2 juillet 2019 - 12:01
Ça va me manquer!
Par: Jean-Philippe Morin

Mike Cournoyer est humoriste et chroniqueur au journal Les 2 Rives. Photo Geneviève Baril

J’avais 11 ans et je suppliais déjà mes parents pour avoir une job dans leur restaurant pendant les neuf jours du Festival de la gibelotte.

Ce fut un honneur la première fois qu’ils m’ont fait confiance pour couper, en demi-rondelle, les agrumes que les serveuses et serveurs allaient mettre sur les verres à cocktails tout au long de la soirée (bien important de faire une fente sur les fruits pour qu’ils tiennent sur les verres).

C’était toute une fierté pour moi d’avoir des responsabilités et de pouvoir arborer un chandail du Festival de la gibelotte, beaucoup trop grand pour un adolescent, avec le fameux logo avec une perchaude qui tient une louche (vous vous en souvenez tous, je suis convaincu).

La restauration a toujours été un métier que j’admirais. J’avais 6 ans et j’étais assis sur le bar en attendant que mes parents aient terminé de faire leurs tâches de gestion. J’étais plus petit que le chaudron dans lequel se faisait la gibelotte et j’avais déjà hâte de faire leur métier.

À 25 ans, c’est devenu mon métier. Mes parents commençaient à parler de retraite, je m’apprêtais à prendre le relais durant les années qui suivraient. Ironiquement, la passation du flambeau s’est transformée en incendie.

Faisant partie de la famille du St-Thomas, c’est la première année de ma vie où je ne mettrai pas la main à la pâte pendant le festival. Je n’ai pas besoin de vous rappeler les événements du 21 mars au centre-ville (je crois que les médias locaux en ont parlé un tout petit peu).

Depuis cette journée, je réponds plusieurs fois par jour à la question « Est-ce que c’est vrai la rumeur que vous allez ouvrir bientôt? ». Quand même paradoxal puisqu’avant les événements, j’étais habitué de répondre à : « Est-ce que c’est vrai la rumeur que vous allez fermer sous peu? ».

C’est la première année où, à l’aube du festival, je ne suis pas installé dans mon salon avec mon laptop sur mes genoux, trois programmes d’ouverts en parallèle : un fichier Excel avec l’horaire, la liste des shows du festival, la page Web de Météomédia… En essayant de jauger quels seront les soirs où on risque « d’être dans le jus ».

Ce sera un sentiment bien spécial d’assister à des spectacles pendant le Gib Fest sur une scène qui sera sur l’emplacement où était notre restaurant. Je ne suis pas habitué de vibrer au rythme des spectacles pendant le festival. Habituellement, c’est mon cellulaire qui vibrait au rythme des imprévus pendant ce marathon de neuf jours.

La restauration est probablement un des plus beaux métiers du monde selon moi puisque c’est une expérience unique et un mode de vie en soi. Je prends le temps de saluer tous ceux qui travaillent dans ce domaine dans tous les établissements de notre région. Chapeau!

Un petit bonjour, au passage, à tous mes collègues du St-Thomas que vous pourrez croiser dans divers restaurants pendant la semaine. Ça me fera très bizarre, cette année, de ne pas manger une oreille d’éléphant ou une patate en fleur en fin de soirée avec vous pour célébrer le fait d’avoir vaincu le rush.

Pour ma part, ce sera mon premier festival à titre de « festivalier ». Ça me fera plaisir de me joindre à vous dans votre traditionnel tour de carré et d’arrêter tous les 15 pieds pour répondre à la question : « Mike, as-tu des nouvelles pour le St-Thomas? »

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