2 juin 2020 - 12:28
L’érosion des rives… une calamité qui nécessite des actions
Par: Deux Rives

Normand Gariépy a rédigé cette chronique pour le journal Les 2 Rives dans le cadre de la Semaine canadienne de l'environnement. Photo gracieuseté

Chronique de Normand Gariépy

En cette Semaine de l’environnement, je me remémore souvent le temps où je rédigeais une chronique hebdomadaire dans la Voix Métropolitaine. Mon ami Peter S. White en rédigeait également une dans le Courrier Riviera qui est aujourd’hui Les 2 Rives.

Durant plusieurs années, nos sujets se sont recoupés fréquemment avec presque les mêmes préoccupations. Nous étions, tous les deux, des amants des îles où pêche, chasse et balade en chaloupe dans les îles de Sorel étaient notre quotidien. Les week-ends au chalet avec la famille et les amis sont des souvenirs impérissables encore aujourd’hui.

Cela date pourtant de plus de 30 ans. Malheureusement, je retrouve encore aujourd’hui les mêmes sujets qui méritent ou mériteraient pourtant toute l’attention de nos décideurs et même en ces temps de coronavirus.

Un de ces sujets, l’érosion des rives, et tout particulièrement dans le secteur des îles du lac Saint-Pierre reconnu « Réserve de la biosphère par l’Unesco » en 2000, est malheureusement encore d’actualité. Il faut cependant mentionner que l’érosion des rives est présente de façon naturelle tout le long du Saint-Laurent, et tout particulièrement, de façon sévère entre Montréal et le lac Saint-Pierre.

À titre d’exemple, des îles en amont de l’archipel ont perdu plus d’un kilomètre dans la partie qui fait face au courant. L’une d’entres elles, l’Île de Grâce, a abrité au début de la colonie française plusieurs familles, plus d’une dizaine, et cela jusqu’au milieu des années 50. L’un de ses insulaires et le plus célèbre de tous, Henri Letendre, me disait lors de l’enregistrement d’une émission sur l’environnement à Sorel-O-Vision dans les années 90, « il n’y avait pas d’érosion quand j’étais ti-gars ».

À cette époque, le célèbre insulaire et moi-même avions de la difficulté à mettre le doigt sur le responsable de ce phénomène. J’ai fait maintes recherches depuis, participé à de nombreuses études dans divers secteurs du fleuve, analysé études par-dessus études pour arriver à la conclusion que c’est la gestion des niveaux d’eau amorcée au début des années 60 qui est la responsable.

Les gestionnaires émérites des niveaux d’eau répètent à qui veut l’entendre que « l’érosion est un phénomène naturel ». En effet, toutes rives en contact avec l’eau, le débit de l’eau et les vagues provoquées par le passage d’embarcations et/ou par le vent sont susceptibles d’être affectées par l’érosion de différentes façons.

Cependant, avant cette gestion des niveaux d’eau en faveur d’une navigation marchande sécuritaire, les rives n’étaient en contact avec l’eau, facteur de l’érosion, que durant une très courte période de l’année. En effet, une fois les inondations printanières passées, l’eau se retirait dans le Saint-Laurent jusqu’à certaines années priver Montréal d’eau potable. Les insulaires de l’Île de Grâce faisaient le foin sur les battures à la Saint-Jean-Baptiste qui, aujourd’hui, sont sous deux mètres d’eau. En été, un filet d’eau coulait dans le lit du fleuve entre l’Île Ronde et l’Île Lapierre où aujourd’hui circulent des transatlantiques.

Il faudrait vraiment que nos élus locaux, provinciaux et fédéraux reconnaissent la responsabilité de la gestion des niveaux d’eau dans la problématique de l’érosion et favorisent la mise en place d’un programme de protection des rives… Souhaitons-le en cette Semaine de l’environnement.

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