31 juillet 2018 - 01:01
L’affaire de tous!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit un éditorial hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Il y a quelques années à peine, les gens qui se croyaient atteints de la maladie de Lyme – dont deux Sorelois – réclamaient des soins du système de santé public. Ils passaient presque pour des extraterrestres.

Il n’y avait pas de telle maladie au Québec, réagissaient les responsables de la santé publique. Mais, depuis quelques semaines, ces derniers autorisent les pharmaciens à administrer des antibiotiques à ceux qui croient avoir été piqués par la tique aux pattes noires. Ils admettent maintenant qu’elle transmet cette infection aux conséquences chroniques, si pas traitée rapidement! Quel revirement!

En 2014, une résidente de Sainte-Victoire-de-Sorel, Marie-Andrée Soucy m’accordait une entrevue à cet effet, elle-même mordue par une tique à pattes noires. Son système nerveux en était affecté, disait-elle. Elle avait déjà rejoint un groupe déniché sur Internet qui informait et réclamait un traitement adéquat de la maladie et décida de rendre publique sa condition, elle qui se heurtait au refus de médecins de la région de la traiter.

À la Régie régionale de la santé publique, on ne trouvait pas à propos d’administrer des antibiotiques à ces gens ou de faire des analyses sanguines adéquates, précisait-elle. On remettait presque en question son témoignage.

Début 2018, le Sorelois Simon Martin, aujourd’hui de Beauharnois, a dû aller à Cuba pour recevoir des soins, à la suite d’un diagnostic de la maladie de Lyme en 2017, par des médecins américains. Il en témoignait dans le journal. Oui, la maladie et son traitement sont encore controversés au Canada, soulignait-il.

Depuis, membre d’une délégation de l’Association québécoise de la maladie de Lyme, il a fait appel à l’Assemblée nationale de Québec et déposé une pétition de 9 000 noms demandant l’intervention du gouvernement dans la prise en charge des personnes atteintes de cette maladie.

Il semble bien que ces efforts commencent à porter fruit. Aujourd’hui, le même département de la santé publique Montérégie reconnait que les cas de maladie de Lyme ont doublé en Montérégie, en 2017, passant de 56 à 102 cas déclarés. L’insecte gagne donc du terrain.

Aussi l’organisme s’empresse-t-il de diffuser largement comment se prémunir des piqûres de tiques qui peuvent laisser des séquelles permanentes. Même si la maladie prend quelques mois à se manifester, le département de santé publique prône maintenant un traitement préventif aux antibiotiques accessible gratuitement sur demande dans les pharmacies, et ce, sans prescription, à toute personne ayant subi une piqûre de tique dans certains secteurs géographiques de la Montérégie.

Les citoyens sont maintenant mieux avertis : la tique se loge dans les boisés et hautes herbes. Des terrains fréquentés car propices à certaines activités sportives. Il faut donc savoir s’habiller en conséquence pour se protéger.

Quant aux médecins souvent réticents à la considérer, on leur dispensera une formation en ligne pour leur rappeler tout ce qui entoure la maladie de Lyme – symptômes, dépistage, traitement et prévention.

Un état de fait qui prouve bien que la santé publique, c’est bien sûr l’affaire des professionnels de la santé, mais aussi de tous les citoyens. À ces derniers de questionner afin de mieux comprendre ce qui se passe dans leur corps. À eux aussi de se renseigner sur Internet – oui, ce peut être aussi une source intéressante – et dans les publications portant sur la santé, toutes les questions relatives au bon fonctionnement des systèmes du corps.

Car si ces patients atteints de la maladie de Lyme n’avaient pas alerté les médias nationaux et régionaux et pris soin de faire reconnaître l’urgence d’intervenir face à cette maladie, ces changements n’auraient probablement pas encore été apportés. Remercions-les!

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