5 juin 2018 - 08:00
Dossier spécial : La politique, une affaire de famille
Trois générations de Salvas passent à la table du conseil municipal à Saint-Robert
Par: Julie Lambert

Le maire de Saint-Robert Gilles Salvas, sa fille Patricia et son frère Valaire ont tous siégé à la table du conseil de la municipalité. (Photo : Pascal Cournoyer)

Le père de famille Josaphat Salvas a été maire de Saint-Robert. (Photo : Gracieuseté)

Léo Salvas a été conseiller municipal pour la municipalité. (Photo : Gracieuseté)

Le journal Les 2 Rives présentera dans les prochaines semaines une série de reportages mettant à l’honneur des familles de la MRC de Pierre-De Saurel qui se sont impliquées en politique municipale. Que ce soit un père ou une mère à la mairie, un frère, une sœur ou des enfants sur le conseil municipal, ils partagent tous cette passion qui est dans leur sang de génération en génération.

Plusieurs membres de la famille du maire de Saint-Robert, Gilles Salvas, ont œuvré en politique municipale. La famille baigne dans ce milieu depuis plusieurs décennies et y voue une véritable passion.

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Le père du maire Gilles Salvas, Josaphat Salvas, a été à la tête de la municipalité de 1949 à 1955. La politique était un sujet très important autour de la table de la famille. Deux membres de sa fratrie, Léo et Valaire, ont eux aussi siégé au conseil municipal de Saint-Robert et de Saint-Pierre-de-Sorel à la fin des années 1970.

« En raison de mon père impliqué politiquement et organisateur d’un parti politique dans le temps, on entendait parler de politique à la maison, de pours et de contres, de décisions qui vont se prendre et des avancements qu’il y a dans la municipalité. C’est ce qui a amené toute la famille à s’impliquer autant socialement que dans des activités municipales ou régionales. On était tous natifs de Saint-Robert, on était tous connus grâce à nos commerces et on faisait du bénévolat », explique Gilles Salvas qui en est à son huitième mandat.

De père en fille

« Il n’y avait pas beaucoup de cols blancs dans notre famille, lance en riant sa fille Patricia Salvas. Nous avions la chance d’avoir notre mère à la maison parce que sinon, mon père travaillait de jour dans ses commerces et le soir, il venait souper et après il allait à ses assemblées. Du plus loin que je me rappelle, mon père était maire. Tu grandis un peu là-dedans. »

« Ce que j’ai vécu, je leur ai fait vivre un peu », confie Gilles Salvas. Malgré une forte influence politique à la maison, Patricia Salvas ne se destinait pas du tout à la politique. L’envie de changer les choses est toutefois apparue au début des années 2000.

« C’est avec mes enfants que c’est venu. Au lieu de rester passive et de critiquer le travail des autres, je me suis impliquée comme administratrice à la garderie. Grâce à cela, tu rencontres du monde et j’ai découvert que j’avais une facilité à parler. J’ai tout le temps fait de la politique de concertation, je retiens ça de mon père. On cherche souvent les consensus et un moment donné, on a la franchise de nos opinions. On est capable de dire ce qu’on pense et peut-être aussi le talent d’amener les gens où on veut », raconte-t-elle avec un sourire.

Comme elle ne pouvait pas rester les bras croisés, elle s’est aussi impliquée à l’école primaire de son garçon. En 2007, elle a fait le saut en politique municipale alors que des élections partielles se déroulaient dans la municipalité. « C’était moins gros, moins médiatisé. Je ne suis pas quelqu’un qui aime attirer l’attention et avoir le spotlight sur moi. Je me suis dit go, on essaie », souligne-t-elle.

Des défis à relever

La politique vécue entre membres de la même famille n’est toutefois pas toujours évidente, avouent les deux Salvas. S’ils ont vécu de nombreux bons moments ensemble afin de faire avancer la municipalité, ils ont connu aussi certaines réticences des citoyens, surtout lors de la première élection de Patricia Salvas.

« Je n’ai pas gagné mes élections haut la main, se rappelle-t-elle. Ceux qui aiment moins le style de mon père par association se disent qu’ils n’aimeront pas mon style. On n’avait pas encore démontré que je pouvais être impartiale et on avait des dossiers chauds. Le monde se disait : on sait bien s’il demande le vote, sa fille va dire oui. Il y a eu aussi une confusion quand nous étions quatre Salvas sur le conseil alors que nous n’étions pas de la même famille. Cela avait l’air consanguin notre affaire! »

« C’est un petit inconvénient, ajoute son père. Cela faisait déjà 18 ans que j’étais là. Avec les années, il y a des insatisfaits. Elle a dû travailler fort. Les vieux résidents savaient que nous n’étions pas de la même famille. Ceux qui veulent alimenter le négatif disaient : les Salvas vont mener. Ce qui n’était pas le cas. »

Le père et la fille ont aussi ramené leur rôle d’élu autour de la table familiale, au grand dam des autres membres, mentionnent-ils à la blague. Une seule fois en public, sa fille a dit son désaccord avec son père, mais jamais dans un esprit de confrontation. D’autres conseillers passaient aussi par sa fille pour discuter de certains dossiers.

« Le bon côté était qu’on n’avait pas besoin d’attendre les comités pour se parler. Dans les brunchs, notre famille devait attendre pendant 10 ou 12 minutes qu’on parle de nos dossiers. Mon frère embarquait, mais les autres membres, cela ne les intéressait pas. La proximité, c’était le plus gros avantage, mais aussi un peu un désavantage. On ne s’est jamais chicané pour ça », explique Patricia Salvas.

« On en parlait pendant 10 minutes et on se disait nos idées. Elles se rejoignaient souvent. Mes conseillers sont tous jeunes, entre 30 et 44 ans. Plus tu travailles avec eux, plus tu apprécies leurs idées. Je vais toujours chercher le consensus. Le positif va l’emporter sur le négatif. Il y a toujours place à la négociation, mais il faut que tu amènes des arguments valables. C’est ça la démocratie », croit Gilles Salvas.

Patricia Salvas a été conseillère pendant 10 ans avant de quitter son siège aux dernières élections municipales afin de se consacrer entièrement à son travail chez Lussier Dale Parizeau.

« Contrairement à mon père, je ne suis pas longtemps quelque part, dit-elle avec un sourire. J’arrive, j’observe, je mets mon grain de sel, j’essaie d’apporter ma vision et ma façon de faire. Je prends la peine de faire bien les choses. Aujourd’hui, je peux le faire directement à mon travail et je suis aussi impliquée dans d’autres organismes comme la Fondation du Cégep de Sorel-Tracy. Cela ne pourra jamais me lâcher parce que c’est ma façon de me nourrir. Ce côté-là, j’essaie aussi de l’inculquer à mes enfants », conclut-elle.

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