16 mai 2016 - 00:00
Des patients attachés et isolés plus que jamais à Sorel-Tracy
Par: Sarah-Eve Charland
L'Hôtel-Dieu de Sorel. | TC Média - Archives

L'Hôtel-Dieu de Sorel. | TC Média - Archives

Le département de santé mentale du Centre de santé et de services sociaux Pierre-De Saurel attache et isole souvent ses patients, dénonce le Collectif de défense des droits de la Montérégie. Au cours des deux dernières années, le personnel a eu recours à 111 reprises aux mesures de contention et d’isolement, selon des données obtenues par le Collectif via une demande d’accès à l’information, dont le Journal a obtenu copie.

À lire aussi:

Hôtel-Dieu de Sorel : « Notre objectif n’est pas la contention »

Les mesures de contention consistent à attacher les patients ou limiter la liberté de mouvement ou d’utiliser des substances chimiques pour contrôler les personnes. Ces mesures sont particulièrement utilisées en santé mentale.

« On constate, malheureusement, qu’on les utilise de façon presque banale, mais pas nécessairement lorsque la sécurité est mise en danger. La mesure de contention devrait être une mesure d’exception […] Il s’agit d’une atteinte aux droits fondamentaux », déplore le coordonnateur du Collectif de défense des droits de la Montérégie, André Leduc.

Le ministère de la Santé du Québec a affirmé, dans ses orientations ministérielles en 2012, « la nécessité d’en arriver dans les meilleurs délais à réduire de façon substantielle, et si possible à éliminer, le recours à de semblables mesures. »

Le Collectif et une patiente ont d’ailleurs gagné une cause le 15 mai 2015 contre le CSSS du Suroît. La Cour Supérieure a reconnu les dommages causés par l’usage excessif de cette mesure envers les patients. L’Hôpital a dû remettre 600 000$ aux poursuivants.

C’est pour cette raison que le 15 mai a été désignée comme la Journée nationale «Non aux mesures de contrôle». Le 13 mai, plusieurs manifestations se sont déroulées à Longueuil pour réclamer des changements.

« Les patients, qui ont été sous contention, sont traumatisés. Ils ne veulent plus retourner à l’hôpital pour se faire soigner. Les gens vivent dans la honte. Ils vivent une humiliation », dénonce M. Leduc.

Il croit que l’hôpital de Sorel-Tracy peut s’inspirer d’autres centres hospitaliers. En 2015, l’hôpital Pierre-Boucher à Longueuil a gagné le Prix Orange de l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) pour s’être doté d’une nouvelle politique.

« Nous travaillons actuellement à partager ces bonnes pratiques dans chacun de nos centres hospitaliers », affirme la conseillère en communication du CISSS Montérégie-Est, Catherine Latendresse.

Revendications du Collectif de défense des droits de la Montérégie

– L’élimination des mesures de contrôle que sont l’isolement et la contention physique et chimique et qu’elles soient remplacées par des mesures préventives et alternatives basées le respect des droits de la personne et de leur exercice.

– L’élaboration de formations générales et continues diffusées aux professionnels de la santé sur la réalité.

– La mise en place d’approches thérapeutiques basées sur des activités sociales, environnementales, culturelles, spirituelles, sportives, etc.

– Une intervention et un leadership de la part des directions des CISSS de la Montérégie.

image
image