15 janvier 2020 - 15:46
« Il a vécu à fond sa vie pour ceux qui n’ont pas eu la chance de revenir » – Jacinthe Villandré
Par: Katy Desrosiers

Jean Trempe a rencontré le premier ministre Justin Trudeau lors de son séjour en Normandie en juin dernier. Photo Jacinthe Villandré

Des jeunes militaires en discussion avec M. Trempe, au Centre Juno le 6 juin. Photo Jacinthe Villandré

M. Trempe lors de son voyage en Normandie en juin dernier. Photo Jacinthe Villandré

M. Trempe lors de son voyage en Normandie en juin dernier. Photo Jacinthe Villandré

Le vétéran Jean Trempe a perdu la vie le mercredi 8 janvier, à l’âge de 94 ans. L’homme originaire de Montréal a passé une partie de sa vie à Saint-Louis et a travaillé comme camionneur à Sorel-Tracy. Son entourage se souviendra de lui comme une personne persévérante et pleine d’humour.

Paul Rousseau est préposé aux bénéficiaires en réadaptation à l’Hôpital Sainte-Anne, où M. Trempe résidait. Il avait développé une relation particulière avec le vétéran et était à ses côtés lors qu’il a remis les pieds dans l’eau sur la plage de Juno à l’occasion du 75e anniversaire du débarquement de Normandie.

« Il tissait. En Normandie, il avait apporté des linges à vaisselle pour remettre à Justin Trudeau. Quand il lui a remis, il lui a dit : «vous ne devez pas bien bien vous servir de ça«. Il faisait tout le temps des blagues », raconte M. Rousseau.

Le préposé est allé avec lui, pendant la Semaine des vétérans, rencontrer des élèves pour qu’il puisse parler de son parcours. « Il adorait tellement les enfants. Il sortait de là les yeux brillants et tellement plein de joie », souligne-t-il.

M. Trempe aurait aimé participer à un voyage aux Pays-Bas pour commémorer le 75e anniversaire de la libération de la Hollande, puisqu’il y a pris part. Cependant, sa santé ne lui permettait pas.

Lors de son séjour en Normandie en juin dernier, M. Trempe a été accompagné par Jacinthe Villandré, qui a été à l’emploi de l’hôpital Sainte-Anne pendant 30 ans.

« Il y a eu des moments difficiles. Le premier cimetière qu’on a visité, il m’a tenu la main tout le long de la cérémonie. Il se disait : «pourquoi moi et pas eux?«. Il a vécu à fond sa vie, pour ceux qui n’ont pas eu la chance de revenir », affirme Mme Villandré.

Pour lui, il était primordial de remettre les pieds dans l’eau à la plage de Juno. « Quand on est arrivés face à la Manche, il était en fauteuil roulant. Je lui ai dit qu’on était devant la plage. Il voulait se lever et courir. Il était un peu téméraire. […] On l’avait assis, enlevé ses souliers et ses bas et il s’en allait! Les gars (Paul Rousseau et un lieutenant-général) n’avaient même pas encore enlevé leurs chaussures! », se souvient-elle.

« Mon père, c’est mon héros à sa façon. C’était mon ami. […] Quand il est passé à la télé et qu’il a été inauguré à la fête du jour du Souvenir, j’ai réalisé plein de choses. Il me parlait de la guerre, mais je ne réalisais pas. Pour moi, c’était mon père », avoue sa fille, Denise Trempe.

« Il était tout le temps heureux. […] Il aimait taquiner, ajoute-t-elle. Il se levait avec le sourire et se couchait avec le sourire. Il avait une belle philosophie de vie. »

Le président de la Filiale 117 de la Légion Canadienne, Denis Duguay, se souvient que M. Trempe avait toujours de bonnes histoires à raconter. Le vétéran était membre de la section locale depuis une quarantaine d’années et il continuera de l’être à titre honorifique.

Des démarches sont en branle pour créer une plaque commémorative. M. Duguay approchera le maire Serge Péloquin pour nommer une rue en son honneur.

Il ajoute que M. Trempe était un grand athlète qui a participé à plusieurs marathons et qui faisait activement du vélo.

Une carrière militaire bien remplie

Jean Trempe s’est enrôlé à l’âge de 18 ans, même si sa famille le désapprouvait. Il a quitté pour l’Europe en 1943 après un entraînement d’artilleur à Longueuil. En Angleterre, il s’est porté volontaire pour faire partie de l’infanterie. Lors du débarquement de Normandie, il a été le héros d’un petit Français de quatre ans qui se trouvait au milieu du chaos, en le plaçant à l’abri du danger.

Par la suite, son régiment a libéré de l’occupation allemande plusieurs villages dans le nord de la France, en Belgique et en Hollande.

Jusqu’à un an après l’Armistice, il est demeuré en Allemagne pour l’occupation d’après-guerre. En reconnaissance des services rendus, il a reçu la médaille du 150e du Canada en mars 2017. Sa dernière apparition publique fut lors des célébrations pour le jour du Souvenir à Sorel-Tracy, le 10 novembre 2019.

Avec la collaboration de Sébastien Lacroix 

 

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