8 juillet 2020 - 01:05
Traverse Sorel-Tracy–Saint-Ignace-de-Loyola
Des matelots sauvent un planchiste à voile d’une mort certaine
Par: Jean-Philippe Morin

Mathieu Ménard-Sansoucy et Pierre Charland se sont précipités au canot de sauvetage du traversier pour sauver un planchiste à voile de la noyade. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Le capitaine de relève, Stéphane Descheneaux, a maintenu le contact radio avec ses matelots tout au long de l’intervention. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Alors que des vents de 56 km/h frappaient, le 24 juin dernier, un planchiste à voile s’est retrouvé dans une situation difficile, près du quai de Saint-Ignace-de-Loyola. C’est alors que deux matelots de la traverse Sorel-Tracy–Saint-Ignace-de-Loyola se sont précipités à bord du canot d’urgence et ont extirpé l’homme de sa fâcheuse position.

« Quand on est arrivés pour s’accoster [au quai de Sainte-Ignace], il s’en venait vers notre bateau. Il s’est alors lancé à l’eau pour probablement nous éviter, mais là, il était coincé sous sa voile. Avec le vent et les vagues, il avait de la difficulté à s’accrocher à sa planche », raconte un des deux matelots, Mathieu Ménard-Sansoucy.

L’autre matelot, Pierre Charland, conduisait l’embarcation d’urgence, tandis que Mathieu Ménard-Sansoucy tentait d’embarquer l’homme dans la cinquantaine à bord.

« Il était épuisé, il avait passé plusieurs secondes sous l’eau en tentant de grimper sur sa planche. Quand il a réussi à remonter, il est aussitôt retombé. Dès notre arrivée, il nous a clairement dit qu’il n’était plus capable. Il haletait beaucoup. Quand j’ai essayé de l’embarquer, il ne voulait pas lâcher sa planche, probablement un geste de panique. Il me demandait de le lâcher parce qu’il tenait vraiment à sa planche, mais je ne pouvais pas faire ça. Il serait mort », élabore M. Ménard-Sansoucy.

Le planchiste avait de la difficulté à monter sur l’échelle. Mathieu Ménard-Sansoucy a ensuite agrippé l’homme par les épaules pour le placer sur le côté du bateau. La Sûreté du Québec, avec son embarcation, est arrivée quelques minutes plus tard afin d’épauler les matelots dans le sauvetage.

Un travail d’équipe

Pendant que Mathieu Ménard-Sansoucy s’occupait du planchiste et de sa planche, Pierre Charland tenait un autre bout de la planche tout en conduisant le bateau dans les imposantes vagues. « Pierre est tout un pilote. Si j’étais intervenu avec quelqu’un d’autre que Pierre, il y aurait peut-être eu un blessé », remarque M. Ménard-Sansoucy.

« J’étais dans ma bulle, il était dans sa bulle, personne n’a levé le ton. Tout s’est bien passé », renchérit Pierre Charland. « On dérivait beaucoup, poursuit-il. C’était dangereux pour s’échouer. C’est pour ça qu’il fallait rester en constante communication. Avec Mathieu, c’était bien, parce qu’on a un lien de confiance. C’est ce qu’on appelle un travail d’équipe. »

Les matelots étaient aussi en communication avec le capitaine de relève, Stéphane Descheneaux. Le pilote demandait constamment des nouvelles à ses hommes.

« Dès que j’ai dit aux gars de descendre le bateau de sauvetage, ça s’est déroulé très rapidement. Je leur demandais à la radio s’ils avaient besoin d’assistance ou d’une ambulance. Ils ont vraiment bien travaillé, j’étais là en support à distance. Les patrons m’ont félicité, mais je leur ai spécifié que ce n’est pas moi qu’il faut remercier, mais bien les matelots! », souligne-t-il.

En plus d’être capitaine de relève à la Société des traversiers du Québec (STQ), M. Descheneaux est aussi directeur du Service incendie de Saint-David et capitaine à la Régie d’incendie de Pierreville–Saint-François-du-Lac. C’est pourquoi pour lui, la formation est essentielle.

« Toutes les deux semaines, on a des exercices obligatoires. Les gars sont formés pour ça. On adapte les formations chaque année à ce qu’on vit ici, à Sorel-Tracy et Saint-Ignace. Nos bateaux sont bien équipés », explique Stéphane Descheneaux.

Ni les matelots, ni le capitaine n’ont eu des nouvelles du planchiste depuis l’incident. Il avait alors refusé d’être transporté à l’hôpital par ambulance et semblait bien se porter malgré les circonstances.

Deuxième sauvetage en sept mois

Il s’agit d’un deuxième sauvetage en sept mois pour les matelots de la traverse Sorel-Tracy–Saint-Ignace-de-Loyola.

Le 9 novembre dernier, le matelot Martin Légaré avait sorti des eaux glaciales une dame qui s’y était jetée afin de sauver son chien, près du quai de Sorel-Tracy. Mathieu Ménard-Sansoucy avait aussi participé à cette opération de sauvetage par la suite. Il était accouru avec le sac d’équipement de survie du traversier pour prendre la victime en charge après le geste héroïque de son collègue, qui a réussi à sauver à la fois la dame et son chien.

Pierre Charland travaille depuis 14 ans pour la STQ à Sorel-Tracy. Mathieu Ménard-Sansoucy depuis cinq ans. Les deux hommes n’avaient jamais eu à intervenir à deux reprises en si peu de temps. « Ce sont des grosses interventions. Quand l’adrénaline embarque, plus rien ne compte », conclut M. Ménard-Sansoucy.

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