22 mars 2016 - 00:00
Avoir plusieurs emplois, un moyen d’empêcher l’inaction et de se sécuriser
Par: Julie Lambert
Avoir deux ou trois emplois en même temps exige de la rigueur, selon Cédric Maltais et Josianne Ayotte. | Photo : Depositphotos.com

Avoir deux ou trois emplois en même temps exige de la rigueur, selon Cédric Maltais et Josianne Ayotte. | Photo : Depositphotos.com

Les Sorelois Josianne Ayotte et Cédric Matais ont un point en commun : tous les deux occupent plusieurs emplois en même temps. S’il s’agit d’une question de choix pour un, il était presque impossible de faire autrement pour l’autre d’un point de vue financier.

Dans le domaine de la bureautique, Josianne Ayotte a presque toujours occupé plusieurs emplois. Depuis un an, elle partage son quotidien entre un emploi à temps plein et un autre à temps partiel et travaille 60 heures par semaine en plus de suivre une formation pour améliorer ses compétences.

La femme de 31 ans, qui a un conjoint et un adolescent à la maison, a fait ce choix pour une question de sécurité, mais aussi pour le simple plaisir de relever des défis, avoue-t-elle.

« Plus jeune, j’ai déjà eu des problèmes de gestion d’argent. Je m’en suis sortie, mais cette expérience est restée. Pour moi, avoir deux emplois permet à ma famille de se gâter et ça me sécurise. Cela me procure aussi beaucoup de satisfaction. Quand je suis plus tranquille, j’ai tendance à me chercher quelque chose à faire », admet-elle en riant.

Cédric Maltais occupe aussi deux emplois, un comme barman et un autre dans une entreprise de nettoyage obtenu depuis peu. Récemment, il a dû trouver un autre emploi puisque ses heures avaient trop diminué là où il travaillait.

Étant donné qu’il n’a pas de diplôme d’études professionnelles, il est plus difficile pour lui de se trouver un emploi ayant une rémunération plus élevée que le salaire minimum, mentionne-t-il.

« Même si tu te restreins dans tes dépenses et que tu restes cloîtré chez toi, c’est difficile de joindre les deux bouts. Avec un chien, une maison et une voiture à entretenir, je n’ai pas le choix. Je me suis privé longtemps, mais d’occuper plusieurs emplois me permet de sortir un peu et de me gâter », explique le jeune homme dans la vingtaine.

Un tour de force

La gestion de l’horaire est le plus grand défi à relever pour les deux employés. Il faut non seulement de l’ingéniosité, mais aussi mettre de côté sa vie sociale pour pouvoir y arriver, soulignent-ils. Les deux travailleurs connaissent très peu de gens dans leur entourage qui vivent la même situation qu’eux.

« Les gens me reprochent souvent de ne pas être disponible. Lorsqu’on planifie une sortie, on doit le faire vraiment longtemps à l’avance. Je vois aussi ma famille sur l’heure du dîner. L’organisation, c’est le mot clé et il faut apprendre à tout combiner. J’ai aussi la chance d’avoir un conjoint compréhensif qui fait du ménage », rigole Mme Ayotte.

M. Maltais s’est quant à lui habitué à dormir peu. Il a parfois un horaire l’obligeant à terminer vers 2h du matin malgré un autre emploi qui commence à 8h.

« Plusieurs personnes me demandent comment je fais, mais cela finit par être comme s’entraîner : il faut de la volonté. Après, cela devient une habitude », conclut-il.

Seulement 4% des travailleurs occupent plusieurs emplois au Québec

Même s’ils sont plus nombreux sur le marché du travail depuis les dernières années, les travailleurs occupant plus d’un emploi représentent seulement 4% de la population active dans la province.

Selon les données obtenues auprès d’Emploi-Québec, on comptait 188 600 travailleurs au Québec qui ont plus d’un emploi en 2015. Depuis 1987, le pourcentage de ces personnes dans la population dite active, c’est-à-dire soit au travail ou sur le chômage, est passé de 2,45% à 4,25%.

S’ils sont plus nombreux, souligne l’économiste d’Emploi-Québec, Mario Choquette, ces travailleurs représentent une part marginale parmi l’ensemble des personnes présentes sur le marché du travail.

« Même s’il y a une légère augmentation dans le temps, le nombre de personnes qui ont deux emplois ou plus est peu élevé depuis plusieurs années. Il est difficile de comprendre cette augmentation ou de donner les raisons de ces personnes de travailler à différents endroits puisque les chiffres sont trop peu élevés par secteur et par groupe d’âge pour en faire des déductions », explique-t-il.

Parmi les personnes occupant plus d’un emploi, 60,98% travaillent plus de 40 heures par semaine. Ce chiffre est stable, ajoute M. Choquette, depuis qu’Emploi-Québec collecte des données.

Pourcentage des travailleurs occupant plus d’un emploi au Québec
Année Pourcentage dans la population active
1987 2,45%
2005 3,05%
2010 4%
2015 4,25%
image
image