19 mai 2020 - 12:16
Magasinage
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

L’heure d’un déconfinement progressif a sonné. Il fait craindre le pire à cause notamment du désir des uns d’enfin briser leur solitude, de vite renouer avec leurs proches et leurs habitudes d’antan. Comme si la pandémie n’était qu’un mauvais souvenir. Pourtant, le coronavirus est un électron libre menaçant qui sévit toujours.

Mais des commerçants autorisés à rouvrir leurs portes ont pris tous les moyens de protéger la sécurité de leur clientèle en planifiant comment pouvoir respecter la distanciation sociale dans leur commerce. Plusieurs Sorelois se sont donc remis à magasiner.

Car ils ont besoin de cette activité sociale hors de chez eux où ils croisent des amis et des gens qui ont les mêmes intérêts qu’eux. Certaines études révèlent même que c’est la seule façon pour des acheteurs d’attirer l’attention sur eux. D’autres y trouvent encore le plaisir de marchander.

Ainsi pour plusieurs, magasiner est plus qu’acheter quelque chose. C’est d’abord un baume qui les distrait et atténue leur stress.

Pouvoir faire ses emplettes soi-même donne aussi à plusieurs aînés une sensation d’autonomie, voire un prolongement de leur espérance de vie. Ils vont y passer un moment souvent agréable, occasion de marcher et de croiser des gens de tous les âges dans un environnement qui change avec les saisons.

Voilà des éléments qui en atténuent ceux pourtant très justes dénonçant la société de consommation qu’est la nôtre et dont les effets sont si néfastes sur l’appauvrissement des acheteurs compulsifs et leur surexposition aux astuces publicitaires et de mise en marché. Voilà qui devrait aussi inciter les autorités publiques à imaginer plus de lieux et d’activités planifiées pour répondre aux besoins des gens.

Ces éléments doivent aussi stimuler les commerçants à offrir à leur clientèle l’occasion de vivre une expérience intéressante, où le rapport client-vendeur sera harmonieux et ouvert, poli et rapide.

C’est autant plus vrai actuellement que les habitudes des consommateurs sont en pleine mutation – leur parcours passe désormais par les réseaux sociaux et la vente en ligne où ils découvrent plein de fournisseurs possibles, aux prix de vente alléchants, à la livraison rapide.

C’est une avenue qu’explorent mieux depuis peu plusieurs marchands de la région. Ils se sont virés sur un dix cennes depuis le début de cette pandémie. Et malgré la réouverture de leur boutique, ils devront continuer à alimenter ce lien sur toutes les plateformes et médias que fréquentent leurs clients. Une condition sine qua non de survie et de croissance. Surtout si elle s’accompagne d’une campagne soutenue sur les pouvoirs et les avantages de l’achat local et son apport incessant au développement de l’économie locale et régionale.

Ainsi tous gagneront à cette loto pandémique qui aura permis d’accélérer, comme certains le souhaitaient depuis fort longtemps, la présence en ligne des marchands d’ici. Bien en fasse à tous!

Et le masque?

Non personne, hors ceux qui fréquentent les lieux de dispense de soins de santé, n’est tenu de porter un masque. Mais tous ceux qui magasinent devraient le porter par précaution pour leur propre santé et par égard pour celle des autres. Par solidarité communautaire. Tout en respectant toujours la distanciation sociale de deux mètres, il va sans dire.

Pas que la science prouve que les masques sont à toute épreuve – même les N95 ne le sont pas. Mais le bon sens commande d’en porter. D’autant que les masques n’entravent aucune liberté, n’empêchent pas de communiquer. Peut-être sont-ils inconfortables, mais ils permettent certainement de renouer avec les autres, d’élargir sa vie sociale de Facetime au face-à-face. Rien à voir avec les limites imposées par le confinement! Quelle liberté bonne à regagner!

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