à zéro. Pourquoi? Parce que RTFT et la Ville n’ont pu s’entendre sur les façons de faire. Ce n’est nullement surprenant d’autant que l’une des parties ne pose pas clairement ses objectifs et les moyens d’y arriver tout en protégeant l’environnement. Et que l’autre partie, en assemblée spéciale, définit une nouvelle réserve foncière sans droit de coupe ou de modification, et ce, pour entraver les projets qu’elle soupçonne sa vis-à-vis d’entretenir, a expliqué un de ses conseillers.

Visiblement la confiance nécessaire à toute entente n’existe pas. Comme elle n’existe plus entre la Ville de Contrecœur et le Parc qui se dit ainsi privé d’une somme importante pour sa survie.

Existe-t-il une solution où chacun peut trouver son compte? Qu’en dit notamment la Ville de Sorel-Tracy – aussi partie prenante de la Coop de solidarité avec Contrecœur, le Cégep et Kinoglobe – qui administre le parc? Comment contribuera-t-elle à l’avenir du parc, son développement, la conservation de ses richesses naturelles, le maintien des activités récréatives, éducatives et touristiques? Son silence est troublant.

Et qu’en disent les députés caquistes Émond et Dansereau qui ont accès aux décideurs et grands argentiers? Car on doit l’admettre, ce parc est un petit trésor régional qu’il faut à la fois conserver et développer.

Depuis 10 ans, on l’a grandement amélioré, travaillant même à mettre en valeur le site de résidus miniers pour y créer une colline qui deviendra zone touristique récréative. Comme l’entreprise s’était engagée à le faire quand l’ex-Tracy lui accorda la permission d’y déposer ses résidus.

Ça n’avait pas été facile. On avait tenu des assemblées de consultation citoyennes où le projet avait été exposé en long et en large. On s’était alors rendu à l’évidence que c’était la meilleure solution. Il fallait que RTFT cesse de déposer ses résidus partout, y compris le long du fleuve.

Qu’est-ce qui a changé depuis? Où en sont la concertation, la discussion ouverte, franche et créative, la solidarité régionale? Qui répondra à ces questions?

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