1 décembre 2020 - 13:04
Sa place dans les annales régionales
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

La COVID-19 a eu raison de l’ex-maire de Tracy, Émile Parent. Un homme dont l’engagement public et personnel n’a jamais connu de sinécure. Un maire qui ne laissait personne indifférent.

Je l’ai connu en 1987 lors de sa première élection comme maire de Tracy. Poste qu’il a occupé jusqu’en 2000.

Membre du Club optimiste de Sorel-Tracy il était, comme bien des politiciens de la région, sorti des rangs du bénévolat sportif où il avait successivement été instructeur de hockey, président de l’association locale et du hockey régional. Il avait aussi fondé, avec des complices, le tournoi atome de Saint-Joseph-de-Sorel. Ce pourquoi le Panthéon des sports de Sorel-Tracy l’a intronisé, en 2017.

Dès son élection, M. Parent a voulu conserver à Tracy son statut de ville industrielle en la dotant d’un parc industriel digne de ce nom. Une infrastructure dont les citoyens avaient rejeté pourtant l’idée quatre ans avant!

Employé cadre de la grande entreprise, il avait transposé ses méthodes de travail systématique à l’administration municipale. Ce qui a parfois compliqué ses relations avec ses pairs de la région agricole siégeant à la MRC – qui étaient souvent plus intuitifs que lui. Ils ne l’ont d’ailleurs jamais élu, à sa grande déception, préfet de la table régionale.

Homme de peu de mots, M. Parent était courtois tant dans la victoire que dans la défaite. Homme aux idées bien arrêtées, il avait son franc-parler. Il ne se gênait guère pour me téléphoner quand j’écrivais un texte d’opinion qui ne faisait pas son affaire. Mais il savait le faire avec respect!

Développeur et soucieux de redresser l’image de la ville ternie par les fermetures d’usines et la pollution qui émanait de plusieurs, il avait convaincu ses concitoyens d’accepter l’établissement de Conporec dans son parc industriel. Sans lui, le projet d’usine – propriété d’hommes d’affaires sorelois – serait mort dans l’œuf. Y composter les déchets domestiques de la région – une première québécoise – devait redorer son blason environnemental. Mais Conporec ne tint pas ses promesses. Des citoyens furent largement incommodés par des odeurs nauséabondes. Tout se termina en Cour et ce qui devait être un « joyau régional » ferma ses portes. Plusieurs lui reprochèrent cet échec retentissant qui ne calma cependant pas ses ardeurs.

Le parc Maisouna demeure une de ses très belles réalisations. Comme la vie culturelle foisonnante que la Ville stimulait.

Il est un de ceux qui a cru en la fusion de Sorel et de Tracy dont il a pris la tête du comité du OUI en 1999. Et il a gagné son pari. Non sans déplorer ne pas avoir su rallier les élus de Sainte-Anne-de-Sorel et de Saint-Joseph-de-Sorel à ce projet. Mais ce n’était pas faute d’avoir essayé! Il doutera cependant que même si la fusion s’était avérée nécessaire, les Traciens n’y avaient pas trouvé tout leur compte.

Oui, Émile Parent a toujours fait ce qu’il croyait être bon pour sa ville, conforté dans ses démarches par son épouse Louise qui partageait avec lui le rêve de cette ville meilleure qu’ils avaient choisi d’habiter.

Même défait deux fois à la mairie soreloise, il demeura un homme public engagé, dévoué. En 2012, il présida le comité du OUI à la rénovation du Marché Richelieu.

Membre des Amis de la bonne entente, il s’est impliqué à divers titres et sans relâche pendant plus de 20 ans à la Fondation des bénéficiaires des CHSLD Pierre-De Saurel. Une place publique du centre Élisabeth-Lafrance porte d’ailleurs son nom.

Voilà donc un homme, un maire engagé, bienveillant et dévoué à inscrire dans les annales régionales. RIP Émile Parent!

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