2 octobre 2015 - 00:00
«On ne veut pas être le champ d’épuration de Montréal» -Serge Péloquin
Par: Julie Lambert
Déversement d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent | Photo: Gracieuseté - Ville de Sorel-Tracy

Déversement d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent | Photo: Gracieuseté - Ville de Sorel-Tracy

L’autorisation donnée à la Ville de Montréal pour déverser pendant une semaine, dès la mi-octobre, le tiers de son réseau d’égouts dans le fleuve Saint-Laurent a fait bondir le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin. Il déplore le traitement de faveur dont semble avoir bénéficié Montréal, mais s’inquiète aussi des répercussions sur l’écosystème de la Biosphère du lac Saint-Pierre.

Le ministre de l’Environnement, David Heurtel, a autorisé le 1er octobre dernier, que la Ville de Montréal déverse environ huit milliards de litres d’eau usée dans le fleuve Saint-Laurent.

Ce déversement sera effectué en raison de la construction d’une nouvelle chute à neige dans le cadre des travaux de réaménagement de l’autoroute Bonaventure qui exigent de déplacer la chute d’un méga-égout du sud de la municipalité.

Le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, déplore cette autorisation. Selon lui, une solution plus environnementale, peut-être plus coûteuse, aurait dû être envisagée.

Le président du comité exécutif de la Ville de Montréal,Pierre Desrochers, a assuré en entrevue à La Presse qu’il n’y aura aucun impact sur la qualité de l’eau potable des municipalités en aval même si elle est incapable de chiffrer le niveau de contamination du fleuve.

« On ne veut pas devenir le champ d’épuration de la Ville de Montréal. On aurait dû prévoir une autre option. Il est clair que c’est un gros défi de trouver une façon de se débarrasser de tous ses mètres cubes d’eau usée, mais je pense qu’on ne donne pas un bon exemple au citoyen, après beaucoup d’efforts pour les conscientiser à l’environnement », mentionne-t-il.

Selon les estimations, la solution de construire une conduite auxiliaire aurait coûté un milliard de dollars. La durée des travaux aurait également privé la Ville d’une chute à neige durant l’hiver. Les travaux seront réalisés du 18 au 25 octobre prochain.

Un traitement de faveur

M. Péloquin est déçu de la position du ministère dans ce dossier et s’étonne encore de cette décision surtout, dit-il, que les municipalités doivent passer par plusieurs étapes d’approbation lorsque vient le temps de réaliser un projet qui pourrait avoir des impacts environnementaux.

« On prend la peine de passer par un processus qui est long pour des projets verts comme notre parc éolien. On nous demande des rapports pour déplacer une grenouille et là le ministère dit à Montréal : vous avez besoin de cette solution pour faire un chantier? Pas de problème! Il y a des questions à se poser. »

Le maire pense que des impacts pourraient être visibles au printemps prochain et espère que les conséquences de cette décision ne seront pas néfastes pour la biosphère du lac Saint-Pierre, qui se trouve sur la route du déversement.

« Quel effet-choc ça va causer sur l’écosystème? Si les Montréalais savaient que la biosphère représente 50% des milieux du fleuve Saint-Laurent, ils ne seraient pas d’accord avec leur maire qui affirme que ça va se diluer. Si je mets de la merde dans un verre, que j’y ajoute un pouce ou dix pouces d’eau, ça va avoir de la misère à passer pareil! », image-t-il.

Les citoyens de la municipalité qui connaissent son importance sont outrés, assure M. Péloquin, et il était important, même si la municipalité ne peut plus rien faire, de faire connaître sa position.

Le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, a appuyé le maire Péloquin en rappelant que sa ville s’était vu refuser l’autorisation de déverser de la neige dans le fleuve en 2008 et qu’elle avait dû payer 2 M$ pour mettre sur pied un dépôt de neige temporaire.

Les citoyens de la région de Sorel-Tracy ne seront pas affectés, a assuré la Ville de Sorel-Tracy, puisque les prises d’eau pour les usines de filtration sont dans la rivière Richelieu.

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