9 février 2021 - 14:03
Déconfinement partiel dans la région : des heureux… et des mécontents
Par: Deux Rives

Martin Rousseau dénonce la décision du gouvernement d’encore une fois garder les gyms fermés. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Les propriétaires des Chaussures La Barre, Philippe La Barre et Marie-Josée Morin, sont heureux de pouvoir à nouveau accueillir des clients. Photo gracieuseté

Rémy Salvail, propriétaire du Distingo Resto-Pub, déplore que les restaurants soient les derniers à rouvrir. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Janick Verville en compagnie d’une des premières clientes lors de la réouverture des salons en juin. Photo Katy Desrosiers | Les 2 Rives ©

Le propriétaire du Cinéma Saint-Laurent, Guillaume Venne. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

La directrice du Biophare est prête à accueillir les gens dans les locaux du 6, rue Saint-Pierre à Sorel-Tracy depuis le 9 février. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Stéphanie Desmarais, directrice générale du Cégep de Sorel-Tracy, a hâte de revoir ses étudiants en classe. Photothèque | Les 2 Rives ©

Des textes de Jean-Philippe Morin, Alexandre Brouillard et Katy Desrosiers

Alors que les commerces et les musées ont rouvert leurs portes le 8 février, d’autres pans de l’économie rongent toujours leur frein, comme les restaurants et les gyms. Le journal Les 2 Rives a parlé à différents intervenants touchés par les mesures de déconfinement annoncées. (Pour les voir, il faut défiler la galerie photo ci-haut)

Le milieu des affaires soulagé

Avec la réouverture des commerces le 8 février, le monde des affaires pousse un soupir de soulagement. C’est le cas du magasin Chaussures La Barre qui pourra accueillir des clients pour la première fois depuis le 25 décembre dernier.

« Nous avons été frappés de plein fouet par la COVID-19, et naturellement nous sommes en deçà de nos chiffres habituels. Les dernières semaines n’ont pas été faciles, mais nous avons réussi à survivre, d’une certaine façon, avec la vente en ligne via nos plateformes Instagram et Facebook », mentionne Philippe La Barre, copropriétaire de Chaussures La Barre.

M. La Barre se réjouit de pouvoir accueillir à nouveau ses clients dans son magasin, selon les mesures sanitaires en vigueur. « La situation sera comme avant Noël. Nous pourrons recevoir un maximum de huit personnes en même temps et tout notre matériel sera désinfecté », explique-t-il.

Face à la pandémie, le copropriétaire tenait à souligner la réactivité exceptionnelle de sa communauté. « Notre gang est super! Malgré les mesures des dernières semaines, nous avons effectué beaucoup de livraisons et de cueillette en magasin. Nous voulions offrir le meilleur service possible et nous avons même livré des chaussures à des personnes âgées vivant en résidence. Lors des prochaines semaines, nous liquiderons nos inventaires d’automne et d’hiver parce que nous commençons déjà à recevoir nos items de printemps », conclut-il.

Aux Promenades de Sorel, depuis le 8 février, les mesures sanitaires en vigueur avant la période des Fêtes sont à nouveau valables. « La seule nouveauté, des agents de sécurité sont présents en tout temps, minimalement jusqu’au 14 février, pour éviter le flânage ou les attroupements », explique Brigitte Pouliot, directrice des communications chez Cogir immobilier.

Une ouverture attendue pour le Biophare

Alors que les musées peuvent ouvrir leurs portes depuis le 8 février, la directrice du Biophare, Anne-Marie Dulude, se réjouit de pouvoir à nouveau accueillir des visiteurs entre ses murs.

« C’est une bonne nouvelle de pouvoir ouvrir au public. On est contents que le gouvernement nous considère et on est prêts à accueillir des visiteurs », indique-t-elle.

Toutefois, plusieurs activités ne pourront avoir lieu, comme les animations, les sorties scolaires ou les conférences. « Ces temps-ci, d’habitude, on est en plein dans les sorties scolaires. On accueille plein d’élèves, mais on ne peut pas le faire cette année. Même chose pour les conférences, qu’on a dû remettre à plus tard », explique Mme Dulude.

Une activité, le rallye-bottines, est toutefois organisée en collaboration avec la Ville de Sorel-Tracy jusqu’au 7 mars. Le jeu de recherche et d’observation, qui représente un rendez-vous familial de 45 minutes sur un trajet de 1,5 km au parc Regard-sur-le-Fleuve, est disponible en ligne sur le site web de la Ville.

Les personnes voulant tout de même assister aux deux expositions permanentes, soit L’appel du large et l’Observatoire du Lac Saint-Pierre, peuvent se présenter aux locaux du 6, rue Saint-Pierre à Sorel-Tracy. Un guide pourra les accueillir et leur faire vivre l’exposition.

Il est également possible de voir l’exposition itinérante La nature du Saint-Laurent jusqu’en septembre. Cette dernière sera ensuite déplacée dans un autre musée.

L’option des expositions virtuelles est aussi toujours sur la table. Par exemple, la dernière, Naviguer sur le Saint-Laurent, est disponible au www.naviguersurlesaint-laurent.com.

Le Biophare est ouvert depuis le 9 février. Ses heures d’ouverture sont du mardi au vendredi, de 10 h à 17 h et le samedi de midi à 17 h.

Retour en classe graduel au Cégep de Sorel-Tracy

Le 8 février, plusieurs étudiants étaient de retour sur leurs campus partout au Québec. La directrice générale du Cégep de Sorel-Tracy, Stéphanie Desmarais, précise que la fréquence à laquelle les étudiants pourront aller en cours physiquement reste à déterminer à Sorel-Tracy.

« Le comité de direction et la direction des études se rencontrent le lundi 8 février pour déterminer le plan de match. Nous avons de deux à trois semaines pour mettre les choses en place. Nous offrirons plusieurs opportunités aux étudiants de fréquenter le collège. Idéalement, nous souhaitons que chaque étudiant puisse venir au cégep une fois par semaine », explique Mme Desmarais.

Lors du retour des étudiants, plusieurs contraintes physiques demeureront en place. Le port du masque de procédure sera obligatoire en tout temps. La distanciation de 1,5 mètre dans les classes et de 2 mètres partout ailleurs dans le cégep devra également être respectée en tout temps.

Pour favoriser la collaboration des cégépiens, des groupes de six étudiants seront acceptés pour des activités pédagogiques. « Concernant les cours, certains vont demeurer 100 % à distance pour des raisons de logistique. De plus, grâce à nos trois laboratoires d’enseignement comodal, nous offrirons des cours où l’enseignant sera en classe avec un nombre limité d’étudiants, alors que les autres seront en ligne depuis leur domicile », précise Mme Desmarais.

Pour la directrice générale, l’enjeu majeur sera les gens qui ne peuvent pas ou qui ne souhaitent pas se déplacer au cégep. « Nous devrons étudier ces cas. Certains étudiants-athlètes habitent en région éloignée tandis que d’autres ont une crainte de revenir au Cégep à cause de la pandémie. Nous croyons tout de même arriver avec un bon plan et nous avons bon espoir de réintégrer plusieurs activités », conclut-elle.

Le propriétaire du Cinéma St-Laurent peu surpris du prolongement des mesures

Le propriétaire du Cinéma St-Laurent de Sorel-Tracy, Guillaume Venne, s’attendait à ce que les cinémas demeurent fermés après le 8 février. C’est pourquoi il n’a pas été surpris outre mesure lors de l’annonce de François Legault, le 2 février.

« On s’y attendait, mais on voit ça positivement que les cinémas puissent ouvrir en zone orange. On voit que le premier ministre mentionne plus souvent le mot cinéma lors de ses points de presse. C’est le fun de voir qu’on pense à nous », souligne M. Venne, qui a aussi des cinémas à Saint-Hyacinthe, Belœil, Joliette et Drummondville avec sa compagnie Cinémas RGFM.

D’ailleurs, contrairement à la première vague, l’annonce de la réouverture des cinémas en zone orange est arrivée au même moment que celle des restaurants et non après, ce qui rassure Guillaume Venne.

En zone orange, les cinémas et salles de spectacle pourront rouvrir à partir du 26 février. Les places devront être assignées et le port du masque sera obligatoire tout au long de la représentation.

« Pour notre part, dès qu’on a le go, on n’aura pas besoin de trois semaines pour être prêts, seulement de 48 heures. On est beaucoup liés au marché américain pour la sortie des nouveaux films. Tout ça semble positif pour mars et avril, mais tout dépend de l’évolution de la pandémie aux États-Unis. On continue de suivre ça de près, mais c’est certain qu’on a hâte de retrouver notre personnel et nos clients », conclut M. Venne.

Les salons de coiffure heureux de retrouver les clients

Au Salon de coiffure Les Brunes Platines, une des propriétaires, Janick Verville, est bien heureuse de pouvoir enfin rouvrir puisque toute l’équipe attendait cela depuis longtemps.

« On se doutait depuis le premier juin dernier que ça pouvait arriver encore. On n’a pas eu le choix, mais c’était un mal nécessaire. Comme on est habituées de travailler avec le public et en équipe, ce n’était pas facile d’être à la maison, mais ce n’était pas facile d’être à la maison pour personne non plus », explique-t-elle.

Ainsi, son équipe reprend où elle a laissé le 24 décembre lors de la fermeture. Les installations sont déjà adaptées et les règles sanitaires déjà établies seront suivies à la lettre. « On espère que tous les salons vont en faire autant parce qu’on ne voudrait pas refermer. On fait notre part pour ne pas avoir à retourner à la maison », ajoute la coiffeuse.

L’engouement se fait aussi sentir au niveau des rendez-vous. « On s’est tellement ennuyées que ça nous motive beaucoup à retourner. Aussi, on voit que les gens se sont ennuyés autant que nous on s’est ennuyées d’eux! », ricane-t-elle.

La copropriétaire affirme que malgré les semaines chargées à venir, toutes ont eu le temps de se reposer de la frénésie des Fêtes et sont prêtes à mettre la main à la pâte.

Situation frustrante pour les gyms

Un des grands perdants des mesures annoncées le 2 février par le premier ministre François Legault sont les gyms, qui doivent demeurer fermés en zone rouge. Martin Rousseau, propriétaire de Body Gym situé sur le boulevard Fiset, dénonce vivement cette décision.

« On ouvre les musées parce qu’on dit que ça va faire du bien au monde, mais pourquoi pas les gyms? On a investi des milliers de dollars pour se conformer aux règles de la Santé publique. On est prêts à rouvrir et à se conformer, mais là on nous ferme pour rien, sans preuve scientifique qu’on est dangereux », martèle M. Rousseau.

Étant donné que ce dernier a ouvert son gym il y a moins d’un an, il n’a pas le droit à la subvention gouvernementale pour payer ses frais fixes, dont son local. « Lorsque j’ai ouvert, tout était déconfiné. En ce moment, je paie tout de ma poche », déplore-t-il.

Selon Martin Rousseau, la détresse mentale s’agrandit de plus en plus chez ses abonnés. Ils sont de plus en plus nombreux à le contacter ou à lui en parler lorsqu’ils le croisent.

« J’ai vu qu’ils ouvraient les gyms en zone orange, ç’aurait dû être fait pas mal avant ça, ils n’ont presque pas de cas. Mais pour nous, je ne pense pas que ce soit avant la fin mars. C’est plate parce qu’on s’entend qu’à Sorel, on n’est pas dans la même situation qu’à Longueuil ou Montréal, mais on subit les dommages collatéraux », conclut le propriétaire de Body Gym.

« Les restos sont encore les derniers sur la liste »

Même s’il n’était pas surpris de la décision du premier ministre François Legault de prolonger la fermeture des restaurants au-delà du 8 février, le propriétaire du Distingo Resto-Pub à Sorel-Tracy, Rémy Salvail, croit que l’industrie est délaissée par le gouvernement.

« Les restos sont encore les derniers sur la liste. C’en est décourageant. Le pire, c’est qu’on n’a pas de date, c’est pire d’être dans le néant. Je trouve dommage que quand on vante la province, on parle de la culture et des restaurants, mais quand vient le temps de nous fermer, on est ceux qui écopent le plus », souligne M. Salvail.

Les salles à manger sont fermées depuis environ cinq mois et même si la population est au rendez-vous pour les mets pour emporter, la situation n’est pas la plus rose.

« Un concessionnaire qui ferme deux mois, par exemple, le client va attendre pour acheter sa voiture. Quand ça va rouvrir, il va y aller. Nous, en restauration, c’est de la perte brute. Nos clients ne reviendront pas manger 20 pizzas quand on va rouvrir », déplore Rémy Salvail.

« Je te dirais qu’on arrive kifkif en courant les subventions gouvernementales et avec les takeouts, mais c’est encore plus d’ouvrage que si on était ouverts. Je le fais surtout pour garder nos employés. Je remercie la population de nous supporter », ajoute-t-il.

En zone orange, les restaurants ont pu rouvrir avec plusieurs conditions, dont de tenir un registre de leur clientèle et d’exiger une preuve de résidence pour éviter que des clients se trouvant en zone rouge s’y rendent.

« C’est positif de voir ça, mais en même temps, vont-ils nous rouvrir bientôt pour nous fermer après l’été pour la troisième vague? Dans quelles conditions on va rouvrir? Est-ce qu’on va devoir jouer à la police? », conclut-il.

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