17 avril 2018 - 09:39
Les personnes ayant un handicap sont partie prenante de l’économie régionale
Par: Sarah-Eve Charland

Christelle Coutu-Chamberland s'est intégrée facilement dans trois organismes de la région. (Photo : Pascal Cournoyer)

La secrétaire-réceptionniste Florence Lemaire, Christelle Coutu-Chamberland, la coordonnatrice Christine Marchand et le directeur général du CJE Pierre-De Saurel, Mario Fortin (Photo : Pascal Cournoyer)

Dominique Lemoine travaille au IGA à Contrecœur depuis quatre ans. (Photo : Sarah-Eve Charland)

David Néliss et Éric Beauchemin travaillent chez Minéraux Mart depuis plusieurs années. (Photo : Sarah-Eve Charland)

Après le branle-bas médiatique entourant la fin du programme d’intégration d’employés ayant une déficience intellectuelle chez Walmart il y a quelques semaines, des organismes de la région ont tenu à rappeler que plusieurs entreprises s’investissent auprès des personnes handicapées, et ce, depuis plusieurs années.

L’organisme Les Saveurs du marché embauche encore 12 personnes même s’il n’a plus pignon sur rue depuis deux ans. Si l’organisme emploie ces personnes, des employeurs d’accueil font appel à l’organisme pour engager en sous-traitance cette main-d’œuvre. Les Saveurs du marché fait affaire avec divers organismes comme la Colonie des Grèves, l’Orienthèque, La Porte du Passant ou le Carrefour jeunesse-emploi.

« On a changé complètement de modèle d’affaires pour devenir une entreprise de location de main-d’œuvre », explique la coordonnatrice, Annie Blanchette.

Auparavant, le restaurant Les Saveurs du marché était situé sur la rue Augusta. Une douzaine d’employés handicapés y travaillaient.

Le Service d’aide à l’emploi et de placement en entreprises pour personnes handicapées SDEM SEMO Montérégie aide près de 1350 personnes en Montérégie, dont près de 130 dans la région de Sorel-Tracy. Le SDEM SEMO est un organisme sans but lucratif dont la mission est de favoriser la formation, l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées. Il inclut plusieurs types d’handicaps, que ce soit physique, intellectuel, sensoriel, psychique ou des troubles d’apprentissage sévères. Voici trois histoires de personnes ayant un handicap intellectuel qui ont intégré le marché de l’emploi depuis plusieurs années.

S’épanouir en travaillant

Après avoir essayé de nombreux emplois, Christelle Coutu-Chamberland, ayant une déficience intellectuelle, s’épanouit depuis deux ans avec trois employeurs qui exploitent son plein potentiel.

Elle est employée de l’organisme Les Saveurs du marché qui intègre des personnes ayant un handicap physique ou intellectuel au sein d’entreprises de la région. Avec ses trois employeurs d’accueil, le Carrefour jeunesse-emploi Pierre-De Saurel, l’Orienthèque et Gestion Annie Blanchette, elle est en charge de l’entretien ménager. Bien qu’elle travaille 32 heures par semaine, elle espère obtenir plus d’heures prochainement.

« Je suis contente de venir travailler le matin. Je peux rencontrer plein de gens. Je sais que je ne dois pas raconter toute ma vie, mais j’aime ça jaser. […] J’aime travailler. Le vendredi après-midi, je trouve le temps long », mentionne la jeune femme de 28 ans.

Elle a enfin trouvé la meilleure méthode de travail. Ses employeurs lui dressent une liste de tâches quotidiennes qu’elle effectue de façon autonome. De plus, elle se réfère à des personnes ressources précises lorsqu’elle a des questions ou des demandes.

« Il faut que j’aie des tâches précises. Ça ne doit pas changer tout le temps. Si on me donne une liste de tâches, je suis capable de gérer ça. Ça ne me prend pas 10 patrons. Si j’en ai trop, ma tête va tourner », ajoute-t-elle.

La coordonnatrice au Carrefour jeunesse-emploi, Christine Marchand, adore travailler avec Christelle Coutu-Chamberland. Sans nécessiter plus d’encadrement qu’un nouvel employé ou un étudiant, la jeune femme apporte une couleur à l’organisme.

« Elle fonctionne très bien. Elle est travaillante. C’est notre rayon de soleil. On voit qu’elle aime beaucoup travailler. […] Si vous voulez faire de la peine à Christelle, enlevez-lui son emploi. C’est sa motivation en se levant le matin. »

Un employé modèle

Dominique Lemoine travaille depuis près de quatre ans au IGA à Contrecœur. Sans conteste, les propriétaires Émily et Philip Desmarais le considèrent parmi leurs meilleurs employés.

Il a la responsabilité de placer les produits sur les tablettes dans l’épicerie et s’assure de la présentation des produits. Maintenant habitué, il demeure tout à fait autonome dans ses tâches quotidiennes.

« Je ne savais pas trop au début. Je sais pas mal tout maintenant. On me dit quoi faire lorsque j’arrive et je m’en occupe. Au début, je m’occupais d’une seule rangée. Maintenant, je les fais toutes », affirme Dominique Lemoine.

Avant de travailler au supermarché de Contrecœur, il a aussi travaillé pendant plus de 20 ans dans une autre épicerie à Sainte-Victoire-de-Sorel. Pour lui, il a toujours été important de travailler.

Philip Desmarais n’a que des bons mots pour son employé. « Dans l’alimentation, c’est rare d’avoir un employé pendant plus de quatre ans. On a confiance en lui. Il est vraiment bon. Il est très ponctuel. Lorsqu’on l’appelle, peu importe le moment, il vient nous donner un coup de main. Tout le monde l’adore. »

Des responsabilités importantes

L’intégration des personnes présentant un handicap représente une deuxième nature pour Minéraux Mart. Depuis près de 26 ans, l’entreprise investit dans ces personnes. Trois d’entre elles sont présentement à l’emploi.

« Le président Michel Beaudoin est un homme de cœur. Ça fait partie des mœurs chez Minéraux Mart. On veut donner la chance à tout le monde. Si on est capable de les intégrer, go! On jumelle toujours un employé à ces personnes pour les aider à évoluer », affirme le directeur des opérations, Christian Lévis.

Alexandre Jacques et Éric Beauchemin travaillent depuis quelques années au sein de l’une des différentes usines de l’entreprise. De son côté, David Néliss y travaille depuis près de 26 ans.

« Ils prennent tous ça très à cœur. Ils sont contents de faire partie de l’entreprise. On leur donne un sentiment d’appartenance. Ils sont motivés », poursuit l’assistant directeur général, Martin-Pier Beaudoin.

Pour Éric Beauchemin, son intégration à l’usine de Sainte-Victoire-de-Sorel a été tout un défi. « J’ai travaillé à Tracy et à Saint-Joseph-de-Sorel. Ça allait bien. Quand je suis arrivé à Sainte-Victoire, je ne savais pas ce que je ferais. Ça m’énervait un peu. C’était de l’inconnu. Maintenant, ça va bien. J’ai pris confiance en moi.»

Grâce à sa rigueur, il se retrouve maintenant avec la responsabilité du contrôle qualité.

David Néliss, opérateur aux procédés, partage également son besoin de rigueur. Alors qu’il demeure exigeant avec lui-même, il attend la même chose de ses collègues.

« J’ai commencé au bas de l’échelle. Je suis monté et, maintenant, je m’occupe de ma machine. Ça va très bien. […] Je ne suis pas stressé. La vitesse, je n’embarque pas là-dedans. L’important, c’est de faire la tâche correctement. Je ne mets pas de pression. »

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