11 mai 2021 - 12:58
Crise du logement : Sorel-Tracy ne fait pas bande à part
Par: Alexandre Brouillard

Les logements à louer dans la région de Sorel-Tracy se font de plus en plus rares, selon Dominic Gosselin, coordonnateur à l’Action Logement Pierre-De Saurel. Photo gracieuseté

Selon Claude Daigle, directrice générale du GRTHS, une meilleure utilisation de la banque de logements qualifiés pourrait aider les personnes à la recherche d’un logement. Photo NathB photographe

Alors qu’il est devenu de plus en plus difficile de trouver un logement dans la région de Sorel-Tracy, des intervenants de la région n’hésitent pas à qualifier la situation de « vraie crise du logement ».

« Il y a une pénurie de logements dans la région! Surtout un manque de logements abordables, respectables et salubres. Si bien que certaines personnes risquent de ne pas trouver d’endroit d’ici le 1er juillet », lance d’emblée le coordonnateur d’Action Logement Pierre-De Saurel, Dominic Gosselin, tout en soutenant que la situation actuelle sort de l’ordinaire.

Les données du Rapport sur le marché locatif publiées par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) ont révélé que pour l’année 2020, le taux d’inoccupation des loyers dans la région de Sorel-Tracy est de 2,5 %. Ce sont les loyers avec deux chambres qui sont les plus rares avec un taux d’inoccupation de 1,4 %.

Claude Daigle, directrice générale du Groupe de ressources techniques en habitation de la région de Sorel (GRTHS), affirme que le manque de logements dans la région est principalement attribuable à la rareté de logements sociaux communautaires. « Il y a beaucoup de nouveaux logements construits dans la région, mais ce n’est pas tout le monde qui peut s’offrir des loyers à 800 $ et 1000 $ par mois. Nous devrions avoir plus de logements à petits prix », ajoute-t-elle.

Alors qu’une banque de logements qualifiés est à la disposition des locataires de la région, Mme Daigle affirme toutefois que cette dernière est vide. « Ajoutez à ça de nombreuses listes d’attente de personnes qui sont à la recherche de logements. La situation n’est vraiment pas évidente », allègue-t-elle.

Selon M. Gosselin, le manque de logements dans la région donne beaucoup de pouvoir aux propriétaires. « Certains abusent de leur position en imposant des hausses exagérées des loyers et imposent une multitude de conditions aux locataires, dont des endosseurs, des enquêtes de crédits et même des dépôts de garantie très élevés. Sans oublier que des propriétaires refusent tout simplement de louer à des familles pour favoriser la tranquillité du voisinage », assure-t-il.

Le Regroupement des comités logement et association de locataires du Québec (RCLALQ) exige donc des mesures plus musclées au gouvernement québécois. Il voudrait un gel rapide des loyers et un contrôle obligatoire des loyers assorti d’un registre.

Des pistes de solutions

Selon Mme Daigle, une meilleure utilisation de la banque de logements qualifiés, qui permet aux citoyens de trouver des appartements inspectés et approuvés, pourrait aider les personnes à la recherche d’un logement.

« Elle est toutefois sous-financée. Depuis deux ans, nous avons seulement l’aide monétaire de la Table intersectorielle enfance famille Pierre-De Saurel. Avec plus de financement, cette banque pourrait faire la différence. Nous utilisons donc plus la liste unifiée de requérants pour diriger les familles vers les bonnes ressources », soutient-elle.

Pour améliorer la situation, Action Logement Pierre-De Saurel aimerait implanter un bureau du Tribunal administratif du logement à Sorel-Tracy [anciennement la Régie du logement]. « Au minimum, nous voudrions un comptoir ici pour faciliter le processus lorsque des locataires vivent des situations problématiques avec leurs propriétaires. Actuellement, le bureau le plus proche est à Saint-Hyacinthe, alors beaucoup de locataires abandonnent leur requête et acceptent des conditions inacceptables ou cherchent un nouvel appartement », explique M. Gosselin.

« Comme point de départ, je crois qu’il faut plus de logements sociaux communautaires, comme l’Héberge du Grand Héron qui sera bientôt construit, pour répondre aux besoins de plusieurs locataires de la région. De plus, nous développons actuellement une application avec l’aide de la Table de développement social et avec des étudiants du Cégep de Sorel-Tracy qui mettra en contact les locataires en recherche d’appartement avec les spécialistes de la région. L’application devrait être lancée cet automne », conclut Claude Daigle.

Taux d’inocupation des logements à Sorel-Tracy en 2020:

Studio: N/D

1 chambre: 5,8%

2 chambres: 1,4%

3 chambres: 2,2%

Total: 2,5%

(Source: SCHL)

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