19 février 2019 - 01:01
Une pierre d’assise
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Statera n’a pas fini de soulever des interrogations, d’alimenter des discussions, de faire couler de l’encre. Ses administrateurs ont enfin commencé à lever le voile sur l’évaluation qu’ils font de ses premiers mois d’existence. Ainsi pavent-ils la voie pour la suite des choses.

Statera a reçu 11 500 visiteurs et a clos ses six premiers mois avec un profit de 120 000 $, révèlent-ils. Ils ont aussi tiré des leçons de ce démarrage.

Voilà qui devrait alimenter une certaine confiance et du respect à leur égard. Il est vrai que Statera avait été jusqu’à maintenant avare d’information sur le projet et le détail de ses coûts d’opération. Comme le support inconditionnel de la Ville de Sorel-Tracy et le choix d’y consacrer des fonds en garantie et en aménagement a parfois soulevé de la rancœur chez ceux dont le projet n’a pas été retenu, à l’avantage de Statera.

Mais ses administrateurs le savent maintenant : on ne s’avère pas expert en matière touristique, malgré certaines études de marché ou l’aide de consultants en tourisme. Ils peaufineront donc leur concept au gré des remarques et propositions que des visiteurs réels ou potentiels ont faites.

Cette écoute est tout à leur avantage. Ainsi réduiront-ils les frais d’admission; 10 % sera-t-il assez? Ils amenderont la projection sous le dôme, chercheront à mieux coller aux intérêts des jeunes enfants, Statera visant aussi une clientèle familiale. Enfin, ils enrichiront l’animation du site.

De quoi retenir les gens plus longtemps, souhaitent-ils. Mais encore faut-il que les visiteurs y trouvent leur compte.

Pour le faire, il faut se rappeler la réaction de planificateurs de Walt Disney, invités dans la région dans les années 80, par le député libéral de l’époque, Albert Khelfa, en quête d’activités favorables au développement touristique régional. Émerveillés par la proximité et l’accès facile au Saint-Laurent et à la Richelieu, ils avaient spontanément proposé de composer systématiquement avec ces plans d’eau.

Il faudrait donc songer à favoriser des activités nautiques multiples dont la baignade – possible avec certains aménagements au parc Maisouna – la pêche, la photographie dans les îles. Elles compléteraient l’initiation et l’observation de la nature comme le proposent certaines croisières et excursion en canot, kayak, etc.

Et pourquoi pas ajouter ces îlots flottants où manger ou prendre un verre, comme l’avait proposé Serge Péloquin dans la première mouture du projet qu’il avait imaginé, ancêtre de Statera.

Bien sûr, cela ne pourrait se faire sans l’appui concerté des autorités régionales et leur apport financier. Pour aménager et entretenir des parcs publics accessibles, aux équipements modernes et variés. Pour relier entre elles, à pied ou à bicyclette, les zones attractives.

Il importe aussi de compléter l’attrait culturel prévu par l’installation du Centre d’art contemporain et l’aménagement du quai Richelieu. Peut-être même de poursuivre les fouilles archéologiques amorcées à côté de ce site. On sait que ce travail de fouilles intéresse beaucoup de touristes amateurs d’histoire et de patrimoine.

Mais tout cela ne peut se faire non plus sans la complicité systématique du milieu des affaires. Déjà Statera a rallié l’adhésion de plusieurs commanditaires qui ont contribué quelque 2,5 M$. Une somme importante, mais probablement insuffisante pour ajouter des éléments qui complèteraient l’offre touristique soreloise. Aussi urge-t-il que d’autres entrepreneurs proposent de nouvelles activités ou en consolident certaines, à la fois attrayantes et à coûts abordables.

Les résultats dévoilés par Statera en inciteront certainement à s’y investir pleinement, qu’ils soient artistes, artisans, producteurs agricoles ou animateurs d’activités plein air. Tous conscients qu’il y a une clientèle en quête de telles découvertes.

Voilà une offre élargie dont Statera constituerait certes une des pierres d’assise.

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