22 juin 2021 - 12:52
De plus en plus de pygargues à tête blanche dans la région
Par: Alexandre Brouillard

Le pygargue à tête blanche est de plus en plus présent dans la région de Sorel-Tracy. Photo Gilles Turcotte

Le pygargue à tête blanche, cet oiseau emblématique des États-Unis qui est désigné espèce vulnérable depuis 2003 au Québec, connaît une recrudescence dans la région. Si bien qu’il n’est pas rare d’en croiser lors de promenade en nature près des cours d’eau dans la région de Sorel-Tracy.

« Il y a de plus en plus de pygargues à tête blanche dans la région, assure d’emblée Clément-Michel Côté, président du Club d’ornithologie de Sorel-Tracy. Avant 2005, il était très rare d’en apercevoir, mais depuis quelques années, j’en croise beaucoup près des chenaux à Sainte-Anne-de-Sorel et près du fleuve Saint-Laurent à Sorel-Tracy et à Contrecœur. Si bien que depuis les cinq dernières années, j’en vois à toutes mes sorties ornithologiques. »

Il estime que cet oiseau impressionnant a élu domicile dans la région en raison des nombreux cours d’eau qui constituent des refuges intéressants et qui lui offrent de la nourriture en abondance.

« Il se nourrit principalement de poissons vivants, mais il peut aussi manger des poissons morts au besoin. Sinon, il se rabat parfois sur la sauvagine comme des canards, des oies et des goélands. Des espèces qu’on retrouve dans la région », indique M. Côté.

La recrudescence

Le pygargue à tête blanche a subi un déclin important au XXe siècle en raison de la perte de son habitat en bordure des grands plans d’eau, de l’utilisation de pesticides, des éoliennes près des lieux de nidifications, des nombreux dérangements causés par des activités humaines et même par le braconnage. Si bien que ce type d’oiseau de proie a été classé espèce vulnérable en 2003 au Québec.

Cependant, lors des dernières années, au Québec, la population des pygargues à tête blanche a grandement augmenté.

« Diverses mesures de protection ont été adoptées par le gouvernement du Québec. L’interdiction d’utiliser les pesticides DDT sur les terres agricoles a grandement amélioré le sort des pygargues, parce que ça affaiblissait ses œufs et compliquait sa reproduction. Le réchauffement des températures a également aidé. Ils peuvent dorénavant demeurer au Québec quatre saisons par année, s’ils ont accès à de l’eau vive. J’ai déjà vu des pygargues manger de grosses carpes sur la glace », indique M. Côté.

Un oiseau impressionnant

« C’est toujours très impressionnant d’observer un pygargue à tête blanche dans son milieu naturel. Je me souviens avoir été très excité la première fois que j’en avais croisé lors de mes sorties ornithologiques », admet Clément-Michel Côté.

Cet oiseau de proie peut atteindre entre 170 et 245 cm d’envergure avec un poids moyen de 4,3 kg. « Les femelles sont généralement plus grandes et plus lourdes que les mâles, mais ils sont tous les deux très imposants et rapides en plein vol, malgré leur envergure », assure M. Côté.

Malgré sa taille intimidante, il ne s’attaque pas à l’humain et aux mammifères. Le président du club d’ornithologie de Sorel-Tracy affirme toutefois qu’« il peut facilement s’attaquer aux petits animaux domestiques. Chiens et chats peuvent parfois être au mauvais endroit au mauvais moment ».

« Avec ses grandes serres, le pygargue à tête blanche peut facilement attraper ses proies en plein vol. Lors d’un voyage au Nouveau-Brunswick, j’ai déjà vu un pygargue avoir les yeux plus gros que la panse en agrippant un gros saumon. Le poisson a finalement coulé l’oiseau au fond de l’eau, parce qu’un pygargue ne lâche jamais sa proie une fois qu’elle est prise dans ses grandes serres. C’était une scène assez impressionnante », relate-t-il.

« C’est toujours agréable de voir la population d’une espèce d’oiseau augmenter, comme c’est le cas pour le pygargue à tête blanche. Ouvrez l’oeil, vous pourrez en croiser prochainement », conclut-il.

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