17 mars 2016 - 00:00
Victime du pédophile André Pépin, il poursuit la Ville et un policier
Par: Sarah-Eve Charland
L’avocat d’André Pépin demandait une peine de 10 ans, alors que la Couronne demande 21 ans. Il a finalement eu 13 ans et demi de prison, mais la détention préventive ne comptera pas à 2 jours pour 1. | Gracieuseté - SQ

L’avocat d’André Pépin demandait une peine de 10 ans, alors que la Couronne demande 21 ans. Il a finalement eu 13 ans et demi de prison, mais la détention préventive ne comptera pas à 2 jours pour 1. | Gracieuseté - SQ

Le policier Gérard Bouchard aurait tenté de cacher une histoire d’agression sexuelle qui a eu lieu en 1994, pour laquelle le pédophile André Pépin a été reconnu coupable 20 ans plus tard, allègue une poursuite déposée au palais de justice de Sorel-Tracy.

La poursuite de 750 000$, qui vise l’ex-policier et la Ville de Sorel-Tracy, a été déposée le 16 mars par l’avocat Alain Arsenault, qui représente l’une des victimes de Pépin.

« Ce montant est lié à la durée des procédures et à la profondeur de la douleur de mon client. Dans ce cas-ci, ç’a été excessivement long », affirme Me Arsenault, en entrevue.

Nathan (nom fictif), âgé de 16 ans à l’époque du crime, avait raconté son histoire au Journal lors de la condamnation du pédophile multirécidiviste.

Dans la poursuite, Nathan raconte qu’il a rencontré André Pépin alors qu’il faisait de l’autostop. L’agresseur l’aurait ensuite drogué pour l’agresser sexuellement. Quelques jours plus tard, Nathan s’est rendu au domicile d’André Pépin pour le confronter. Ce dernier l’aurait de nouveau drogué pour l’agresser une seconde fois.

Quelques mois plus tard, Nathan a déposé une plainte à la Sûreté du Québec contre Pépin. Le mois suivant, l’inspecteur Gérard Bouchard, au service de la défunte Sécurité publique de Sorel, dissoute en décembre 2002, a été mis en charge de l’enquête et a demandé une deuxième déclaration de la victime.

Peu de temps après, Nathan a rappelé l’enquêteur. Ce dernier aurait affirmé qu’aucune accusation ne serait déposée contre le suspect, car cela serait seulement « la parole de la victime contre celle d’André Pépin ».

Pourtant, André Pépin avait déjà été emprisonné pour des crimes de même nature au début des années 90.

« C’était un dossier tellement facile que c’en est incompréhensible. Il s’agit d’une grande insouciance. C’est une aberration », s’exclame l’avocat Alain Arsenault.

Selon l’avocat, d’autres victimes pourraient s’ajouter à Nathan dans la poursuite.

Des dommages

Pendant de nombreuses années, la victime s’est sentie abandonnée par la justice, diminuée, dévalorisée, a vécu des épisodes de dépression et des épisodes suicidaires, peut-on lire dans la poursuite.

Plusieurs années plus tard, alors qu’il avait réussi à retrouver une vie harmonieuse en fondant une famille, les policiers de la SQ l’ont à nouveau rencontré pour lui demander s’il maintenait toujours sa plainte.

Sa vie s’est à nouveau écroulée. Il a vécu un stress post-traumatique majeur, a perdu son emploi et sa relation avec sa famille s’est détériorée, raconte-t-il. La victime a subi des préjudices moraux, matériels et punitifs, conclut la poursuite.

Contacté à son domicile, Gérard Bouchard n’a pas voulu commenter.

« On a de la compassion pour les victimes », a de son côté souligné le porte-parole de la Ville de Sorel-Tracy, Louis Latraverse, refusant de commenter les procédures judiciaires.

La cause d’André Pépin
– Avril 2013 : arrestation d’André Pépin et comparution pour 39 chefs d’accusation.
– Mai 2015 : verdict de culpabilité pour 29 chefs d’accusation.
– Novembre 2015 : plaidoiries de la Couronne sur la sentence. L’avocate demande une peine d’emprisonnement de 21 ans.
– Février 2016 : plaidoiries de la défense. Son avocat demande une peine d’emprisonnement de 10 ans.
– 29 mars 2016 : le dossier revient devient le juge. La défense se prononcera sur la nécessité ou non d’une contre-expertise sexologique.
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