5 octobre 2021 - 12:09
Les jeux sont faits!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans la région, Louise Grégoire-Racicot livre ses impressions dans une chronique hebdomadaire au journal Les 2 Rives depuis 2018.

Sur les 86 postes d’élu municipal à pourvoir dans les 12 municipalités de la MRC de Pierre-De-Saurel au scrutin de novembre prochain, on connait déjà le nom de 58 titulaires – les deux tiers (!) dont huit maires – qui, à la fermeture des mises en candidature, vendredi, ont été élus sur le champ sans opposition. La démocratie est-elle malade?

Même si, au Québec, la région ne semble pas faire exception, on peut bien penser que sa démocratie est très fatiguée. Au dernier scrutin (2017) par exemple, 28 candidats avaient sollicité un poste à Sorel-Tracy seulement. Cette année on en compte 18. Deux avaient été élus sans opposant tout comme cette année. Et, contrairement aux scrutins passés, le maire sortant n’affrontera qu’un seul opposant.

Par ailleurs le 7 novembre, à Yamaska, Saint-Aimé, Massueville, Saint-David et Saint-Roch-de-Richelieu, les citoyens n’auront pas à se rendre aux urnes, faute d’opposition. À Saint-Roch cependant, un siège restera vacant. À Saint-Joseph, un seul siège est à pourvoir. À Sainte-Anne, deux!

Souvent on entend les candidats déjà réélus dire que cette non-opposition témoigne d’une grande confiance des électeurs en leur personne et d’une satisfaction certaine à l’égard de leurs décisions et façon de mener les destinées de la municipalité. Peut-être est-ce le cas. Peut-être sont-ils des gens extraordinaires qui le méritent aisément. Mais seule une élection en bonne et due forme aurait pu le certifier.

Car la démocratie devrait inciter plus de candidats à se présenter pour mieux refléter la diversité de l’électorat. Pour que les électeurs puissent vraiment faire des choix qui leur ressemblent. Pour que le prochain conseil, quel qu’il soit, n’ait pas carte blanche sur l’avenir immédiat de la municipalité. Un scrutin donne en effet une forme d’assurance que les élus doivent arrêter des décisions à l’avantage de tous, non des intérêts de quelques-uns.

On ne peut pas dire non plus qu’une élection sans opposition soit révélatrice ou rassembleuse. Car elle ne permet non plus aucune discussion sur ce qui s’est passé dans les quatre dernières années et ce qui va se passer dans les quatre prochaines. Jamais les citoyens n’auront pu exprimer leur satisfaction ou leur insatisfaction. Comme on peut craindre que passent inaperçus des sujets qui auraient dû être pris au sérieux concernant un volet de la vie municipale. Dommage!

Cette absence de candidature manifeste-t-elle un désintérêt, un désengagement des citoyens pour la chose municipale? Il est vrai que tous n’ont pas le profil ou le temps disponible pour s’engager dans une vie publique de plus en plus exigeante. Souvent seulement ceux qui sont exacerbés par un dossier litigieux se présentent ou recrutent des opposants aux décideurs. C’est le cas notamment dans la plus petite municipalité de la MRC, Saint-Gérard-Majella (280 habitants), où 14 candidats – deux équipes complètes – s’affrontent.

Par contre, à Sainte-Victoire-de-Sorel, où un seul sortant est déjà réélu et à Contrecœur où ils sont deux, aucun dossier ne justifie à lui seul une telle situation.

Cette élection façonnera-t-elle différemment la composition de la table de la MRC où les maires siègent comme conseillers régionaux? Peut-être, et ce, même si huit des membres (dont deux nouveaux-venus) sont déjà élus sans opposition. Reste que des membres importants du conseil – le préfet (Saint-Robert) et le maire de Sorel-Tracy – tout comme les maires de Sainte-Victoire et de Saint-Gérard-Majella doivent se faire réélire pour y siéger de nouveau.

Ainsi les jeux sont faits. Rien ne permet de croire encore que tous ces élus sans opposition s’assoiront sur leurs lauriers. Il faut plutôt espérer qu’ils sauront constituer une équipe efficace et efficiente avec ceux que les électeurs délégueront pour siéger à leurs côtés.

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