26 février 2016 - 00:00
L’édition 2016 du Festival de la gibelotte est annulée
Par: Julie Lambert
Le président du Festival de la gibelotte, Benoit Lefebvre. | Photo : TC Média – Jean-Philippe Morin

Le président du Festival de la gibelotte, Benoit Lefebvre. | Photo : TC Média – Jean-Philippe Morin

Pour la première fois en 39 ans, le Festival de la gibelotte n’aura pas lieu cet été. Les membres du conseil d’administration ont pris la décision de prendre une pause pour se réorienter, mais la Ville de Sorel-Tracy planche sur un plan B pour qu’une fête ait tout de même lieu au centre-ville pendant la saison estivale.

Le conseil d’administration a expliqué sa décision lors d’une conférence de presse le 26 février. Selon le président Benoit Lefebvre, plusieurs éléments, dont la situation financière particulière et le manque de temps, ont été déterminants dans le choix de l’organisation. M. Lefebvre a aussi lancé une flèche aux médias concernant la couverture médiatique qui aurait, selon lui, nui pour approcher des commanditaires.

« Nous sommes très déçus. On avait un plan et les mesures proposées tiennent toujours la route, mais on s’en allait dans un cul-de-sac, un no man’s land. Le temps a joué contre nous. Comme administrateurs, on se devait de prendre une décision même si ce n’était pas agréable et fort émotif », a-t-il réagi.

Les administrateurs fondaient leurs espoirs sur la dernière demande déposée au conseil municipal de Sorel-Tracy dans laquelle ils demandaient une avance sur les 90 000$ prévus au budget de la municipalité en plus d’une aide financière supplémentaire de 20 000$ afin de couvrir les assurances des bénévoles et pour régler des dettes auprès de médias nationaux afin qu’elles ne ternissent pas l’image de la région.

Le conseil a accepté l’avance de fonds de 90 000$, mais a reporté la décision concernant les 20 000$ au 7 mars, ce qui a signé le glas sur une organisation rapide de l’événement, souligne-t-il.

Le conseil d’administration restera en place et profitera de cette pause pour redéfinir le Festival. « On va prendre un peu de recul et faire le bilan de la situation. On va regarder si on a une place ou non », a ajouté M. Lefebvre.

Une consultation auprès des citoyens et des intervenants de tous les milieux aura lieu au cours des prochaines semaines, ont assuré les organisateurs de l’événement. Le c.a espère pouvoir revenir lors de l’été 2017 en profitant de la popularité de la course du 5 km du Festival, cet été, comme une source de financement.

Des années de vache maigre

Joint à l’extérieur du pays, le dernier président du Festival, Denis Gagné, se disait très peiné par cette annonce. Selon lui, les administrateurs sont les seuls à avoir toutes les données en main pour prendre une telle décision.

« Si le conseil d’administration est arrivé à cette décision, je suis certain que ce n’était pas avec plaisir et que c’était certainement la toute dernière possibilité. Le fait que le festival ne peut charger, comme la majorité des festivals au Québec, de droit d’entrée ne fait qu’accroître les difficultés. Ce sera difficile de repartir tout le processus dans un, deux ou trois ans. »

Concernant les changements apportés au cours des dernières années, M. Gagné assure qu’ils ont toujours été décidés dans le but de faire rayonner la région à travers la province.

« Le succès d’une organisation de cette envergure porte sur l’organisationnel, le succès populaire (achalandage) et le succès financier. Depuis les tous débuts, le festival a toujours obtenu le succès organisationnel et le succès populaire, mais a toujours eu plus de difficultés avec le succès financier, et c’est le cas aussi de la majorité des festivals au Québec », déplore-t-il.

La Ville travaille sur un plan B

Après l’annonce des administrateurs du Festival de la gibelotte d’annuler son édition 2016, la Ville de Sorel-Tracy a décidé de travailler sur un plan B pour qu’une fête ait tout de même lieu au centre-ville pendant la saison estivale.

Le maire Serge Péloquin s’est dit très étonné, mais respectueux de la décision des membres du conseil d’administration. Il assure que le conseil municipal est très sensible à l’impact économique et social de cette décision sur la municipalité et qu’il prendra les choses en main pour que la fête continue au centre-ville de Sorel-Tracy.

« On ne laissera pas tomber nos commerçants et nos citoyens. Le conseil se réunira pour prendre le leadership de tout ça. Il y a des mois que les fournisseurs attendent d’être payés. Nous allons donner les 57 000$ que nous avions promis. On va mettre les gens dans le coup et se mobiliser. On espère que les marchands répondront présents et que des gens se manifesteront », a-t-il soutenu, en entrevue.

Ce qu’ils ont dit…
« C’est une activité qui permet d’avoir beaucoup de visibilité à l’extérieur et qui génère de grandes retombées économiques. Cela laisse un espace vide, mais qui, je pense, sera vite rempli parce que la nature a horreur du vide. » Le président de l’Office du tourisme de Sorel-Tracy, Marc Mineau
« Ça me touche et ça me fait de la peine. Depuis juillet, on essayait de se remettre sur les roues. Nous avions un plan d’action et la volonté de garder le Festival, mais on n’a plus le financement des dernières années et le nerf de la guerre a toujours été le financement. » L’ancien président et administrateur, Sylvio Bouchard
« Il y a beaucoup d’activités économiques reliées au Festival. La Ville et les citoyens devront se positionner à savoir s’ils veulent toujours un festival et s’ils souhaitent une fête de quartier ou maintenir un événement d’envergure pour se démarquer des autres municipalités. » Le directeur général de la Chambre de commerce de Sorel-Tracy, Marcel Robert
« Cette nouvelle a un impact majeur sur nous puisque cela attire du monde dans notre établissement. C’est catastrophique pour la région. On a déjà moins d’achalandage en raison de la situation économique actuelle. C’est désolant. » Le copropriétaire du resto-bar Les Tire Bouchons, Jean Tremblay
« Ce sont nos deux plus grosses fins de semaine de l’année et de loin. On y fait trois à quatre fois notre chiffre d’affaires. Cela aura un énorme impact sur le centre-ville au complet. » Le copropriétaire du restaurant Le Fougasse, Jean-Philippe Boulet
« C’est peut-être correct pour le Festival de prendre du recul pour repenser tout ça. L’événement était rendu démesuré par rapport à la population de notre ville. C’était un happening social et c’est plate de perdre cela pour les gens de la région. » Le copropriétaire du Pub O’Callaghan, Alexandre Gauthier
« Cette nouvelle amène beaucoup d’interrogations, mais nous offre plusieurs possibilités puisque nous serons le seul festival au centre-ville. On est à préparer notre prochaine édition, alors on se demande si on garde notre formule. » Le président du comité organisateur du FAST, Marc-André Jean-Montenegro
Quelques commentaires d’internautes sur Facebook
Que pensez-vous de l’annulation du Festival de la gibelotte en 2016?
C’est plate parce que moi, ce que j’aimais, c’était les petit shows sur les coins de rues. Peut-être qu’une plus petite formule seulement aurait fonctionné. Julie Deshaies
Mauvaise coupure. C’est la seul chose qui se passe à Sorel et qui peut attirer des gens. France Bérubé
Il faudrait plus de créativité. Les festivals aux Québec se ressemblent tous: gros spectacles de musique et chanteurs ou les westerns. Inventons autre chose. Francine Grimard
Souhaitons qu’il y aura de quoi pareil au centre-ville cet été même si ce n’est pas le Festival de la gibelotte. Dommage quand même! Diane Charest
Le Festival de la gibelotte est depuis longtemps à la croisée de chemins. Je crois qu’un Festival doit arriver à s’autofinancer et ne pas dépendre des contributions de la Ville. […] Je suis persuadé que le Festival, s’il n’est pas présent en 2016, reviendra en 2017, sous une nouvelle formule améliorée. Éric Déry
Les commerçants de la ville doivent reprendre le contrôle de la fête au centre-ville. […] Les petits commerçants du centre-ville ont besoin d’une fête et les Sorelois aussi. Steve Lalande
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