15 juin 2021 - 12:31
Le Sorelois parcourt 66 km en pleine canicule en hommage à Derek Aucoin
« J’ai mal partout, mais ça valait la peine » – Dominic Lavallée
Par: Jean-Philippe Morin

Dominic Lavallée a puisé dans ses derniers retranchements pour finir sa course de 66 km, le 6 juin dernier à Montréal. Photo Antoine Meunier photographe

Au moment de l’entrevue, deux jours après son exploit, Dominic Lavallée peinait encore à marcher. Il comptait, sur ses pieds, une dizaine d’ampoules. Son orteil a dû dire au revoir à son ongle. Mais une seule chose l’habitait : le devoir du sentiment accompli.

C’est dans cet état d’esprit que le Sorelois se trouvait, lui qui avait encore de la difficulté à retrouver ses émotions. Il vient de compléter, le 6 juin, une distance de 66 km à la course entre Contrecœur et l’Esplanade du Stade olympique. Le tout afin de rendre hommage à l’ancien #66 des Expos de Montréal, Derek Aucoin, décédé d’un cancer du cerveau le 26 décembre dernier, à l’âge de 50 ans.

« Je te parle et même encore deux jours plus tard, je ne réalise pas encore ce que j’ai fait! J’ai mal partout, mais ça valait la peine », lance l’homme de 37 ans au bout du fil.

Cette journée-là, la température affichait 42 degrés Celsius avec l’humidex. Impossible toutefois de changer la date puisque tout était organisé en fonction de cette journée, soit le sixième jour du sixième mois en hommage au #66. Pour se donner une chance, il a commencé à 5 h le matin. Il est finalement arrivé au Parc olympique peu avant 15 h.

« J’ai déjà travaillé dans une usine, alors je pensais savoir c’était quoi une journée chaude. Finalement, je n’étais pas du tout préparé à ça! », rigole le directeur des ventes de Ford et Mitsubishi Sorel-Tracy.

Ne pas lâcher

Au départ à Contrecœur, le Sorelois a démarré un peu trop rapidement, ce qui l’a rattrapé plus tard. « Ma préparatrice physique [Line Bouchard] me disait que j’allais trop vite. Je ne la croyais pas au début, mais finalement, elle avait raison! Le premier 42 km [soit la distance d’un marathon] n’a pas été si pire, mais la vingtaine de kilomètres en terminant, j’en arrachais! Soit je lâchais, soit je marchais, alors j’ai marché. Je ne voulais surtout pas lâcher, plein de personnes que j’aime m’attendaient au bout et je ne voulais pas les décevoir », raconte-t-il.

Un des moments les plus difficiles pour le moral a été lorsqu’il a atteint le parc industriel de Varennes, où la verdure était beaucoup moins présente que les usines. Le retour sur le bord de l’eau à Boucherville lui a donné un petit élan qui s’est toutefois affaissé en direction de Longueuil, alors que le soleil plombait très fort vers 11 h 30.

« À Longueuil, mon corps ne voulait plus avancer. Le pont Jacques-Cartier était tellement long à monter et aussi haut soit-il, il n’y avait aucun vent. Rendu à Montréal, je longeais les bâtiments pour essayer de courir à l’ombre, c’était tellement difficile avec les îlots de chaleur. J’avais hâte d’arriver », décrit-il.

Toutefois, vers la fin du parcours, la veuve de Derek Aucoin, Isabelle Rochefort et leur fils Dawson ont parcouru les 10 derniers kilomètres en vélo avec lui pour l’encourager.

« La première chose que j’ai faite en la voyant, c’est m’excuser de marcher! Isabelle m’a encouragé en me disant que j’allais le faire en dedans de 10 heures et que c’était mon objectif de départ. J’ai accéléré le pas un peu et à l’avant-dernier coin de rue, un homme qui avait couru plus de 200 marathons m’a dit que personne n’avait jamais fait ce que je faisais. Ça m’a donné un boost incroyable d’adrénaline et j’ai couru jusqu’à la fin », expose-t-il.

Double objectif atteint

Non seulement son objectif de faire la distance a été accompli, mais celui d’amasser des fonds pour la recherche en neuro-oncologie par le biais de l’Institut du cancer de Montréal a dépassé ses attentes. En date du 8 juin, plus de 21 000 $ avaient été amassés.

« Tout ça est parti de rien en janvier avec une idée de fou. On a commencé à amasser de l’argent en février, et puis voilà. C’est là qu’on voit quel impact cet homme plus grand que nature a laissé », conclut Dominic Lavallée.

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