27 novembre 2018 - 01:01
Statera le mal-aimé
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Statera a attiré, en 2018, 11 500 visiteurs. Loin des 35 000 que promettaient les études de marché! Mais la nouvelle n’a pas surpris outre mesure. Statera a trois mois.

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Plusieurs n’ont jamais accepté que Sorel-Tracy cautionne ce projet de gestion privée ou loue un bâtiment rénové à un restaurateur de l’extérieur. Qu’elle mette tous ses œufs dans ce même panier, au détriment d’autres projets possibles.

Cela en a fait au départ un projet mal-aimé. Rappelons que sa première version, plus éclatée, avait surgi il y a plus de 15 ans, dans la tête de Serge Péloquin. Trop cher, il en avait réduit la taille. Élu en 2013, M. Péloquin a dû s’en retirer, tout en le suivant de très près. Pas par intérêt financier personnel. Plutôt par fierté et par désir d’inscrire Sorel-Tracy dans le carnet touristique québécois déjà bien garni.

Mais malgré Statera, la région manque encore d’atouts touristiques diversifiés pour retenir les visiteurs plus d’une journée.

Elle a des attraits indéniables (eau, îles de Sorel, piste cyclable, etc.), mais se doit d’exploiter d’autres filons.

Celui de son histoire par exemple. Sorel, née en même temps que Montréal, est un microcosme de celle du Québec. Mais elle est minimalement mise en valeur avec les moyens du bord!

Statera a fait un effort en ce sens en projetant un film sur son dôme. Mais les visiteurs n’ont pas semblé apprécier son approche, lit-on sur Facebook.

Statera a transformé le quai Catherine-Legardeur de surface mal entretenue en grande place publique. Reste à l’animer. Car les deux activités proposées, l’une de jour et l’autre de soir, ne suffisent pas. Les gens ne resteront pas ici si on ne leur propose d’autres activités à prix plus accessible.

D’ailleurs, pour recevoir plus de visiteurs, Statera doit réviser ses droits d’entrée. Quand on les compare à ceux qu’exigent par exemple Foresta Lumina de Coaticook (50% moins cher) ou le Zoo de Granby et le Parc Safari (où on passe aisément la journée), ils sont trop élevés.

Il est vrai que des parents n’hésitent pas à consacrer 100$ à une sortie avec les enfants, si celle-ci est exceptionnelle, différente. D’autres n’en ont carrément pas les moyens.

À cet égard, Statera gagnerait à recevoir le public sorelois à meilleur prix, certains jours. On le sait, le bouche à oreille est souvent fort efficace. Mais c’est aussi hélas, une arme à deux tranchants!

Statera doit enfin repenser son site Internet. Il ne suscite pas le goût de vivre l’aventure qu’il propose.

Pour le reste, il appartient aux secteurs publics et privés de la région d’élargir la carte de ses attraits. Ajouter, par exemple, de la baignade au parc Maisouna, où la qualité de l’eau le permet. La MRC de Pierre de Saurel pourrait prendre en charge son aménagement, puisant dans les revenus générés par le parc éolien.

Ajouter aux randonnées nature de 90 et 180 minutes en bateau sur le fleuve, celles d’un « bateau-taxi » qui mènerait les visiteurs vers le Parc régional des grèves et ses sentiers de marche, aux jeux d’eau de Sainte-Anne, de Saint-Joseph ou du parc Dorimène-Desjardins ou vers la Maison des Gouverneurs où tenir des expositions attrayantes et des activités connexes.

Seule l’imagination a des limites. Si l’idée est bonne, elle trouvera bien des preneurs. Statera a trouvé les siens. Ils ont pris des risques, supportés de façon significative par des partenaires et le secteur public.

Reste à Statera à convier les citoyens à se l’approprier, s’ouvrir au milieu, développer une complicité avec lui plutôt que de retenir des informations. Son succès en dépend largement.

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