24 août 2016 - 00:00
Les animaleries victimes de plaintes souvent non fondées
Par: Julie Lambert
Le nombre de plaintes du public jugées non fondées sont nombreuses dans les animaleries de la région. | Photo: TC Média – Julie Lambert

Le nombre de plaintes du public jugées non fondées sont nombreuses dans les animaleries de la région. | Photo: TC Média – Julie Lambert

Depuis plusieurs années, les animaleries doivent constamment redorer leur image, souvent victimes de critiques injustifiées de citoyens. Depuis cinq ans, neuf plaintes, dont huit non fondées, ont été déposées au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) concernant l’Animalerie Dalton de Sorel-Tracy. À l’animalerie Cartier, une seule plainte, rapidement déclarée non fondée par le MAPAQ, a été déposée.

Le porte-parole du ministère, Yohan Dallaire-Boily, souligne que les inspecteurs vérifient tous les mêmes points lors de leurs visites.

« Les animaux doivent, par exemple, recevoir les soins de santé nécessaires, avoir de l’eau et de la nourriture en quantité suffisante et être gardés dans un habitat convenable », explique-t-il.

Un mal pour un bien

Depuis son ouverture, la propriétaire de l’animalerie Dalton, Line Blais, se sent dépassée par le nombre de visites des inspecteurs alors que tout était conforme.

« J’ai l’impression que des gens en ont contre moi. Ces temps-ci, il y a une certaine mode de personnes voulant sauver à tout prix les animaux en cage. Ils souhaiteraient qu’aucun animal ne s’y trouve. J’en connais certains qui ne veulent même plus vendre d’animaux pour cette raison », mentionne-t-elle.

La propriétaire de la Boutique animaux Cartier, Geneviève Boucher, remarque également une sensibilisation plus accrue du public envers la santé des animaux.

Mme Boucher, qui a remporté le prix de la Relève entrepreneuriale au dernier gala du Mérite économique, voit toutefois ces vérifications comme une bonne façon de s’améliorer, mais également forcer les mauvais propriétaires à respecter les règlements. Elle croit que le système du MAPAQ doit rester, malgré ces nombreuses plaintes non fondées. « Si une plainte dans le lot est fondée, ça aura valu le coup. »

« Il n’y a même pas assez de vérifications, pense-t-elle. Quand les inspecteurs passent, il arrive qu’ils nous fassent des suggestions. Ils nous apportent des bonnes idées que nous ne trouvons pas parfois entre nos quatre murs. Ils nous ont même félicités de nos méthodes et ont dit qu’il devrait y avoir plus de propriétaires comme nous », se réjouit-elle.

La médiatisation des usines à chiots a toutefois, pense-t-elle, fait une mauvaise presse aux animaleries dans les dernières années et les propriétaires doivent se battre au quotidien pour expliquer leur travail.

« Les gens peuvent dire un peu n’importe quoi sur les réseaux sociaux. C’est dur de juger notre travail de l’extérieur. Ces problèmes nous forcent à nous demander souvent si on arrête ou pas de vendre des animaux, si ça nous nuit plus qu’autre chose. Mais on continue. On essaie de leur expliquer nos façons de fonctionner et surtout que nous faisons affaire avec des éleveurs 100% reconnus », assure Mme Boucher.

Si elle est consciente qu’à ses débuts elle connaissait moins le milieu des animaleries, la propriétaire Line Blais affirme qu’elle a tout mis en place pour travailler dans les règles de l’art.

« À mon ouverture, il y a certaines choses dont je n’étais pas au courant. J’ai toujours tout fait pour assurer le bien-être de mes animaux. Les inspecteurs m’ont aidée à chacune de leur visite et je fais tout mon possible pour ne pas qu’ils reviennent », conclut-elle.

Des vérifications à double tranchant

Le porte-parole du Conseil consultatif mixte de l’industrie des animaux de compagnie (PIJAC Canada), Réal Sabourin, croit que les vérifications faites après la réception de plaintes sont nécessaires, mais peuvent également avoir une incidence négative sur les propriétaires d’animalerie.

M. Sabourin souligne que ce milieu touche beaucoup la sensibilité des gens. L’émotivité est souvent la ligne directrice des plaignants, ajoute-t-il, ce qui peut être un mauvais juge dans certains cas.

« Cela dépend du type de plainte, mais assez souvent, elles sont exagérées. Il faut comprendre dans quel domaine on travaille. L’animal ne peut pas être traité comme à la maison. On fait de notre mieux pour sensibiliser nos membres aux procédures et on n’entend pas que des histoires de mauvais propriétaires d’animalerie », affirme-t-il.

« Les personnes sont très émotives lorsqu’il est question du bien-être des animaux. »

Lui-même ancien propriétaire d’une animalerie pendant plusieurs années, il pense que peu des clients comprennent réellement les méthodes de fonctionner des animaleries et c’est pourquoi les plaintes sont majoritairement jugées non fondées, affirme le porte-parole.

« De plus en plus, ces perceptions sont rapportées dans les médias sociaux. Au départ, c’est grand comme un pouce et après cela devient une verge. Cela devient difficile pour les propriétaires qui suivent les règles. Il arrive dans le milieu qu’il y ait des incidents de parcours. Mais il ne faut pas jeter la pierre sauf si cela arrive à répétition », souligne M. Sabourin.

Son association tente de bien outiller ses membres à être conformes aux règlements du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Si ce système a quelques failles, il a fait ses preuves dans les derniers mois avec une application plus sévère, se réjouit-il.

« Ce sont de bons outils et ils sont utiles puisqu’il n’y a pas eu d’énormes cas dans les dernières années. Nous travaillons actuellement avec la SPCA, les vétérinaires et les animaleries, sur un projet pilote qui consiste en un guide des meilleures pratiques. De façon volontaire, les gens pourront adhérer à cette façon de faire et recevoir une accréditation », conclut-il.

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