21 septembre 2021 - 11:55
Soulever les questions primordiales
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans la région, Louise Grégoire-Racicot livre ses impressions dans une chronique hebdomadaire au journal Les 2 Rives depuis 2018.

À peine remis du dernier scrutin fédéral, à l’instar des Québécois, la région doit se remettre en mode électoral municipal cette fois. Hélas, bien des gens s’en désintéressent.

Pourtant ce sont ces élus, qui, choisis le 7 novembre, s’assureront d’en faire un milieu sain, sécuritaire, juste, équitable, ouvert et en mesure de bien se déployer pour assurer à leurs concitoyens une qualité de vie enviable.

Même si en 2017, Sorel-Tracy s’est distinguée – première ville de plus de 15 000 habitants avec 59,6 % du vote exprimé – l’implication de ses citoyens était en baisse de 3 % par rapport au scrutin précédent. Étonnant de constater que presque 40 % de ses électeurs – qui annuellement payent des taxes municipales et souvent s’en plaignent – soient aussi peu empressés de choisir ceux qui prendront les décisions sur les orientations et les priorités de la municipalité et en administreront les affaires.

Comment aussi expliquer que plusieurs élus le soient sans opposition? Des candidats n’osent postuler ces postes par manque de temps? À cause de la mauvaise réputation des politiciens? Faute d’information sur la vie municipale et les engagements diversifiés qu’elle implique? Par crainte de l’intimidation grandissante que subissent les élus?

L’absence de partis municipaux réduit certes la possibilité de présenter des plateformes défendues par des gens désirant travailler à l’unisson. Car chaque candidat – homme ou femme, jeunes ou ainés – doit porter sa propre vision des choses et du travail d’élu qu’il doit patiemment « vendre » à ses commettants, sans trop de frais il va sans dire.

De fait, en campagne électorale, tous les électeurs, peu importe la municipalité qu’ils habitent ou leur âge, veulent d’abord comprendre l’état de la situation de leur municipalité, les améliorations à apporter et les impacts que cela aura sur son compte de taxes. Ils ne veulent pas nécessairement des promesses d’élection – dont ils se moquent allègrement en pensant qu’elles ne seront pas tenues. Ils veulent surtout entendre ce qui guidera le candidat, une fois élu, dans ses décisions, connaitre son éthique de travail, les valeurs qu’il privilégie, les approches et les solutions qu’il proposera aux problèmes qu’il envisage. Surtout pas de demi ou de contre-vérité, d’ironie ou de salissage. Mais de la logique, du bon sens, des idées fondées et clairement exprimées.

Chaque citoyen a donc un rôle essentiel à jouer dans la redynamisation souhaitable de la démocratie municipale de la région. Comme candidat d’abord, s’il ose se présenter. Car une élection sans opposition n’a pas la même légitimité que celle gagnée par scrutin. Car elle ne s’appuie pas sur le choix du meilleur candidat, mais du seul disponible. Et ce, sans débat dans l’espace public. Ainsi les électeurs perdent-ils non seulement leur capacité de s’informer sur les enjeux, mais aussi celle de choisir, d’exprimer leur satisfaction ou leur insatisfaction.

Le citoyen a aussi le devoir moral de jouer son rôle essentiel d’électeur. Car ce vote exprime non seulement son engagement envers la vie publique régionale, mais aussi son intérêt pour un avenir meilleur. C’est en discutant avec les candidats, mais aussi entre voisins, qu’il arrivera à repérer les meilleurs candidats qui sauront relever les grands défis sociétaux qu’on attend des municipalités, peu importe leur taille. Car les municipalités sont des incontournables, des actrices centrales du développement local et régional.

Généralement, quand une campagne électorale permet de bien soulever les questions primordiales, les citoyens ne peuvent que se rendre voter et choisir à qui ils confieront le soin de tracer ensemble les grandes avenues du développement durable et solidaire de leur municipalité. Ce que je nous souhaite vivement!

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