15 juin 2020 - 18:23
La pandémie accentue la discrimination pour trouver un logement, croient des locataires
Par: Sébastien Lacroix
Sans preuve d’emploi, plusieurs locataires se voient refuser un loyer.
Photothèque | Les 2 Rives ©

Sans preuve d’emploi, plusieurs locataires se voient refuser un loyer. Photothèque | Les 2 Rives ©

À quelques semaines du 1er juillet, le Regroupement des comités de logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ) et le Collectif pour un Québec sans pauvreté sonnent l’alarme. Sans mesure d’urgence du gouvernement, plusieurs ménages locataires n’arriveront pas à trouver un logement.

Dans une enquête intitulée « Discrimination et logement : une pandémie qui conduit au mal-logement », le RCLALQ rapporte plusieurs témoignages de locataires qui se font refuser la location d’un logement en raison de leur source de revenus.

Du côté de la MRC de Pierre-De Saurel plusieurs locataires signalent avoir signé des baux pour un logement et avoir dû débourser un montant de dépôt illégal afin de ne pas perdre la location de ses logements.

Avec la crise économique que s’apprête à traverser le Québec dans les prochains mois, le nombre de locataires bénéficiaires de l’aide sociale risque de monter en flèche. Ces ménages sont ceux qui sont les plus touchés par la discrimination lorsqu’ils sont à la recherche d’un logement.

«Avec la COVID-19, de nombreux locataires ont perdu leur emploi et se retrouvent bénéficiaires d’une prestation gouvernementale (PCU, AE) qui viendra inévitablement à sa fin. Sans preuve d’emploi, on leur refuse systématiquement la location d’un logement. Si le gouvernement ne met pas en place des mesures d’urgence pour venir en aide à ces personnes, il ne leur restera que la rue », se désole Marjolaine Deneault, porte-parole du RCLALQ.

Les locataires qui se voient refuser la location d’un logement pour des motifs discriminatoires peuvent porter plainte à la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ). Un agent peut alors intervenir rapidement et entrer en contact avec le propriétaire fautif. Si ce dernier refuse de modifier sa décision, le locataire devra toutefois faire une plainte formelle et la Commission fera enquête. Un processus qui est toutefois long et qui ne redonne pas un logement au locataire victime de discrimination.

Afin de mettre fin à la discrimination dans le processus de location d’un logement, le RCLALQ réclame que la CDPDJ dispose de plus de moyens d’intervention pour venir en aide aux locataires qui en sont victimes.

De plus, le Regroupement réclame que la Régie du logement ait pleine juridiction sur la totalité du processus de location pour enrayer la discrimination et pour permettre l’émission de dommages punitifs envers les propriétaires fautifs.

Des mesures pour contrer les évictions

Par ailleurs, le RCLALQ accueille positivement les 1800 programmes de supplément au loyer d’urgence (PSL-U) annoncés et salue la hausse du plafond du loyer admissible. Une mesure nécessaire en raison de l’explosion du prix des loyers un peu partout dans la province.

Toutefois, le Regroupement se désole que le plan d’action ne contienne aucune mesure à moyen ou long terme, comme la prolongation du moratoire sur les expulsions de locataires qui prendra fin au mois de juillet, pour contrer la crise du logement.

« Avec la récente reprise des audiences à la Régie du logement, nous craignons une vague d’évictions sans précédent », déplore Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ qui demande une prolongation de six mois du moratoire sur les expulsions de locataires.

D’autant plus qu’avec un taux d’inoccupation à son plus bas en 15 ans et une crise sanitaire qui a causé des pressions supplémentaires sur le marché locatif, il sera très difficile pour ces locataires de trouver un logement abordable et qui correspond à leurs besoins.

Du côté de la MRC de Pierre-De Saurel, plusieurs des mesures mises en place par le gouvernement arrivent trop tardivement, dénonce-t-on chez Action Logement Pierre-De Saurel. Ce qui laisse plusieurs locataires dans l’incertitude à l’approche du 1er juillet

L’organisme déplore le manque flagrant de logements sociaux qui serviraient à pallier le manque de loyers sains et salubres pour les locataires à faibles revenus.

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