28 avril 2015 - 00:00
Stéphane Laforest reçoit la médaille de l’Assemblée nationale
Par: Louise Grégoire-Racicot

C’est encore tout ému, d’une émotion qui l’étreint toujours quelques jours après la réception, que le chef d’orchestre sorelois Stéphane Laforest savoure la médaille de l’Assemblée nationale qu’il a reçue le 18 avril dernier, pour souligner sa carrière prolifique et son engagement soutenu auprès du monde musical et des arts de la scène.

« Ce fut toute une surprise », relate-t-il. « C’était le dernier concert de la Sinfonia de Lanaudière et je venais de remercier le public et les commanditaires pour cette belle 20e saison que nous venions de vivre. On m’a interrompu pour permettre à Pierre-Luc Bellerose, attaché politique de la ministre responsable de la région de Lanaudière, Lise Thériault, de me remettre cette médaille. Bouleversé, j’ai éclaté en sanglots! »

Du coup, il revoyait les 35 dernières années de sa carrière à la tête de différents orchestres et harmonies : Harmonie Calixa-Lavallée, Orchestre Symphonique de Thunder Bay, Orchestre de London Canada, Orchestre symphonique du Nouveau-Brunswick, Orchestre Symphonique de Québec, Orchestre Symphonique de Montréal (chef assistant de Kent Nagano), Sinfonia de Lanaudière et Orchestre symphonique de Sherbrooke.

« Je me bats depuis 35 ans pour que l’orchestre fasse sa place, obtienne des subventions, pour recruter des gens, aider des musiciens à faire carrière, organiser des événements prestigieux. »

Chaque jour, dans ces divers orchestres, lui a permis de cerner exactement ce qu’il voulait pour la Sinfonia qu’il a fondée en 1995, dit-il.

Un novateur

Stéphane Laforest a une réputation des plus enviables comme chef d’orchestre au Canada et de nombreux prix ont souligné la qualité de son travail.

Mais ce que le public apprécie de lui, c’est sa détermination à rendre la musique accessible à tous. Il prend le temps, parfois avec humour, de présenter la pièce que l’orchestre jouera, de souligner ses qualités et éléments particuliers.

Il a travaillé avec les grands noms de la musique classique mais aussi avec des artistes pop avec qui il a réalisé plusieurs projets, initiant ce qui est aujourd’hui une mode pour les orchestres canadiens : l’hybridation pop-symphonique. Il a dirigé plus de 400 concerts de ce type.

Il a aussi voulu sortir la musique classique du carcan dans lequel elle était emmurée. « Ce n’est pas grave que les gens applaudissent entre deux mouvements, qu’ils viennent au concert sans cravate, que quelqu’un tousse. L’important c’est qu’ils soient venus au concert et apprécient ce qu’ils entendent. »

Ainsi a-t-il abordé tous les genres musicaux, du classique au jazz, de l’opéra à la comédie musicale. Chaque fois il y trouve son compte et le public s’emballe. C’est ce qui lui importe.

« Un chef seul ne peut faire grand-chose. Il a besoin de musiciens, d’une bonne salle, d’un public, de bénévoles et de commanditaires », rappelle l’ancien clarinettiste qu’il fut un jour.

« J’ai été privilégié de naitre à Sorel, dans une famille de musiciens qui ont su m’encourager, me motiver, me communiquer leur passion mais aussi m’ouvrir les portes. Chanceux aussi que des musiciens chevronnés acceptent de jouer au sein de mon orchestre. »

À l’aube de la cinquantaine, il continue de caresser des projets ambitieux, osant espérer qu’il trouvera les sous pour les réaliser. Et si cette médaille ajoutait à ses chances de faire aboutir ces projets, il en serait fort aise!

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