27 octobre 2015 - 00:00
Les citoyens devront réduire leur consommation d’eau de 20% d’ici 2017
Par: Louise Grégoire-Racicot
Consommer de l’eau potable, c’est plus que boire un verre d’eau. C’est aussi arroser son gazon, remplir sa piscine, tirer la chaine de sa toilette, prendre une douche ou un bain. | Photo TC Média - Archives

Consommer de l’eau potable, c’est plus que boire un verre d’eau. C’est aussi arroser son gazon, remplir sa piscine, tirer la chaine de sa toilette, prendre une douche ou un bain. | Photo TC Média - Archives

Les habitants de la MRC de Pierre-De Saurel consomment trop d’eau potable. Ils devront, au cours de 2016, trouver comment réduire leur consommation de 20% pour respecter les exigences fixées par Québec.

De fait, les résidents du côté est du Richelieu – secteur Sorel, Saint-Robert, Sainte-Anne, Sainte-Victoire, Saint-Ours et Yamaska – ont plutôt consommé, en 2014, 506 litres par personne par jour (l/p/j) d’eau produite à la centrale du chemin des Patriotes.

Quant à ceux qui vivent à l’ouest de la rivière – secteur Tracy, Saint-Joseph et Saint-Roch – ils ont tiré 645 l/p/j de l’usine qu’administre la régie de l’eau du même nom.

Ils devront désormais n’en utiliser que 400l/p/j.

Les usines ont de fait distribué 7 785 389 m3 d’eau en 2014, l’équivalent 7,8 milliards de litres.

Le porte-parole de la Ville de Sorel-Tracy, Louis Latraverse, avance que la consommation plus grande d’eau du secteur Tracy, malgré le moins grand nombre de résidents, s’explique du fait que l’eau consommée par les usines du secteur Tracy est comptabilisée dans ces données.

Quant aux pertes d’eau occasionnées par des tuyaux inadéquats, elles sont estimées à 15%, en deçà des normes de 20% que le ministère imposera dans sa politique d’économie de l’eau potable.

C’est après avoir constaté que le Québec était un des grands utilisateurs d’eau au monde que cette politique a été énoncée. Son souci? Réaliser des économies.

À la source

À Sorel-Tracy, on n’a pas encore arrêté la stratégie pour atteindre cet objectif. Il y a bien eu ces recommandations d’économiser l’eau lors des arrosages de gazon ou d’entretien des entrées. Mais elles n’ont pas été suffisantes pour atteindre encore les cibles gouvernementales, note l’ingénieur Martin Bergeron, chef du Génie, à la Ville.

Les efforts seront de différents ordres, explique-t-il. Mais encore faut-il bien connaître d’où vient cette grande utilisation.

« Ici peu d’endroits ont des compteurs d’eau. La consommation des industries, commerces et institutions (ICI) est comprise dans l’eau que nous distribuons. Quand ils auront des compteurs en 2017, nous serons plus en mesure de déterminer où il y a des pertes. »

La demande d’eau à Sorel-Tracy est plus importante que dans le milieu rural cependant, dit-il. Mais toutes les données avec les villes de taille comparable ne sont pas encore accessibles, dit-il.

Dans le secteur Tracy, il y a plusieurs rues sans issue, vers le fleuve. Elles doivent donc être purgées souvent, histoire que l’eau ne rouille pas. Ce qui occasionne des pertes d’eau, explique-t-il.

Mais il y a aussi probablement des utilisateurs qui ne se rendent pas compte qu’un boyau d’arrosage utilise par exemple quelque 16 l/minute, rajoute-t-il.

Il faut, selon lui, sensibiliser les gens au fait que 75% à 80% de l’eau utilisée revient à l’égout et doit être traitée de nouveau pour être utilisée. Ce qui entraîne des coûts importants.

« En 2011, nous avons réduit la consommation d’eau en en parlant beaucoup. Chacun peut poser de petits gestes qui y contribueront », conclut-il.

Municipalités M3 distribués Pop. Litres/jour/personne
Saint-Robert 262 812 1818 396
Sainte-Victoire 325 871 2497 358
Sainte-Anne 329 460 2715 332
Saint-Ours 281 477 1684 458
Saint-Roch* 142 790 2192 178
Yamaska 241 372 1555 425

*La municipalité s’approvisionne à la Régie de l’aqueduc de Richelieu centre. L’eau de Tracy alimente son réservoir d’eau pour la lutte aux incendies.

À noter que tous les résidents des municipalités rurales ont des compteurs d’eau qui mesurent leur consommation.

À la recherche du juste prix pour l’eau

Plusieurs organismes québécois prônent que vendre l’eau potable plus cher réduirait sa consommation. Des élus de la région ne sont pas de cet avis.

Les contribuables de Sorel-Tracy par exemple payent une taxe d’eau fixe de 125$ par année. Mais à Sainte-Anne-de-Sorel, depuis près de 30 ans, des compteurs d’eau mesurent combien les utilisateurs payeront pour leur consommation.

Pourtant le conseil jongle avec la possibilité de les retirer, reconnaît son maire Michel Péloquin.

« C’est l’organisme Eaux Secours qui m’a allumé là-dessus en disant que les compteurs d’eau n’ont pas diminué la consommation pas plus que le prix qu’on charge. »

Il cherche donc une façon équitable de tarifer l’eau. D’autant que les compteurs installés il y a une trentaine d’années dans sa municipalité sont en fin de vie et qu’il faudra les remplacer.

« Ils coûtent 350$ pièce et on n’est jamais certain de leur précision. On est encore loin de prendre une décision, mais on en discute. Ce serait un investissement de près de 2 M$ pour nous, financé sur 20 ans. Un pensez-y-bien. »

Une autre façon de tarifer serait peut-être de l’imposer en fonction de l’évaluation municipale résidentielle, avance-t-il.

« Mais je ne me suis pas fait une tête là-dessus encore », conclut M. Péloquin.

À noter que les municipalités rurales de la MRC de Pierre-De Saurel ont aussi installé des compteurs d’eau chez leurs contribuables.

Le statu quo à la Régie de l’eau

Alors que la Ville de Sorel-Tracy souhaite l’abolition de la Régie de l’eau Tracy-Saint-Joseph-Saint-Roch pour, dit-elle réaliser des économies d’échelle impossibles sous deux administrations distinctes de l’eau potable sur son territoire, celles de Saint-Joseph, fondatrice de cette régie, s’insurge contre cette volonté.

Tout va bien à la régie, se disent les élus saint-josephois. « Nous avons une bonne entente entre partenaires. Cela ne changerait rien aux coûts de production puisque nous payons déjà la Ville de Sorel-Tracy pour la partie administrative qu’elle fournit. La qualité d’eau que nous produisons est bonne et, à mon avis, nous opérons à moindre coût, car nous n’avons pas d’employés à plein temps à qui nous devons payer des bénéfices marginaux importants », commente son maire Olivar Gravel.

Pas question donc pour sa ville de dissoudre cet organisme où dit-il, chaque municipalité a son mot à dire dans les décisions de la régie.

L’équité d’abord

La tarification unique est importante, souligne le maire Serge Péloquin de Sorel-Tracy. « Elle assure un prix plus accessible pour tous, peu importe le nombre de personnes par logement et les revenus des gens qui l’habitent. »

Ce montant de 125$ correspond aux coûts de production de l’eau sur le territoire sorelois. « Mais on a deux usines qui purifient l’eau. C’est rassurant, si on sait les réunir. Il faut aussi trouver une façon de les opérer au moindre coût possible. »

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