13 mai 2020 - 00:49
Pour contrer la fermeture des salles à manger
Des restaurateurs se réinventent avec la livraison et les plats pour emporter
Par: Katy Desrosiers

Rémy Salvail du Distingo Resto/Pub affirme que les clients apprécient grandement le service de plats pour emporter. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Les restaurateurs de la région ont dû se retrousser les manches afin de demeurer ouverts malgré la fermeture requise des salles à manger. Certains ont opté pour la livraison, d’autres pour les commandes à emporter et quelques-uns ont même mis en place les deux.

Le copropriétaire du restaurant Le Fougasse, Jean-Philippe Boulet, la copropriétaire du restaurant Le Belvédère, Jessica Mireault et le propriétaire du restaurant Distingo, Rémy Salvail, s’entendent tous pour dire que la décision de se réinventer s’est prise presque instantanément.

« Il fallait essayer quelque chose parce que les frais, ça continue de rouler. Pour la livraison, je me suis demandée comment je pouvais m’organiser toute seule et comment je pouvais aider les gens », explique Jessica Mireault, qui offre aussi la livraison de produits de base comme des fruits et légumes.

Pour le moment, elle est seule en cuisine et son conjoint effectue les livraisons. Un site transactionnel a été créé pour faciliter les commandes. Ceux qui ne seraient pas à l’aise avec la plateforme peuvent aussi commander par téléphone. Dans les prochaines semaines, Mme Mireault souhaite offrir des repas pour emporter, ce qui lui permettrait d’augmenter le nombre de commandes et de réembaucher des employés.

Au restaurant Le Fougasse, Jean-Philippe Boulet a voulu offrir la livraison et les repas pour emporter d’abord pour conserver le plus d’emplois possible. L’équipe du service est normalement composée d’étudiants et d’employés réguliers. Le copropriétaire a pu garder les employés réguliers et les réaffecter à différentes tâches comme la prise de commandes et la livraison. En cuisine, l’équipe est presque complète. Le restaurant bénéficie aussi de la subvention salariale offerte par le gouvernement.

« L’autre raison, c’est que tu perds la fidélité de tes clients. Si tu fermes, c’est facile de perdre ce lien de confiance. Ils peuvent aller ailleurs », relate-t-il.

Au Distingo Resto/Pub, Rémy Salvail savait bien qu’avec la situation qui dégénérait, le restaurant ne resterait pas ouvert bien longtemps. Il s’était donc préparé, même s’il a dû remercier une partie de son personnel. « Il faut réduire le menu parce que certaines choses ne s’emportent pas très bien. Et il faut que ça se fasse rapidement parce que nous, c’est du prêt-à-manger. C’est chaud quand les gens viennent le chercher », raconte-t-il.

Heureusement, chez les trois restaurateurs, les clients sont au rendez-vous. Au restaurant Le Fougasse et au Distingo Resto/Pub l’équipe en cuisine produit presque le même nombre de repas qu’à l’habitude. Rémy Salvail explique qu’il y a toutefois une baisse des revenus puisqu’ils ne peuvent compter sur la vente d’alcool en salle. Au Belvédère, la propriétaire croit que certains ne savent pas encore que le restaurant offre la livraison. Tranquillement, le nombre de commandes augmente.

Pour la suite?

Tant que la situation ne reviendra pas à la normale, les restaurateurs comptent conserver leur formule. Pour ce qui est d’adapter la salle à manger en prévision d’une réouverture, ils y travaillent, mais se demandent si les gens seront au rendez-vous.

« En Allemagne, les salles sont à 50 % de leur capacité, il y a des plexiglas entre chaque personne et les gens doivent arriver avec leur masque, l’enlever pendant le repas et le remettre pour partir. Ils doivent donner leurs coordonnées au cas où il y aurait des cas répertoriés, pour retracer qui était assis où. L’expérience client n’est plus la même. Tu vas au resto pour te détendre, mais quand il y a tellement de mesures qui t’enlèvent ton bonheur, est-ce que les gens vont vouloir venir? », constate Jean-Philippe Boulet.

Même son de cloche du côté de Jessica Mireault. « Un des dirigeants de la Cage aux sports disait : « Aller au restaurant si t’as l’impression d’aller à l’hôpital. T’es mieux de ne pas ouvrir la salle.«  Il faut que le côté plaisant soit là », renchérit-elle.

Rémy Salvail, lui, affirme qu’il faut prendre le tout semaine après semaine. Il continue de travailler sur différents projets qui étaient en cours avant la pandémie comme la terrasse.

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