20 novembre 2018 - 10:25
Accident mortel à Contrecœur : une mère endeuillée déçue des réprimandes envers l’entreprise
Par: Sarah-Eve Charland

Frédérick Giguère (Photo : Gracieuseté)

BV : La victime se retrouvait dans l'angle mort du chariot élévateur lorsque l'accident est survenu. (Photo : Gracieuseté/CNESST)

La mère d’un travailleur décédé sur le terrain du Port de Montréal à Contrecœur le 23 juin dernier se dit déçue que l’entreprise sous-traitante n’ait reçu qu’une amende à la suite des conclusions de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

« Nous, sa famille, avons lu le rapport au bureau de Longueuil de la CNESST. J’ai eu un choc lorsque j’ai su que l’employeur s’en sortait avec une amende qu’il pourra contester. […] Nous sommes sortis de là impuissants et dévastés. Mon fils est décédé d’une mort atroce et personne ne sera puni », affirme Sylvie Giguère.

Frédérick Giguère, âgé de 38 ans, a été écrasé mortellement par un chariot élévateur transportant des blocs de béton sur le terrain du Port de Montréal en juin dernier. Il travaillait pour l’entreprise sous-traitante Insta-Toile.

Selon le rapport de la CNESST, deux travailleurs de l’entreprise Insta-Toile se dirigeaient vers l’extrémité d’une aire d’entreposage des installations portuaires de Contrecœur. L’un des travailleurs, M. Giguère, se dirigeait à pied vers la zone de travail alors que son collègue démarrait son chariot élévateur quelques instants plus tard pour se rendre au même endroit. La trajectoire du chariot a croisé celle de M. Giguère pour l’écraser mortellement puisqu’il se trouvait dans son angle mort.

Mme Giguère a demandé à la Ville de Contrecœur d’installer une croix en bois commémorative temporaire afin de rendre hommage à son fils, qu’elle décrit comme un homme souriant et généreux.

« Frédérick était toujours disponible pour aider et s’assurait que les gens soient bien. Il était un homme travaillant, disponible et était toujours le premier à dire oui lorsqu’on demandait de l’aide. Mon fils n’était pas un universitaire, mais c’était un homme au grand cœur. Il a toujours pensé aux autres avant lui. Il aimait la vie. […] Frédérick, toi qui as toujours aimé prendre soin des autres, voici ton tour de te laisser bercer et aimer maintenant », dit-elle.

L’entreprise blâmée

Selon les conclusions de la CNESST, l’entreprise Insta-Toile devra payer une amende. Pour ce type d’infraction, le montant varie de 16 793$ à 67 176$ pour une première offense, et pourrait atteindre 335 882$ en cas de récidive.

La CNESST conclut que deux causes avaient entrainé l’accident mortel, soit l’angle mort du chariot élévateur et une gestion déficiente de la circulation piétonnière lors des transports des blocs de béton.

À la suite de l’accident, l’employeur a dû se plier aux règles de contrôle des risques imposées par la CNESST. La méthode utilisée pour la manutention des blocs de béton a été modifiée.

La CNESST ajoute qu’il est possible de prévenir les accidents liés aux chariots élévateurs en interdisant la circulation simultanée des piétons et des chariots élévateurs, en aménageant des voies de passage réservées aux piétons et en apposant une signalisation claire aux intersections avec les voies de circulation de véhicules.

La CNESST informera l’Association canadienne de normalisation (CSA) des conclusions de son enquête. Le rapport d’enquête sera diffusé dans les établissements de formation et les centres de formation professionnelle qui offrent la formation de conduite sécuritaire du chariot élévateur.

Logistec, qui a engagé l’entreprise sous-traitante, n’a pas répondu à nos questions avant de mettre sous presse tout comme l’entreprise Insta-Toile.

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