4 mai 2021 - 14:18
Bas niveau de l’eau dans le fleuve Saint-Laurent
Un phénomène déjà observé dans le passé qui s’explique de multiples façons
Par: Alexandre Brouillard

Michel Péloquin, maire de Sainte-Anne-de-Sorel, ne s’inquiète pas du bas niveau de l’eau du fleuve Saint-Laurent, lors des derniers jours. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le quai du résident de Sainte-Anne-de-Sorel, François Lemaire, était à sec la semaine dernière en raison du bas niveau de l’eau dans les chenaux. Photo François Lemaire

Alors que plusieurs citoyens s’inquiètent du bas niveau de l’eau dans le fleuve Saint-Laurent et dans certains chenaux dans l’archipel du lac Saint-Pierre, le maire de Sainte-Anne-de-Sorel, Michel Péloquin, n’est pas inquiet et soutient même que cette situation a déjà été enregistrée dans les années 1960 et 1990 pour plusieurs raisons.

« Il n’y a aucune raison de s’affoler, lance d’emblée Michel Péloquin. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que les niveaux de l’eau dans le fleuve Saint-Laurent et dans les chenaux à Sainte-Anne-de-Sorel sont bas durant cette période de l’année ».

Selon le suivi hydrologique du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) du gouvernement du Québec, le niveau de l’eau dans le fleuve Saint-Laurent a commencé à baisser sans arrêt, du 30 mars au 15 avril, passant de 6,48 mètres à 5,01 mètres. Le niveau a été à son plus bas le 24 avril, soit à 4,48 mètres.

Le maire de Sainte-Anne-de-Sorel a lui aussi remarqué l’inquiétude de certains résidents face au niveau de l’eau. « Il est vrai qu’en à peine trois ans, nous sommes passés d’un extrême à l’autre, des inondations en 2019 à un bas niveau d’eau en 2021. Nous avons toutefois déjà été environ au même niveau d’eau au début des années 1990 et au milieu des années 1960 », informe-t-il.

Malgré l’appel au calme lancé par M. Péloquin, le niveau de l’eau du fleuve Saint-Laurent, lors des dernières semaines, s’est approché des plus bas enregistrés lors des 23 dernières années, alors qu’il avait déjà atteint 3,57 mètres. Néanmoins, du 24 avril au 2 mai, le niveau de l’eau a augmenté sans cesse, passant de 4,48 mètres à 4,97 mètres, s’approchant ainsi du niveau médian pour cette période de l’année qui est de 5,95 mètres.

Plusieurs facteurs

Selon Michel Péloquin, le niveau de l’eau dans le fleuve Saint-Laurent dépend essentiellement des précipitations de neige et de pluie. « Par exemple, en 2019 lors des inondations, nous avions reçu énormément de neige dans le bassin versant des Grands Lacs et dans celui de la rivière des Outaouais, tandis que cette année, c’est le contraire. Nous avons connu une quasi-sécheresse au début du mois d’avril et nous n’avons pas eu beaucoup de neige l’hiver dernier », explique-t-il.

Par ailleurs, l’Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, signée en 2005 et modifiée à plusieurs reprises, vient également impacter le niveau d’eau dans la région. Cette entente permet d’assurer que les prélèvements d’eau en amont seront gérés, notamment par l’entremise de barrages, en tenant compte de leur impact sur l’écosystème du Saint-Laurent.

« Cette entente, entre plusieurs États américains, l’Ontario et le Québec, oblige les signataires à gérer les barrages de façon à être le plus prêt possible du niveau d’eau naturel. Or, ces jours-ci, plusieurs personnes veulent conserver l’eau dans les Grands Lacs pour s’assurer que le Saint-Laurent ne manque pas d’eau cet été et que la voie navigable soit fermée. Alors, en n’ouvrant pas les barrages, on se retrouve avec un bas niveau d’eau ici, mais on s’assure de ne pas se retrouver sous le zéro hydrographique plus tard cet été », explique le maire.

Une saison nautique comme prévu

Alors que plusieurs personnes s’inquiètent face à la saison nautique qui se pointe tranquillement le bout du nez, M. Péloquin ne croit absolument pas que la saison des sports nautiques sur le fleuve et dans la plupart des chenaux sera mise en péril.

« Pour l’instant, le niveau bas de l’eau n’a aucun impact négatif. Les bateaux peuvent sans problème être mis à l’eau et la saison nautique ne sera pas retardée. La seule chose qui peut arriver, c’est que des sections de chenaux soient impraticables, comme le chenal de l’Île-aux-Fantômes actuellement. Mais il n’y a pas de raison de s’inquiéter », conclut-il.

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