9 juin 2020 - 12:16
Publiquement!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Le député Jean-Bernard Émond avait cru bon, dans les trois mois suivant son élection, rencontrer à huis-clos élus, intervenants et entrepreneurs histoire d’accélérer l’avancement de dossiers locaux. Sans rendre de comptes. Il aura attendu la fin de mai, en pleine pandémie, pour enfin véritablement convier la région à une réflexion collective sur son développement économique.

Déjà, il dit avoir soumis aux ministres concernés les demandes du milieu, mais jamais il n’a fait part des arguments évoqués pour les défendre, ni des réponses obtenues. Il a surtout vanté les dossiers livrés par son parti. Sa démarche actuelle s’inscrit d’ailleurs dans le cadre de la volonté du ministère de l’Économie et de l’Innovation de relancer l’économie des régions au lendemain de la crise de la COVID-19!

Pourtant, on attend plus d’un député : qu’il trouve réponses à nos demandes. Il doit cette fois amener décideurs et intervenants à parler du même côté de la bouche lors de ce forum qu’il compte tenir dans les prochaines semaines.

Mais il n’aura pas la tâche facile. On connait les tiraillements qui animent les élus municipaux depuis plusieurs années. Et la vie économique régionale est incertaine. La COVID-19 a fait des victimes financières, mais il y a belle lurette qu’on ne sent pas vraiment où va son développement économique. Des organismes publics et entreprises privées font des efforts, chacun de leur côté. On ne sent pas de volonté commune d’arrimer des projets d’un développement économique durable, solide et bénéfique à tous.

Visiblement, il nous faut sortir du paradigme dans lequel nous sommes campés. Cesser de pleurer ce passé pas toujours rose, mais en tirer les leçons. Il faut plutôt jeter un regard neuf sur les possibles, les forces et atouts du milieu. Apprendre de nos erreurs, mais aussi des bons coups qu’ont faits d’autres régions pour grandir plus vite que nous.

« Ce forum sera l’occasion de mettre sur pied un leadership économique fort pour toute notre région, en passant par la ville-centre et l’ensemble des municipalités de la MRC de Pierre-De Saurel, le tout en partenariat avec les différents organismes déjà en place », estime le député. Ce que d’autres citoyens réclamaient aussi récemment.

Cela signifie remettre en question nos objectifs et façons de faire. Imaginer de nouveaux rapports entre les acteurs économiques – consommateurs, entrepreneurs, travailleurs, élus et organismes. Recenser les besoins et attentes et les moyens d’y répondre.

M. Émond compte que tous mettront sur papier leurs réflexions et idées au préalable, éléments qui seront discutés en colloque. Certes, la réflexion est essentielle, mais se doit d’être imaginative, créative et audacieuse. Ne plus attendre des solutions venues d’en haut, mais articuler les nôtres, à la suite de discussions ouvertes à tous.

Car la région est loin d’en être à sa première démarche en ce sens. Elle a tenu de multiples colloques depuis 40 ans. Mais elle n’a pu assurer le suivi des décisions alors arrêtées, manquant ses rendez-vous avec le développement, faute de consensus ou d’énergie ou à cause d’une mauvaise conjoncture. L’actualisation des pistes qui découleront du forum ne devra donc pas reposer que sur les épaules de certains.

Aujourd’hui, son défi est grand. D’autres régions ont pris de l’avance sur elle. Car elle a souvent trop attendu la contribution des gouvernements pour avancer. Elle fut à court d’idées ou n’a pas voulu prendre certains risques financiers.

Ce pourquoi plusieurs doutent des bénéfices de ce forum. Car ils tardent à identifier un véritable rassembleur. Aussi le député doit-il être celui qui réunit publiquement tous ceux qui veulent contribuer à la reconstruction tant attendue. C’est une condition sine qua non de son succès.

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