24 mai 2016 - 00:00
Sainte-Anne considère permettre aux enfants de jouer dans la rue
Par: Louise Grégoire-Racicot
Visiblement, l’activité physique fait partie du quotidien de la famille Giguère-Grenier et des familles de la rue Joli-Bourg. | Photo:TC Média - Louise Grégoire-Racicot

Visiblement, l’activité physique fait partie du quotidien de la famille Giguère-Grenier et des familles de la rue Joli-Bourg. | Photo:TC Média - Louise Grégoire-Racicot

Le conseil de Sainte-Anne-de-Sorel examine la possibilité de permettre aux enfants de la municipalité de jouer dans la rue, ce qui est présentement interdit. Un questionnement suscité par la réception, en novembre dernier, d’une lettre signée par un couple de la rue Joli-Bourg, réagissant à la sommation de la municipalité de cesser toute activité sur la chaussée, sous peine de recevoir un constat

Des voisins ont aussi signé une pétition pour que l’on autorise le jeu libre dans cette rue, explique la conseillère Diane Leduc, qui a proposé de demander l’avis du Comité de sécurité publique de la MRC de Pierre de Saurel à cet effet. Car le règlement qui l’interdit pour le moment origine de la MRC Pierre-De Saurel.

Mme Leduc attend cette réponse. Comme elle a déjà en main les démarches entreprises par la Ville de Beloeil qui autorise, depuis quelques semaines seulement, les jeunes à jouer dans la rue, à certaines conditions. L’initiative est venue d’un citoyen de Beloeil, inquiet de voir les jeunes recevoir une contravention en raison des activités dans sa rue.

« Je crois qu’il faut bien connaître les avantages et les inconvénients d’une telle décision. Personnellement je ne suis ni pour, ni contre, pour le moment. Je réfléchis et tente de trouver des réponses à des questionnements comme: où le permettre? Et quand? Aux enfants de quel âge? Que faire si une rue est située près d’un parc? Qui aura le droit d’y jouer? Que les jeunes de la rue ou ceux des rues voisines aussi? À quelles conditions le permettre? Comment nos assurances seraient-elles affectées? », demande-t-elle.

Elle souhaite aussi savoir comment les projets pilotes se vivent ailleurs.

Rappelons qu’à Beloeil, le projet pilote Dans ma rue, on joue! permet que tout résident peut demander à la Ville d’autoriser le jeu libre sur sa rue. Après une trentaine de jours d’essai, le comité de circulation de la rue pourra permettre le jeu, si la rue répond à certains critères de sécurité. Une affiche municipale délimitera l’endroit où le jeu est permis.

Toutefois, à Beloeil, comme dans d’autres municipalités, des gens s’inscrivent en faux contre le jeu libre dans la rue. Pour des raisons légales, mais aussi de sécurité des enfants, d’éducation civique, de respect des lois, etc.

Pas de demande à Sorel-Tracy

À Sorel-Tracy, on peut voir plusieurs jeunes jouer librement dans la rue. « Mais personne n’a déposé de demande à la Ville demandant de le permettre systématiquement », affirme le maire Serge Péloquin. Ce qui fait que le conseil n’en a jamais discuté.

Plaidoyer d’un couple de parents

Le couple Nancy Giguère-Philippe Grenier est clair: le jeu dans la rue devrait être permis sur la rue Joli-Bourg qu’il habite depuis 15 ans et où leur trois jeunes fils trouvent du plaisir à jouer dans la rue.

C’est ce qu’il écrivait à la municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel en novembre dernier, demandant un changement de règlement à cet effet.

« Cette rue est un cul-de-sac, la limite de vitesse est 40 km/h. Il y a une quinzaine d’habitations. Nos jeunes et les jeunes du voisinage y ont toujours pratiqué le hockey de rue. Ils sont respectueux, ne font pas de bruit excessif et laissent la priorité en tout temps à la faible circulation des voitures qui s’y trouvent », peut-on lire dans cette lettre, dont le Journal a obtenu copie.

Il parle, insiste-t-il, d’une activité sur une rue non-passante. « Si nous appliquons le règlement strictement, on pourrait dire que nos enfants ne peuvent pas apprendre à faire du vélo dans notre rue, ne peuvent jouer au ballon, ne peuvent courir, jouer à la cachette, faire de la trottinette, de la corde à danser. Nous croyons qu’il faut faire preuve de gros bon sens et changer ce règlement. »

Le couple admet que des règles sont essentielles pour la paix et le bon ordre, mais la municipalité devrait avoir une certaine tolérance pour les familles.

« Nous avons choisi de nous installer en banlieue, à proximité d’une école en pensant à la qualité de vie de nos enfants. Laisser les enfants jouer dehors près de leurs maisons assure une sécurité ainsi que la tranquillité d’esprit des parents. »

Le couple rappelle aussi que l’on déplore qu’au Québec, 70% des jeunes ne font pas assez d’activité physique. « Nous inculquons à nos enfants les bienfaits d’une vie active. Permettre aux jeunes de notre communauté de pratiquer des activités qu’ils aiment à l’extérieur peut les amener à prendre de bonnes habitudes que, nous espérons, ils conserveront à l’âge adulte. »

Rejointe, Mme Giguère a dit souhaiter que la situation change, que Sainte-Anne-de-Sorel suive en cela d’autres municipalités dont Beloeil, qui ont initié des démarches semblables à celle qu’elle réclame. « J’ai le souci que cela se réalise aussi dans la nôtre, où nous aimons habiter. »

Le Code de la sécurité routière l’interdit

Aucun code ne prévoit le jeu libre dans la rue. Le code de sécurité routière du Québec l’interdit formellement, rappelle le lieutenant Jason Allard du Service des communications avec les médias de la Sûreté du Québec (SQ).

Nul ne peut faire usage sur la chaussée de patins, de skis, d’une planche à roulettes ou d’un véhicule-jouet, dit l’article 499.

Nul ne peut, sans y être autorisé légalement, occuper la chaussée, l’accotement, une autre partie de l’emprise ou les abords d’un chemin public ou y placer un véhicule ou un obstacle, de manière à entraver la circulation des véhicules routiers sur ce chemin ou l’accès à un tel chemin, spécifie l’article 500.

Les policiers patrouillent les rues. Ils interviennent notamment quand un citoyen se plaint que des jeunes tardent à libérer la rue. D’autres plaintes sont déposées parce que certains craignent que leur auto soit endommagée ou sont dérangés par le bruit que ces jeux causent.

Les policiers peuvent alors émettre un constat et une amende qui peut varier de 30$ à 60$ plus les frais. Il est toutefois impossible de savoir combien ils en ont émis en cours d’année.

À noter qu’en 2015, la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville a modifié un règlement municipal pour empêcher toute contravention de la part de la police à des personnes qui jouent dans la rue.

La MRC de Pierre-De Saurel a aussi un règlement nommé « Règlement municipal » qui interdit le jeu dans les rues. Ce règlement est appliqué sur tout son territoire par la SQ de la MRC de Pierre-De Saurel.

Son article 11 se lit comme suit: Nul ne peut faire ou participer à un jeu ou à une activité sur la chaussée.

Un conseil municipal peut, par voie de résolution, autoriser la tenue d’un événement spécifique aux conditions qu’il jugera opportun. Une copie de ces conditions devra être envoyée avant la tenue de l’activité au poste de la SQ.

À la MRC, on admet que le sujet est actuellement considéré par le comité de sécurité de l’organisme. Une chose est certaine, si on en propose un changement, il devra être acheminé à chaque municipalité qui a une certaine latitude pour qu’il devienne applicable ou pas sur son territoire.

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