28 août 2015 - 00:00
Il perd son pied et poursuit l’hôpital pour 200 000$
Par: Julie Lambert
Le Sorelois Dominic Riendeau intente une poursuite de 199 000$ contre cinq médecins et l’Hôpital Charles-LeMoyne après avoir été victime, selon lui, d’erreurs médicales. | Photo: TC Média - Julie Lambert

Le Sorelois Dominic Riendeau intente une poursuite de 199 000$ contre cinq médecins et l’Hôpital Charles-LeMoyne après avoir été victime, selon lui, d’erreurs médicales. | Photo: TC Média - Julie Lambert

Victime d’un grave accident de moto en août 2012, Dominic Riendeau avait une confiance aveugle à l’égard des médecins qui l’ont soigné. Aujourd’hui, le Sorelois intente une poursuite de 199 000$ contre l’Hôpital Charles-LeMoyne et cinq de ses médecins après que des décisions médicales aient changé sa vie à jamais.

Le 17 août 2012, vers 22h, le motocycliste est victime d’un accident de la route près de Verchères. Blessé après qu’une voiture l’ait percuté, il est transporté en ambulance à l’Hôpital Charles-LeMoyne, à Longueuil.

À son arrivée à l’hôpital, on évalue qu’il souffre de fractures ouvertes multiples au pied gauche, de plaies au genou et possiblement d’arthrotomie (ouverture de l’articulation) et d’une fracture du fémur gauche.

Le lendemain, les médecins réalisent une réduction ouverte et une amputation de certains de ses orteils ainsi qu’une réparation des plaies du genou. Le 25 août, il subit un drainage à son pied gauche.

« Les médecins ont étudié et ont des diplômes. Tu t’attends à être bien soigné quand tu entres dans un hôpital. C’est comme quelqu’un qui ne s’y connaît pas en voiture et qui va dans un garage. Le mécanicien lui explique qu’il faut tout changer et toi, tu lui fais confiance », souligne M. Riendeau.

De mal en pis

Du 25 août au 7 septembre, sa condition se détériore et le dessus de son pied devient nécrotique, son talon devient vert et la peau de son pied ainsi que celle autour de ses orteils se décolle.

Ce n’est que le 8 septembre qu’il subira une amputation de son pied gauche jusqu’à environ 20 cm de l’articulation du genou. « La gangrène a été détectée trop tard. Je dois subir une nouvelle opération parce qu’ils ont coupé ma jambe trop loin du genou, ce qui fait en sorte que j’ai de la difficulté à avoir une prothèse conventionnelle. »

Malgré de la douleur à son épaule gauche, ce n’est que le 14 septembre qu’on effectue une nouvelle échographie.

« Mon épaule a été aussi longue à se rétablir après plusieurs erreurs de diagnostic. J’en ai voulu beaucoup à ces gens qui sont supposés faire un suivi. J’ai encore des séquelles aujourd’hui », déplore-t-il.

Une poursuite deux ans plus tard

Après deux ans de réflexion, il a déposé une poursuite à la Cour supérieure du Québec le 17 août dernier. M. Riendeau et sa conjointe, Sylvie Trudel, réclament 199 000$ pour avoir subi des dommages en raison des fautes commises par le personnel médical, dont l’amputation de son pied gauche, d’avoir dû vivre une période de réadaptation douloureuse et très difficile physiquement et psychologiquement, d’avoir vécu et vivre encore avec de nombreuses douleurs en plus d’une perte de revenu.

« Je ne fais pas ça pour l’argent. Mon but est que les médecins aient une tache à leur dossier, que leurs erreurs ne passent pas dans le beurre. Je ne veux pas que les responsabilités de ces médecins soient banalisées. On a tendance à amoindrir les responsabilités dans la fonction publique. Ils sont actuellement imputables de rien alors que pour moi, tout ça a changé ma vie », conclut-il.

Sa cause sera entendue au palais de justice de Longueuil le 26 novembre prochain.

Appelée à se prononcer sur la poursuite, la porte-parole du CISSS Montérégie-Ouest, Chantale Vallée, n’a pas voulu émettre de commentaire sur le dossier de M. Riendeau. « On laisse le tribunal faire son travail. »

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