8 juillet 2021 - 06:00
L’entreprise Charbone Corporation s’implante à Sorel-Tracy
De l’hydrogène vert produit à Sorel-Tracy dès avril 2022
Par: Jean-Philippe Morin

Charbone Corporation prévoit s’implanter en cinq phases à Sorel-Tracy en plus de créer 40 emplois dans les prochaines années. Photo gracieuseté

Charbone Corporation complète présentement les derniers préparatifs afin de s’installer sur un des terrains du complexe portuaire de Sorel-Tracy. L’entreprise spécialisée entre autres dans la production d’hydrogène vert prévoit commencer ses opérations dès avril 2022 et créer plusieurs emplois.

Une entente de principe a été signée avec la Ville de Sorel-Tracy début juin et un projet à plus long terme sera officialisé au cours des prochaines semaines.

Les travaux d’ingénierie sur le terrain de 390 000 pieds carrés sont débutés sur la rue Industrielle. Les demandes d’interconnexion pour l’électricité sont aussi sur le point d’être finalisées auprès d’Hydro-Québec, tout comme la demande de certificat environnemental auprès du ministère.

« On a confiance qu’on sera en mesure de produire les premiers kilogrammes d’hydrogène vert en avril 2022 à Sorel-Tracy », confie en entrevue le chef de l’exploitation de Charbone, Daniel Charette.

L’usine sera divisée en cinq phases. La première, de 0,5 MW, permettra de produire 230 kg d’hydrogène vert par jour au début. Avec les autres phases, il sera possible d’aller jusqu’à un total de 20 MW afin de produire 9000 kg d’hydrogène par jour.

Sur le site, on retrouvera un bâtiment administratif et d’opération ainsi qu’un bâtiment qui servira d’entreposage et d’atelier mécanique. L’usine sera surtout modulaire, sur des dalles de béton, afin de permettre une expansion dans les prochaines années.

Charbone Corporation est en opération depuis environ 18 mois. L’entreprise, qui a neuf employés pour l’instant, compte créer cinq à six emplois dès le début du projet. À pleine capacité, soit d’ici cinq ans, elle prévoit avoir autour de 40 employés.

À Sorel-Tracy pour plusieurs raisons

Malgré qu’il ait exploré plusieurs endroits au Québec auparavant, le chef de l’exploitation de Charbone a choisi le complexe portuaire de Sorel-Tracy pour plusieurs raisons.

« On a été dirigés par Hydro-Québec à des endroits où il y avait de la capacité à raccorder et à interconnecter une usine rapidement. Nos bureaux sont juste à côté du Dix30 à Brossard, donc on cherchait quelque chose pas trop de loin de notre siège social, qui avait accès aux grands axes routiers et qui avait accès éventuellement aux rails et au futur port de Contrecœur », explique Daniel Charette, qui possède plus de 20 ans d’expérience dans les énergies renouvelables.

La vision de Sorel-Tracy a également pesé dans la balance, révèle M. Charette. « On cherchait une ville dynamique, qui regardait vers le futur, qui croyait aux énergies renouvelables. Le maire de Sorel-Tracy a été très convaincant de ce que devrait être une ville dans le futur en lien avec le développement durable », expose-t-il.

Également, comme la ville a plusieurs utilisateurs industriels d’hydrogène, le marché pourrait être intéressant pour l’entreprise. « Actuellement, ils utilisent de l’hydrogène pas nécessairement vert. Notre produit s’adresse à une clientèle industrielle qui désire verdir et diminuer ses gaz à effet de serre », poursuit M. Charette, en nommant entre autres Rio Tinto Fer et Titane, qui dispose d’un réservoir d’hydrogène sur le boulevard Marie-Victorin.

« En faisant de l’hydrogène compressé et non liquéfié, on peut livrer notre produit sans problème dans un rayon de 400 à 500 kilomètres. Il sera produit et livré dans différents formats, comme en cylindre ou en vrac », ajoute-t-il.

L’hydrogène, le futur

Selon Daniel Charette, l’implantation de ce projet à Sorel-Tracy arrive au bon moment, même si l’Europe a trois ans d’avance sur l’Amérique du Nord concernant l’hydrogène. Il ne se donne pas d’échéancier précis concernant le projet.

« Des utilisateurs d’hydrogène sont déjà présents sur le marché au Québec, comme les véhicules personnels (dont la Toyota Mirai), des véhicules logistiques (dont des chariots élévateurs), des véhicules légers de transport et des véhicules lourds. Dans le futur, on pourrait voir des locomotives à l’hydrogène puisqu’elles sont testées présentement. Il va y avoir des navires à l’hydrogène éventuellement. De plus en plus de gens parlent de combustion à l’hydrogène, pour remplacer le gaz naturel pour certains procédés industriels. Au fur et à mesure que la demande évoluera, ça va nous permettre d’enclencher les phases les unes après les autres », souligne-t-il.

Daniel Charette avance également que l’avantage d’avoir un véhicule à l’hydrogène est notable par rapport à un véhicule électrique, même s’il convient qu’il y a de la place pour les deux technologies au Québec.

« Pour recharger une Chevrolet Volt, on parle de six ou sept heures sur le 120 V, ou quelques heures sur du 240 V, alors que pour refueler une Toyota Mirai, ça prend cinq minutes. L’avantage dans le transport lourd, ce sont les distances. Une Mirai, tu peux aller jusqu’à 600 km pour 5 kg d’hydrogène, donc si on compare avec le poids d’une batterie dans un véhicule électrique, la différence est assez grande », conclut Daniel Charette.

  • Charbone : spécialiste en hydroélectricité et hydrogène vert
  • Pour produire de l’hydrogène vert, l’entreprise utilise la technique d’électrolyse de l’eau. Le procédé se base sur le réseau électrique québécois, qui repose presque à 100 % sur des énergies renouvelables. Outre l’usine de Sorel-Tracy, deux autres projets sont sur la table aux États-Unis. Concernant l’hydroélectricité, Charbone devrait annoncer sous peu l’acquisition d’un projet hydroélectrique au Vermont. L’entreprise fera aussi son entrée à la bourse de Toronto (TSX) en juillet.
image