7 avril 2020 - 06:00
Malgré que la situation entourant la COVID-19 soit stable dans la région
La pénurie de matériel médical inquiète les travailleurs de la santé
Par: Katy Desrosiers

Les infirmières de l’Hôtel-Dieu de Sorel reçoivent des formations afin de porter adéquatement le matériel requis. Photo tirée de Facebook

Bien que la région de Sorel-Tracy compte peu de cas déclarés de la COVID-19, le personnel hospitalier travaille d’arrache-pied tous les jours. La pénurie de matériel se fait sentir, des infirmières devront être changées de départements et l’inquiétude s’installe tranquillement, a-t-on constaté grâce à des témoignages d’infirmières de la région.

Une infirmière qui travaille dans un bâtiment du Centre intégré de Santé et de Service sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME) autre que l’Hôtel-Dieu de Sorel craint d’être rapatriée au centre hospitalier alors qu’elle n’a pratiquement jamais effectué de soins aigus. « Ils pourraient nous faire faire des 12 heures à taux simple, nous envoyer sur n’importe quel département, sur n’importe quel quart de travail et je trouve ça à la limite dangereux », explique-t-elle.

À son travail, les réserves de matériel médical diminuent. Bien que l’employeur leur demande de réutiliser les masques, il n’en commande pas.

À l’Hôtel-Dieu, la situation est différente. Une autre infirmière nous a confirmé que certains masques sont en rupture de stock. Elles ont aussi reçu l’autorisation de réutiliser les masques jusqu’à cinq fois, en le plaçant soigneusement dans un sac entre chaque utilisation. Pour les visières, elles sont désinfectées en sortant de chaque chambre.

Pour l’instant, aucune semaine de vacances n’a été annulée ou reportée. Les infirmières et infirmiers qui sont à temps partiel peuvent encore le demeurer.

L’infirmière explique aussi que la semaine dernière, il n’y avait eu que cinq cas positifs à la COVID-19 et que tous avaient été transférés à Montréal. Bien que la situation soit encore sous contrôle, elle pourrait changer.

« Je sais qu’ils ont parlé de mettre les 12 heures obligatoires. Je me dis que ce serait plate, mais c’est temporaire et puis on a choisi notre travail. On est dans une situation exceptionnelle, une pandémie à l’échelle mondiale, je ne suis pas certaine qu’on va voir ça souvent. J’aimerais mieux être chez nous à m’occuper de mes enfants. Oui ça m’inquiète, je ne te dis pas que je vais travailler avec le cœur léger. Je suis stressée de revenir chez nous puis de ramener ça à mes enfants, mais j’ai choisi mon métier », affirme cette infirmière.

Le Syndicat soutient ses membres

Le président par intérim de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Syndicat des professionnels en soins de la Montérégie-Est, Alexandre Bégin, souligne que l’inquiétude principale des membres est liée au manque d’équipement. Les infirmières ont reçu la directive de réutiliser les masques, mais pour le moment, les médecins changent de masque à tous les patients.

M. Bégin confirme que le 2 avril dernier, le gouvernement a demandé que tous les masques N95 qui ne sont pas souillés soient conservés, dans l’espoir de pouvoir les stériliser.

Une autre inquiétude provient du personnel qui doit être réaffecté après que certains départements à Sorel-Tracy comme la chirurgie aient été fermés à plus de 50 %. « Quand ça fait 20 ans que tu travailles en salle d’opération et qu’on te relocalise à un autre endroit, ça crée beaucoup d’anxiété », explique-t-il.

Le 23 mars, une rencontre s’est tenue entre le syndicat et l’employeur pour discuter, entre autres, des vacances et des disponibilités. L’employeur a tout de même envoyé son plan d’action au ministère avant d’attendre les réponses du syndicat, déplore M. Bégin.

« On pourrait penser que l’application des points mentionnés dans l’arrêté ministériel pourrait se faire, avance M. Bégin. L’employeur est resté relativement flou. Quand on a demandé une copie, il a refusé. De ce qu’on a pu comprendre, ailleurs au Québec, les plans ont jusqu’à trois phases. » Le plus important pour lui est d’apprendre quelles sont les phases et comment elles seront appliquées afin de rassurer les membres.

Une autre rencontre a eu lieu le 6 avril pour discuter, entre autres, de l’annulation des vacances estivales.

Malgré tout, M. Bégin affirme que le Québec est bien préparé. Cependant, il craint une forte transmission communautaire si le Québec n’a plus de masques. En date du 6 avril, le Québec avait une réserve de 14 jours de gants, 13 jours de masques N95, 13 jours de masques chirurgicaux et six jours de blouses.

Le CISSSME rassure

Du côté du CISSSME, on affirme que la priorité est d’assurer la sécurité des équipes et de la clientèle. Les inventaires des équipements de protection, comme les masques, sont vérifiés quotidiennement. D’autres mesures sont aussi en place pour assurer la sécurité du personnel comme une vigie accrue de l’application des mesures d’hygiène et l’entretien quotidien des uniformes pour certains secteurs priorisés.

Dans les dernières semaines, plus de 1000 personnes ont été embauchées pour soutenir les équipes déjà en place.

Concernant l’arrêté ministériel, le CISSSME, confirme qu’avant d’appliquer une mesure y étant prévue, les syndicats locaux et les associations concernées seront consultés, sauf si l’urgence de la situation permet de le faire.

Le 24 mars, des rencontres avec les syndicats ont permis de présenter la vision du l’employeur du déploiement de l’arrêté. Les différents syndicats ont alors eu l’occasion d’émettre leurs commentaires et de présenter des alternatives, selon le CISSSME. L’employeur assure qu’il a toujours été prévu et dit que le déploiement du plan se ferait en plusieurs phases, selon l’évolution de la situation.

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