4 août 2017 - 00:00
Les dindons sauvages se pointent le nez à Saint-Robert
Par: Louise Grégoire-Racicot
Une vingtaine de dindons sauvages ont trouvé sur la terre de Linda Dufault, à Saint-Robert, de quoi se nourrir. | Photo : Gracieuseté

Une vingtaine de dindons sauvages ont trouvé sur la terre de Linda Dufault, à Saint-Robert, de quoi se nourrir. | Photo : Gracieuseté

Linda Dufault est horticultrice. Sa terre de Saint-Robert, qu’elle a baptisée « Les Bouquets Garnis », a reçu l’hiver dernier, la visite d’une vingtaine de dindons sauvages en quête de nourriture. Ils ont laissé des traces de leur passage.

« Ils étaient apparemment une vingtaine cachés dans un boisé entre ma terre et le village. Ils ont mangé les pommes restantes dans un jeune pommetier et ont brisé des branches. Comme ils broutent également les plants de petits fruits », explique l’horticultrice.
Comme elle produit de petits fruits, des plantes médicinales, dans des jardins thématiques et divers jardins sur la biodiversité en milieu agricole, elle s’inquiète non seulement des dégâts qu’ils peuvent causer, mais de l’impact qu’auront leurs excréments sur l’acidité de la terre qu’elle cultive.
Un seul autre citoyen de Saint-Robert a dit avoir aperçu de nombreux dindons sauvages dans ce secteur, remarque le maire Gilles Salvas.
À la MRC de Pierre-De Saurel dont il est le préfet, personne n’a rapporté d’incidents reliés à ces imposants oiseaux, rapporte-t-il.
« Mais si on en voit chez nous. on en verra très bientôt à Sainte-Victoire-de-Sorel et ailleurs », note-t-il, connaissant la vitesse à laquelle ils se reproduisent.

Un bel oiseau
Ornithologue amateure, Mme Dufault ne nie pas que les dindons sauvages sont de beaux oiseaux, aux couleurs riches.
Elle ne dit pas non plus que ce sont ses bêtes noires. Mais leur nombre croissant l’inquiète.
Introduits au Québec pour développer une nouvelle chasse, elle désapprouve le fait que certains chasseurs les attirent avec de la nourriture dans un territoire principalement agricole et très peu boisé.
« Ce faisant, les animaux broutent ailleurs que là où on les attire. Ce pourquoi je crains plus que tout les ravages d’un troupeau de dindons. En quelques jours, ils peuvent anéantir des années de cultures maraîchères », craint bien l’horticultrice.
Elle note aussi leur propagation rapide. « Ils ont une croissance exponentielle et on ne leur connait d’autres prédateurs que le coyote qui est complètement absent du paysage dans notre région », fait-elle remarquer.
« Les dindons sont aussi insensibles aux odeurs. On ne peut ainsi les éloigner facilement. Je ne souhaite à personne de voir de tels volatiles dans leur potager », conclut-elle.

De plus en plus de dindons sauvages
Le biologiste Éric Jaccard, du ministère de la Faune, attribue la recrudescence de dindons sauvages aux deux derniers hivers plutôt cléments.
« La nidification s’est avérée efficace au cours des deux dernières années. En plus, les deux derniers hivers ont été moins rigoureux, alors que le froid et les fortes précipitations de neige provoquent normalement des mortalités. Ce sont les deux principales raisons qui expliquent la recrudescence des dindons », explique M. Jaccard.
Bien que l’habitat naturel des dindons soit le milieu agroforestier, il peut arriver qu’ils se pointent le bout de nez plus près des résidences ou des fermes en hiver, en quête de nourriture. M. Jaccard souligne toutefois qu’il existe des mesures afin de prévenir les dommages causés par un dindon sur ses terres.
« Il faut changer ses pratiques, surtout pour les petits fruits. Il est possible de les protéger en changeant la paille. On peut aussi empêcher l’accès aux dindons avec des clôtures ou protéger les fruits avec des filets. Ça ne règle pas le problème à 100%, mais ça aide », ajoute le biologiste.
De plus, il est possible de chasser le dindon sauvage au printemps. Chaque chasseur a le droit de tuer deux dindons par saison. « Les agriculteurs peuvent inviter plusieurs chasseurs sur leurs terres. C’est un autre moyen de contrer la reproduction de dindons sauvages », conclut M. Jaccard.. (J.-P.M.)

Ce qu’on sait du dindon sauvage

– Le mâle pèse entre 7,7 et 9,5 kg.

– Il peut atteindre un mètre de haut.

– Pendant trois semaines, le poussin se nourrit d’insectes, puis des matières végétales et animales.

– Au printemps, il mange les semis.

– Il s’accouple en avril.

– Les dindes sauvages pondent entre 10 et 12 oeufs par couvée.

– Les dindons ont été introduits en Montérégie en 1976.

– En 2016, Québec a délivré 14 269 permis de chasse au dindon sauvage. En tout, 5869 dindons ont été abattus. En 2017, le nombre de permis s’est élevé à plus de 16 500, alors que le nombre de dindons abattus a grimpé à 7565, une hausse de plus de 30% par rapport à 2016. Dans la zone de chasse #8 (celle de Sorel-Tracy), 1167 dindons ont été abattus.

– La période de chasse est le printemps. En 2017, les dates étaient du 28 avril au 18 mai.

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