2 juin 2021 - 12:46
Des recycleurs de métaux de la région profitent des prix exorbitants du marché
Par: Alexandre Brouillard

Patrick Blanchard, propriétaire de Matériaux recyclés Sorel-Tracy, affirme que la valeur actuelle de certains métaux est hors du commun. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Alors que le prix de certains métaux, tels que le cuivre, le fer et l’aluminium ont atteint des sommets inégalés lors des dix dernières années, des recycleurs de métaux de la région en profitent pour vendre leurs réserves et ainsi remplir leurs coffres.

« Il y a toujours des cycles dans notre domaine, mais en ce moment, la situation est hors du commun. Pour les entreprises de recyclage de métaux comme moi, qui avaient de gros inventaires, nous venons de gagner à la loterie », affirme d’emblée Patrick Blanchard, propriétaire de Matériaux recyclés Sorel-Tracy.

Il y a un mois, le prix du cuivre est monté à 9965 $ la tonne sur le London Metal Exchange (LME). Un sommet qui n’avait pas été atteint depuis 2011. Même situation pour le minerai de fer qui a vu son prix doubler au mois d’avril pour atteindre un sommet historique à 193,85 $ la tonne.

« Il y a manifestement une hausse, dénote Nick Poupart, directeur de Gap Recyclage International situé à Saint-Joseph-de-Sorel. Toutefois, c’est un marché qui fluctue énormément, je ne crois donc pas que la tendance à la hausse va se maintenir encore très longtemps. »

Alors que plusieurs personnes appuient l’idée que la pandémie aurait poussé des gouvernements à adopter des mesures de relance qui ont stimulé la consommation au niveau mondial et ainsi contribué à la flambée des prix de certains métaux, le LME pointe du doigt la faiblesse du dollar américain qui aurait poussé des entreprises à acheter massivement certains métaux. De plus, l’augmentation de la demande chinoise, principal pays consommateur de métaux au monde, à l’endroit de certains métaux aurait également joué un rôle dans la hausse.

« Habituellement, le prix des métaux est conforme au reste de l’économie. Actuellement, c’est la folie dans plusieurs domaines et les métaux n’y échappent pas », croit M. Poupart.

M. Blanchard ajoute que « la pandémie est venue bouleverser plusieurs aspects de notre vie, dont l’offre et la demande des métaux ».

Un marché fluctuant

Malgré la hausse des prix de plusieurs métaux, lors des derniers mois, le LME a récemment noté des baisses de prix pour certains d’entre eux. Le prix du cuivre a baissé de 0,3 %, celui de l’aluminium de 2,3 % et celui du zinc de 1,2 %.

« Il est évident que les prix ne demeureront pas toujours aussi élevés. Tout comme pour le prix du bois, je crois que le prix des métaux va se réguler prochainement », avance Nick Poupart.

Selon le LME, ces récentes baisses de valeurs de certains métaux s’expliquent du fait que plusieurs gouvernements, dont celui de la Chine, ont demandé aux principales entreprises nationales de contrôler les irrégularités du marché et de maintenir la stabilité des produits de base.

« Je n’ai aucune idée si les prix vont continuer à augmenter, mais la situation actuelle a mis mon entreprise sur la map. J’espère toutefois que cela va durer », mentionne Patrick Blanchard.

Local et international

Les recycleurs de métaux de la région achètent toutes sortes de produits composés de métal, comme des tuyaux, des vieux appareils domestiques, des moteurs et même des carcasses de voiture, pour ensuite les trier et les revendre à des fonderies québécoises et situées à l’international.

« Nous vendons principalement à des fonderies québécoises, soutient Nick Poupart. Mais nous faisons aussi affaire à l’international, comme en Asie, en Amérique du Sud et en Europe. »

De son côté, le propriétaire de Matériaux recyclés Sorel-Tracy vend beaucoup de métaux aux Forges de Sorel ou à ArcelorMittal, par exemple. « Au final, qu’on vende localement ou à l’international, les prix nous sont favorables depuis le début de l’hiver », conclut Patrick Blanchard.

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