6 février 2020 - 15:13
Chantier des Habitations Bosco
Des parents inquiets pour la sécurité des enfants
Par: Katy Desrosiers

Sarah Alarie et Mme Mondou s’inquiètent de la sécurité des enfants aux abords du chantier. Photo Katy Desrosiers | Les 2 Rives ©

Lors de notre passage près du chantier le 30 janvier, un camion s’est aventuré sur le boulevard Cournoyer avant l’entrée des élèves à l’école. Photo Katy Desrosiers | Les 2 Rives ©

Des parents dont les enfants fréquentent l’école primaire Saint-Jean-Bosco s’inquiètent pour la sécurité aux abords du chantier des Habitations Bosco. Selon eux, plus de surveillance devrait être faite pour s’assurer que les enfants se rendent en classe en toute sécurité.

Ils estiment que depuis le début du chantier, plusieurs situations problématiques sont survenues. Ils se questionnent sur la responsabilité de la Ville de Sorel-Tracy et de l’entrepreneur Construction Alexandre Bélisle à assurer la surveillance.

Avant le début du chantier, une réunion impliquant la Ville de Sorel-Tracy, la Commission scolaire de Sorel-Tracy, la Sûreté du Québec et l’entrepreneur a été organisée. Il a alors été convenu d’éviter la circulation de camions lourds sur le boulevard Cournoyer et la rue Frontenac lors des entrées et sorties des élèves à l’école.

M. Héroux est papa d’élèves de l’école. La semaine dernière, il a constaté une situation problématique.

« J’ai vu un lift reculer dans la rue, pas de signaleur. […] J’étais au coin de la rue avec mon gars. Qu’est-ce qu’il lui dit qu’il n’y avait rien derrière ses roues quand il a reculé, qu’il n’y avait pas un [enfant] qui arrivait de l’autre bord et qui a glissé? […] Au Port de Montréal à Contrecœur, un homme s’est fait tuer par un lift. Un homme, sur un chantier, avec un dossard orange. […] Dans la cour, il avait d’affaire là. Ici la machinerie, elle n’a pas d’affaire dans la rue avec les enfants », lance-t-il.

« Une fois, mon conjoint, qui est camionneur, est arrêté pour aller faire de la signalisation [pour un camion] parce que le gars avait de la misère à reculer juste pour rentrer et nous on était à pied », raconte Sarah Alarie, une des parents.

« Quand la cloche est sonnée, c’est correct. Quand les enfants sont en dedans, en sécurité, c’est parfait, mais là, timez-vous. Ça joue sur les limites le matin et après l’école », précise Mme Mondou, une autre mère.

Mme Alarie souligne aussi qu’à quelques reprises, des clôtures semblaient ouvertes pour aucune raison, alors qu’elles devraient s’ouvrir seulement pour laisser passer des véhicules ou rentrer de la marchandise. Une fois, des parents ont dû sortir des enfants qui avaient réussi à s’aventurer sur le chantier.

Les parents affirment qu’une équipe de sécurité de la Ville est allée sur les lieux, mais qu’elle n’est venue qu’à quelques reprises, sans bien indiquer les chemins alternatifs aux enfants lorsqu’ils ne pouvaient pas emprunter le trottoir près du chantier.

« Ce que je souhaite, c’est que la Ville prenne connaissance de la situation sur le terrain et pas juste une fois. D’un matin à l’autre, on ne sait pas ce qui va nous attendre. C’est aléatoire, puis c’est normal, c’est un chantier. Par contre, il y a matière à gérer la sécurité facilement et personne ne fait rien. Ce serait l’fun qu’ils demandent à ceux qui le vivent ce qui se passe puis ce qu’on pourrait faire éventuellement, comme de la surveillance constante », mentionne Mme Mondou.

« Il y a des parents qui ne peuvent pas accompagner. Les enfants devraient être capables de venir à l’école seuls, si l’école juge qu’on habite trop proche. Faudrait que ça puisse se faire sécuritairement et en ce moment, ce n’est pas le cas », explique Mme Alarie.

Les enfants qui fréquentent l’école Saint-Jean-Bosco sont âgés entre 4 et 9 ans.

Quelques parents ont fait des démarches, entre autres, auprès de la conseillère du quartier Sylvie Labelle, de la Sûreté du Québec et de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) afin de partager leurs craintes. Ils remarquent que la Sûreté du Québec effectue plus souvent de la surveillance dans le secteur. Du côté de la FTQ, on leur aurait répondu qu’un avis avait été envoyé à la Ville concernant le chantier, puisque c’est la Ville qui devrait s’occuper de la sécurité en tout temps. La FTQ n’a pas retourné notre appel.

La Ville au fait du dossier

La conseillère du quartier, Sylvie Labelle, qui est aussi présidente de la Commission scolaire de Sorel-Tracy, est en constante communication avec les parents et le greffier de la Ville sur ce dossier.

Elle affirme que l’agence de sécurité embauchée par la Ville s’est rendue sur place plusieurs fois pour assurer la sécurité depuis le début des travaux, dont certaines périodes pendant plusieurs jours consécutifs.

Une entente a bien été établie avec l’entrepreneur pour les heures de circulation des camions et les rues à utiliser. La semaine dernière, un sous-traitant n’a pas respecté l’entente et l’entrepreneur a été averti.

« Ils ont été très rassurants. […] Il y a eu une réponse immédiate de la personne, qui nous assure que les gens vont être rencontrés, resensibilisés et que ça ne se reproduira plus », assure la conseillère municipale.

Mme Labelle croit qu’une nouvelle rencontre, avec les parents cette fois, pourrait être une option.

Le greffier René Chevalier mentionne que la Ville a une bonne relation avec l’entrepreneur.

« Ça implique beaucoup de corps de métier, de livraison de matériaux. […] On ne peut pas dire qu’ils ont 100 % [comme note]. Il y a eu de petits événements isolés. […] Mais ce n’est pas à la demande du contracteur, il y a peut-être des livreurs ou des sous-contractants qui n’ont pas respecté [l’entente] », explique M. Chevalier.

« Le problème c’est qu’on appelle le contracteur quand le mal est fait, que c’est porté à notre attention. On a travaillé très fort à la sécurité des élèves lors du début du chantier, mais quand la fondation a été faite et que le contracteur montait les murs, le problème était lors de la livraison des matériaux par le boulevard Cournoyer. Je dirais qu’à quatre reprises depuis le début, on n’a pas respecté les consignes », ajoute-t-il.

Comme la Ville ne peut délivrer une amende, elle se contente d’aviser l’entrepreneur lorsqu’une plainte est reçue.

La directrice de l’école, Louise Harper, est de retour depuis une semaine d’un long congé. Elle affirme que ni elle, ni sa remplaçante n’ont reçu pour le moment de plaintes de parents. Elle explique qu’au début des travaux, la Ville a assuré de la surveillance pendant plusieurs jours, voire semaines. Une attention particulière est portée à la sécurité des enfants et Mme Harper atteste que si une situation plus périlleuse survenait, elle communiquerait directement avec l’entrepreneur et la Ville.

« Autour d’une école, […] ça demande une vigilance de tous les instants, construction ou pas, particulièrement l’hiver. […] Des élèves à pied, j’en n’ai pas des tonnes, mais un accident, ce serait un accident de trop », conclut-elle.

La Sûreté du Québec impuissante

Ingrid Asselin, porte-parole pour la Sûreté du Québec, affirme que des requêtes concernant ce dossier ont déjà été logées et que des policiers ont effectué de la surveillance à cet endroit pour s’assurer que les déplacements se fassent en fonction de la circulation des élèves.

Dans un tel projet, la Sûreté du Québec n’a qu’un rôle de surveillance, sauf si elle constate des actions non sécuritaires. Dans ce cas-ci, aucune observation n’a été rapportée.

L’entrepreneur général assure que la sécurité est une priorité

Construction Alexandre Bélisle, en charge de la construction des Habitations Bosco, assure que depuis le début des travaux, l’environnement du chantier est le plus sécuritaire possible. D’autant plus que celui-ci se trouve près d’une école.

L’entreprise affirme que des inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) visitent le chantier toutes les semaines afin de s’assurer de la conformité. Aussi, des caméras sont installées sur le chantier qui est en tout temps éclairé. Elle mentionne aussi que la Sûreté du Québec est passée à plusieurs reprises pour vérifier que tout était sécuritaire.

L’entrepreneur souligne aussi être en communication constante avec la Ville et la Sûreté du Québec pour les prévenir lors de certaines opérations plus d’envergure.

Construction Alexandre Bélisle a précisé que la situation de la semaine dernière, avec le camion qui a reculé pendant la circulation des élèves, a été portée à leur attention. L’entreprise souligne que la personne concernée s’est justifiée, en précisant avoir bien regardé si des élèves se trouvaient autour avant d’entrer sur le chantier avec le camion et d’y rester. Un rappel lui a été fait en précisant qu’il fallait tout de même attendre que la cloche soit sonnée, soit après 8 h, avant d’effectuer une telle manœuvre. Les autres travailleurs et sous-traitants seront aussi rencontrés et contactés pour s’assurer que tous se souviennent de la consigne, qui leur a déjà été partagée.

Du côté de l’entreprise, on mentionne que la première semaine du chantier, des brigadiers étaient sur place pour faire traverser les gens et qu’ils s’habituent à s’éloigner du chantier. Cependant, il n’y en a plus depuis.

L’entrepreneur général est ouvert à recevoir les commentaires des parents et gens du quartier et souligne qu’ils peuvent les contacter en tout temps s’ils ont des inquiétudes.

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