8 octobre 2019 - 12:39
Les besoins des enfants d’abord!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Je ne suis pas une inconditionnelle du maintien des commissions scolaires, mais l’annonce de leur disparition prochaine au profit de centres de services me chicote au plus haut point.

Non, les commissaires ne connaissent pas tout de l’éducation ni ne sont parfaits. Qui l’est? Mais ils sont nos élus, même si un grand nombre d’entre eux n’ont pas eu d’opposition au dernier scrutin. Ils incarnent la règle du « No taxation without representation », sacrée dans toute démocratie qui se respecte.

Qu’a-t-on fait pour que plus de gens votent? Pourquoi, avant d’y renoncer, n’a-t-on pas tenu ce scrutin en même temps que le municipal, comme les commissions scolaires le réclamaient pour en partager frais et publicité?

Abolir ce scrutin alors qu’on l’accorde aux anglophones – attachés, dit-on, à ce droit de gérer et de gouverner leur réseau scolaire – m’interpelle. Comme si gérer l’éducation était moins notre affaire!

D’autant que je ne vois pas vraiment comment cette réforme de structure garantira l’amélioration de l’enseignement et de la réussite scolaire. À notre député de l’expliquer au plus vite, avec des exemples convaincants!

Ce projet de loi dit partager le pouvoir entre le ministre et les écoles. N’est-il pas préférable que ce soit des élus au suffrage universel qui interpellent un ministre?

Quant au centre sorelois, survivra-t-il? D’accord, son conseil d’administration sera choisi par les parents et élèves siégeant aux conseils d’établissement des écoles. Mais cela ne garantit pas sa survie, car la loi permet au ministre de redéfinir son territoire et de forcer des fusions de ces organismes.

La région vieillissante a ici encore tout à perdre. Elle ne doit pas oublier ce que lui a coûté la réforme des services de santé : liberté moindre d’ajuster les services dispensés à ses véritables besoins et le poids nécessaire pour faire pencher la balance à la hauteur de ses aspirations au conseil d’administration.

Quant aux écoles, elles devront définir leurs orientations pédagogiques et trouver les réponses à leurs besoins. Les conseils d’établissements le feront. La direction d’école emboitera ou non le pas, selon les situations.

Cela peut aller, mais mon expérience comme présidente d’un comité d’école – ancêtre des conseils d’établissements – m’a appris que la majorité des parents bénévoles à ces tables y étaient souvent pour s’assurer que leur propre enfant trouve son compte à l’école qu’il fréquentait, grâce à des relations plus étroites avec la direction de l’école et les enseignants qui y siégeaient. Des intérêts plus personnels que publics.

Je crains qu’il en soit encore ainsi. Pourtant, les écoles ne doivent pas se développer au fil des marottes des parents (ex : enseignement prioritaire de l’anglais, disparition de cours sur la sexualité, etc.).

Elles ne doivent pas devenir ce qu’elles ont malheureusement été pendant longtemps : des lieux de différentiation sociale selon le quartier où elles sont implantées et les intérêts des parents de cet environnement.

Sous prétexte de donner aux écoles de quoi s’ajuster à leurs besoins, on ne doit pas en faire pour autant des écoles à différentes vitesses. Je veux une école ajustée aux besoins des enfants peu importe où ils résident, qui favorise leur curiosité et leur motivation, leur développement intégral.

Mais je ne vois pas comment ce projet le garantit. Est-ce une résistance aux changements? Les hésitations d’une baby boomer âgée? Peut-être. Mais issue d’une génération dont plusieurs n’ont hélas pas eu, comme moi, accès à une éducation supérieure, je suis de ceux qui ont applaudi l’école publique comme un moyen unique d’instaurer un monde aux chances plus égales et adaptées de réussite pour tous. Le problème ne me semble pas dans les structures, mais dans les approches, les solutions apportées aux problèmes repérés.

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