25 août 2021 - 12:52
La Colonie des Grèves souhaite garder le contrôle de sa destinée
Par: Alexandre Brouillard

La Colonie des Grèves a rejeté deux offres d’achat de la part de la Ville de Contrecœur, réitérant qu’elle n’est pas à vendre. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

Plusieurs bâtiments de la Colonie des Grèves nécessitent des travaux. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

La Colonie des Grèves possède plusieurs attraits naturels, dont une plage au bord du fleuve Saint-Laurent. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

Alors que la Ville de Contrecœur a récemment déposé une seconde offre d’achat pour la Colonie des Grèves, son directeur général, Louis Ducasse, s’explique mal les volontés de la Ville. La mairesse de Contrecœur, Maud Allaire, affirme que la Ville désire acheter la Colonie pour agrandir le Parc régional des Grèves sous forme d’aire publique de conservation et pour protéger l’environnement.

Selon les dires de M. Ducasse, il y a quelques années, la Ville de Contrecœur avait offert 2,5 M$ à la Colonie des Grèves pour en faire l’acquisition. Puis, la Ville aurait récidivé avec une seconde offre avoisinant les 1,3 M$.

« La Ville souhaite acquérir notre territoire, c’est bien clair. Or, la Colonie ne veut pas vendre. Les terrains que nous utilisons sont au cœur de nos interventions. Nous les enlever, c’est tuer notre âme et notre mission », déplore le directeur général de la Colonie.

Il soutient qu’après que la Colonie ait décliné la dernière offre d’achat de la Ville et devant le désir de parapher une entente de partenariat à long terme avec Rio Tinto Fer et Titane (RTFT), la Ville a imposé une réserve foncière sur l’ensemble des propriétés de la Colonie. « C’est la première étape avant l’expropriation. […] Et je crains que les actions posées par la Ville finissent par faire disparaître la Colonie », affirme-t-il.

En effet, le 25 mars dernier, la Ville a imposé une réserve foncière sur les immeubles situés sur les terrains de la Colonie des Grèves et sur ceux des alentours ne lui appartenant pas ou plus afin d’en faire une aire de conservation naturelle.

« Cette réserve nous empêche de bâtir des bâtiments et de rénover ceux déjà existants qui nécessitent beaucoup d’ajustements », déplore Louis Ducasse.

Un partenariat avec RTFT

Le président du conseil d’administration de la Colonie des Grèves, Yves Beaulieu, soutient que la réserve foncière a mis en veilleuse la proposition initiale de RTFT qui était, selon lui, extraordinaire et sans précédent. « L’entente initiale entre la Colonie et RTFT s’échelonnait sur plusieurs années et nous rapportait beaucoup. Elle nous aurait permis de régler tous nos problèmes », explique-t-il.

C’est pourquoi, en avril dernier, RTFT s’est portée acquéreuse d’un terrain de plus de 100 000 pieds carrés auprès de la Colonie des Grèves, terrain situé aux côtés du parc de résidus miniers de l’entreprise. Selon un porte-parole de RTFT, cet achat devait s’inscrire dans la relance de la Colonie des Grèves afin de lui permettre de réaliser sa mission.

À ce moment, le conseil de ville de Contrecœur a adopté un règlement ayant pour but d’interdire l’abatage d’arbres dans cette zone en permettant à la Ville de diminuer de 20 % à 0 % cette activité.

Selon le procès-verbal du 4 mai 2021 de la Ville de Contrecœur, les élus ont adopté ce règlement considérant, entre autres, « qu’il est souhaitable de limiter dans un secteur donné, les coupes pour l’implantation de bâtiment, afin d’éviter que les bâtiments principaux et accessoires destinés aux colonies soient implantés dans les grands espaces boisés ».

M. Ducasse souligne que depuis plusieurs années, un zonage établit clairement ce qui peut être fait sur les terrains et sur la forêt du parc régional. « Il est clairement interdit de tenir des activités industrielles sur ces sites. RTFT a acheté un terrain du parc et a toujours été au courant que le zonage ne permettrait pas d’autres activités que celles des camps. Ils sont très à l’aise avec ce zonage et ont affirmé à maintes reprises qu’ils allaient respecter toute réglementation en place. […] RTFT nous a même confié qu’ils voulaient acheter ce lot pour s’assurer que la zone tampon d’arbres demeure pour cacher la butte de résidus miniers », souligne-t-il.

« Pourtant certaines personnes croient que nous voulons abattre des arbres et que nous ne n’avons plus la destinée de l’environnement de la Colonie à cœur, ajoute-t-il. C’est tout le contraire. Pourquoi une réserve foncière? On se le demande. Mais lorsqu’on affirme que c’est pour protéger la forêt, c’est faux. D’ailleurs, pourquoi exproprier tout le domaine si c’est pour protéger la forêt? »

Préserver et conserver

La mairesse de Contrecœur assure que le désir de la Ville d’acheter la Colonie des Grèves s’inscrit dans la volonté d’agrandir le Parc régional des Grèves sous forme d’aire publique de conservation, de protéger l’intégrité des immeubles et d’empêcher toute nouvelle construction ou usage susceptible d’en affecter l’état naturel.

« La Colonie a sa mission et la Ville a son devoir envers les citoyens. On répond par des résolutions et on pose des actions pour préserver et conserver ces lots », précise Maud Allaire.

De plus, elle ajoute que ce désir s’inscrit aussi dans la volonté de la Ville d’acheter de nombreux hectares de terrains dans ce secteur. « C’est pour joindre les sentiers existants au Parc régional des Grèves. En 2019, la Ville est allée chercher 68 hectares avec la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Nature action et Hydro-Québec. Puis, en 2020, la Ville a acheté 15 hectares supplémentaires pour aménager ces sentiers avec l’aide de la CMM, Nature action et la Trame verte et bleue. […] La Ville a toujours voulu acquérir les lots pour conserver l’environnement », assure-t-elle.

« C’est un dossier litigieux, on a un conseiller juridique. Nous allons continuer les démarches entamées par la Ville et par les résolutions adoptées par le conseil municipal », conclut Mme Allaire.

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