28 avril 2021 - 12:57
« Contrer le féminicide est actuellement l’effort de guerre à la Maison le Passeur » – Louise Plante
Par: Alexandre Brouillard

Louise Plante, coordonnatrice à la direction de la Maison le Passeur, a noté une hausse des demandes d’aides de la part des hommes à l’organisme en 2020. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Alors que 10 féminicides sont survenus dans les 10 dernières semaines au Québec, la Maison le Passeur de Sorel-Tracy enregistre une augmentation des demandes d’aide de la part des hommes depuis les derniers mois. La pandémie ne serait d’ailleurs pas étrangère à cette hausse.

Habituellement, la province enregistre une douzaine de féminicides par année. La région de Sorel-Tracy n’est pas épargnée par cette vague de violence envers les femmes, constate la coordonnatrice à la direction de la Maison le Passeur, Louise Plante.

« La mission de la Maison le Passeur est essentielle plus que jamais. Nous avons plus de demandes qu’en temps normal. Nous travaillons fréquemment en partenariat avec la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), nous avons des références du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME) de son volet accueil psychosocial et même du milieu judiciaire », affirme-t-elle.

« Lorsqu’un père se retrouve du jour au lendemain à la maison à temps plein avec les enfants pendant que la mère travaille, et qu’il n’est pas trop habitué avec cette situation, ça peut être difficile et créer des conflits. Ajoutez à ça les fermetures et réouvertures d’écoles et de garderies, c’est très éprouvant pour les familles », ajoute Mme Plante.

La Maison le Passeur fait beaucoup de publicité et sensibilise les citoyens à être attentifs aux signes avant-coureurs des féminicides. « Parfois, lorsque des hommes et des pères s’aperçoivent que ça ne va pas, ils contactent notre ressource. C’est à ce moment que nous pouvons travailler en amont avec eux pour prévenir des gestes violents non souhaitables. Les intervenants enseignent différentes stratégies aux hommes pour prévenir des actions de violence envers les femmes. Par exemple, parmi les outils faciles d’accès, nous enseignons le temps d’arrêt et d’autres techniques pour reprendre le contrôle lorsqu’une situation dérape », détaille la coordonnatrice.

Les demandes d’aide en 2020 n’étaient pas seulement plus nombreuses, elles étaient plus intense aussi. « Lors de la dernière année, beaucoup d’hommes arrivaient ici pour avoir de l’aide et ils étaient beaucoup plus intenses qu’à l’habitude », poursuit-t-elle.

En plus de la hausse marquée du nombre de féminicides sur le territoire, Mme Plante doit jongler avec un manque de personnel. « Habituellement, nous tentons de ne pas avoir de liste d’attente, mais en ce moment, on manque de personnel et il y a plus de demandes. Nous avons donc malheureusement une liste d’attente », admet-elle.

L’importance de prévenir et d’aller chercher l’aide

Mme Plante invite les hommes à immédiatement venir chercher de l’aide si le besoin est ressenti. « Il est préférable de connaître la mécanique des solutions en prévention et de pouvoir les pratiquer avant d’être en face d’une situation, sans outils, qui pourrait déraper rapidement vers la violence », explique-t-elle.

La coordonnatrice croit qu’il y a encore un gros travail de sensibilisation et d’information à faire auprès de la population. « Aller chercher de l’aide est le plus grand défi souvent pour les hommes qui en ont besoin, mais ils ne doivent pas être gênés. Ils doivent utiliser les outils qui sont à leur portée », conclut-elle.

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