9 décembre 2020 - 03:00
Quand le public se retrouve derrière un écran
Par: Katy Desrosiers

Le directeur technique Stéphane Tremblay, le chef son Louis-Philippe Cyr et le technicien André « Coco » Cournoyer ne cessent d’expérimenter avec leur matériel afin d’offrir des concerts virtuels de haute qualité. Photo Katy Desrosiers | Les 2 Rives ©

Avec la pandémie et la fermeture des salles de spectacles, Azimut diffusion s’est adapté afin de garder un lien avec sa clientèle et proposer une offre culturelle à la population. Avec les spectacles virtuels, toute l’équipe a dû se retrousser les manches pour arriver à un résultat concluant.

Pour la directrice générale Marie-Josée Bourbonnais, le choix a été facile. « Si on ne se tournait pas vers ça, on allait carrément fermer. Ensuite, comme on est dans un bâtiment relativement neuf, on a une base d’équipement intéressante », souligne-t-elle.

Grâce au Centre local de Développement (CLD) de Pierre-De Saurel et au Fonds d’aide à la commercialisation numérique, l’organisme a pu acheter des équipements qui lui manquaient. Pour s’en procurer des supplémentaires afin d’être plus performant, il avait déposé un projet dans le cadre d’un appel de projets du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Toutefois, ce dernier a été submergé de demandes et celle d’Azimut diffusion n’a pas été acceptée. L’organisme songe alors à se tourner vers d’autres sources de financement.

Jusqu’à maintenant, les artistes semblent apprécier la formule. Même si certains sont moins à l’aise avec le concept de caméra au lieu de public, d’autres comme Florence K et Stéphan Côté ont offert toute une prestation malgré une salle vide, selon Mme Bourbonnais.

La directrice est consciente que ces temps-ci, le client passe beaucoup de temps sur des écrans. « Mais je pense qu’il faut se mettre dans ce mode-là. On ne peut pas aller dans les salles de toute façon. Il faut voir comment on peut amener un peu de bonheur dans nos vies. Je pense que c’est au consommateur aussi de se réinventer dans la façon de consommer la culture », explique-t-elle.

Mme Bourbonnais conseille même aux gens de se mettre dans l’ambiance du spectacle qu’ils regardent. Par exemple, pour le spectacle du groupe Le Vent du Nord qui propose de la musique traditionnelle québécoise, elle invitait les gens à sortir leurs chemises carreautées, se faire venir un repas et festoyer dans leur salon.

Aussi, elle mentionne que les coûts des spectacles virtuels sont plus abordables, souvent autour de 15 $.

Une question d’expérimentation

Stéphane Tremblay, directeur technique pour Azimut diffusion, affirme que dès septembre, l’équipe a commencé à expérimenter avec le matériel audiovisuel. « On n’avait jamais fait ça de nos vies et là, je pense qu’on est rendu pas mal sur la coche », lance-t-il.

Lui et son équipe possédaient déjà la plupart des caméras qui sont utilisées, ainsi que les consoles vidéos et le filage. Ils ont ajouté une caméra et une console pour diffuser les images en direct sur Internet. Le premier spectacle n’a pas été un franc succès côté diffusion. Après des après-midis et des soirées d’ajustement, ils ont pu mettre le doigt sur le bobo et trouver une solution.

Les techniciens ont également dû adapter leur travail d’éclairage et de sonorisation. M. Tremblay a dû revoir la façon d’éclairer la scène et les couleurs des faisceaux afin que le tout soit adapté pour l’œil du spectateur qui regarde depuis son ordinateur ou sa télévision. Même principe du côté du chef son pour Azimut, Louis-Philippe Cyr, qui peut se permettre d’essayer de nouvelles techniques puisque comme le système de son de la salle est fermé, les risques de réverbération sont nuls.

Aussi, le technicien André « Coco » Cournoyer gère les caméras lors des diffusions. Il occupe donc à lui seul les rôles de caméraman et d’aiguilleur.

Malgré toute l’adaptation nécessaire, les trois employés sont contents de sortir de leur zone de confort. Ils s’affairent encore à essayer de nouvelles techniques avec le matériel pour s’améliorer. La directrice générale est aussi soulagée que la formule leur permette de continuer à travailler.

Lorsque les concerts en salle reprendront, les concerts virtuels pourront se poursuivre puisqu’un n’empêche pas l’autre.

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