27 mars 2018 - 02:01
Questionnable!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit un éditorial hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Les élus ont arrêté la semaine dernière deux décisions qui suscitent bien des réactions. Et pour cause!

La première a choqué le monde culturel. Le conseil des maires de la MRC, à l’instigation du maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, a décidé de n’engager un agent de développement culturel qu’à demi-temps pour un contrat d’un an. Le poste existe depuis 10 ans. Les maires n’avaient jamais remis, du moins publiquement, en question, sa nécessité.

Des maires ruraux ont aussi protesté, déçus de ce choix tranché par un vote serré, où les quatre voix de la Ville de Sorel-Tracy ont permis cette décision.

Pourtant, l’automne dernier, à la tenue de son premier forum culturel, la MRC avait donné l’impression de vouloir renforcer la colonne vertébrale de sa vie culturelle. De « donner aux artistes les moyens de trouver leur public », où qu’il habite sur son territoire et quels que soient ses moyens pécuniaires. Comme l’avait incité l’ex-député ministre Sylvain Simard.

C’est un fait: la vie culturelle régionale est riche. De nombreux artistes, artisans, employés municipaux, organismes, organisations et bénévoles s’y investissent. Dans diverses disciplines. Ils s’y activent et performent pour les citoyens qui les découvrent, les apprécient, les applaudissent ou s’en inspirent.

Il est essentiel de les soutenir dans les activités qu’ils génèrent, que ce soit à Sorel-Tracy ou dans chacune des municipalités du territoire. Leur contribution s’ajoute évidemment à d’autres activités culturelles dispensées par plusieurs municipalités et les enrichit, ouvrant de nouveaux horizons aux citoyens qui les fréquentent, nourrissant leur fierté et leur sentiment d’appartenance tout en illuminant leurs journées.

Plusieurs études le prouvent: le développement culturel fait partie intégrale du développement socio-économique durable d’un milieu. Il ajoute à sa qualité de vie. Un élément non négligeable pour attirer de nouveaux venus ou retenir ceux qui y vivent déjà.

Vrai, cette décision tiendra pour la prochaine année, le temps d’évaluer la situation. Mais cela ne la justifie pas pour autant, ne serait-ce qu’à cause du message qu’elle lance: les dépenses en culture sont peut-être superflues, certainement compressibles et le support aux artistes est difficilement justifiable, peu importe leur apport au milieu.

Une autre décision : les avis publics

C’est par souci de transparence que la Ville de Sorel-Tracy justifie cesser la publication de ses avis de motion dans le journal Les 2 Rives.

Bien sûr, la loi 122 (villes, gouvernements de proximité) le lui permet. Sorel-Tracy imite ainsi moult municipalités québécoises qui l’ont fait au cours de la dernière année. Mais est-ce vraiment là plus de transparence?

Évidemment, cela représente une économie potentielle de 20 000$. Une perte sèche équivalente de revenus pour le journal. Tout cela à un moment où les médias écrits réclament de Québec un soutien financier alors que les Google, Amazon, Facebook et Apple (GAFA) de ce monde grugent sans cesse leurs revenus publicitaires.

Mais il faut surtout voir comment la Ville s’assurera que les citoyens se brancheront pour voir ces avis publics sur son site? Combien le fréquentent déjà régulièrement? Comment penser qu’ils les regarderont aussi souvent que lorsqu’ils feuillettent leur journal régional (papier ou électronique)? Car ils regardent leur hebdo assidument. Des sondages le prouvent!

La Ville a beau dire qu’elle y vulgarisera ses règlements et avis, les illustrera abondamment, rien ne l’empêchait d’ajouter des détails et explications sur son site tout en publiant l’avis dans le journal.

De plus, tous les Sorelois ont-ils accès à Internet qui, soit dit en passant, est loin d’être gratuit? Est-ce là une vraie mesure démocratique? La question se pose!

image
image