8 janvier 2019 - 01:01
Ouvrir la porte
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Souvent, au cours des dernières décennies, la région a lancé un appel à l’achat local pour contrer les fuites commerciales néfastes à ses commerçants. Aujourd’hui, partout, l’achat local est un moyen prôné pour sauvegarder la planète. Que des élus en fassent une politique d’approvisionnement, c’est lui donner une autre dimension fort intéressante!

À lire à ce sujet:
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En effet, les élus de Sorel-Tracy et de Contrecœur ont révisé leur politique d’achat. Ils favoriseront les gens d’affaires de leur milieu, qu’ils soient fournisseurs de biens ou de services, et ce, malgré le fait que leurs prix soient plus élevés que ceux du plus bas soumissionnaire – de 1,5 % à 10 % – selon l’ampleur des travaux pour des contrats allant jusqu’à 100 000 $.

L’écart acceptable est donc déterminé. Les règles d’appel d’offres claires. Reste à voir quelles seront les frontières de la région concernée et comment se traduiront concrètement ces adjudications.

Ainsi les élus choisissent-ils de contribuer directement au développement dit local. Oui, cela enrichira leurs employeurs et contribuables souvent impliqués dans leur vie communautaire et sociale. Mais ce choix peut aussi contribuer à consolider des emplois de travailleurs qui résident sur leur territoire et en garantissent une certaine stabilité économique et le maintien de ses services.

Les élus n’ont toutefois pas encore révélé à combien ils estiment les coûts d’une telle politique. Ou combien de fois un entrepreneur pourra-t-il en profiter annuellement. Mieux encore, comment éviteront-ils la collusion possible qu’elle peut engendrer?

Chose certaine, il leur faudra toujours dévoiler publiquement les raisons (autres que le prix) les incitant à attribuer un contrat à un soumissionnaire plutôt qu’à un autre. Histoire d’assurer aux contribuables que l’évaluation des soumissions a été la moins subjective possible et a fermé la porte au copinage. Aux citoyens de le leur rappeler!

Voilà une approche qui devrait satisfaire les entrepreneurs qui ont souvent perdu des contrats aux mains de plus gros fournisseurs de l’extérieur, capables de livrer à moindre coût et profit (sinon à perte) biens et services tout en gardant leurs employés au travail, le temps de décrocher un contrat plus lucratif.

Nos entrepreneurs devront toutefois ne pas abuser de la situation en rendant un service à la coche et dans le temps requis et promis, y voyant l’occasion pour eux d’élargir leur expertise et créativité et de mieux se faire connaitre ici et ailleurs.

Il est vrai que le protectionnisme est dans l’air du temps. Nécessaire, croient plusieurs, à cause des impacts sur l’emploi du libre-échangisme entre pays et du désir de chacun de mieux tirer son épingle du jeu.

Vrai aussi que la règle du plus bas soumissionnaire, pour plusieurs, est la plus acceptable, surtout dans les contrats publics. Et ce, même si elle connaît aussi ses lacunes importantes, qu’elle brade parfois la qualité contre le prix (usage de matériel de moindre qualité, travail fait à la hâte, moindre surveillance, etc.).

Mais la décision des élus d’en appeler nécessairement à des entrepreneurs locaux pour livrer marchandises et services est révélatrice. Elle affirme leur souci de mieux bâtir leur région. De mieux soutenir son économie. De générer et profiter de ses retombées économiques. Voire de développer son entrepreneuriat.

Voilà une meilleure façon de faire fructifier l’argent provenant des taxes locales. De permettre aux entrepreneurs locaux de croire en leur réussite professionnelle. Somme toute, encourager l’achat local, c’est s’encourager soi-même!

Voilà une approche concrète et porteuse d’avenir qui témoigne de leur confiance aux compétences des leurs et qui suggère à tous leurs concitoyens d’en faire autant. Un bel exemple qui ouvre la porte à mieux. À plus.

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