7 juillet 2015 - 00:00
Avenir de l’agriculture : deux visions se confrontent
Par: Louise Grégoire-Racicot

Les maires de la région et la Société d’agriculture de Richelieu (SAR) n’ont pas la même vision de l’agriculture, ce qui crée des frictions au sujet de la source d’économie la plus importante du territoire.

Alors que la Municipalité régionale de comté (MRC) de Pierre-De Saurel cherche à mieux cerner le développement de son territoire par le biais d’un plan de développement du zonage agricole (PDZA), voilà que les membres de la SAR refusent d’emboiter le pas. Ce travail est déjà fait, soulèvent-ils.

L’objectif de ce plan, explique Mario Dion, directeur de l’aménagement de la MRC, est de favoriser le développement d’une agriculture durable. « On fait un portrait de la situation. Puis on déterminera ce qu’on fera pour la développer davantage. Cela nous permettra d’aussi cerner de nouvelles avenues pour les productions actuelles et des activités nouvelles. »

D’autres MRC l’ont déjà fait et ce, depuis 2008. Mais la démarche n’est pas obligatoire, dit-il. La MRC confiera à une firme privée la caractérisation du territoire. À l’automne, il y aura rencontre avec le monde agricole afin de bien cerner ses attentes et besoins. Ce sont des élus siégeant à la MRC qui ont proposé cette démarche, précise M. Dion, appuyés en cela par le comité consultatif agricole de la table régionale.

L’UPA Richelieu-Yamaska appuie cette démarche, confirme son président Sylvain Joyal. Il se réjouit qu’on le fasse notamment pour cesser le développement à la pièce de ce secteur. « Une fois la situation bien clarifiée, on pourra mieux planifier la suite. »

Rien de nouveau sous le soleil

Mais le commissaire à la Chambre agricole, attaché à la SAR, Alain Beaudin, tient un tout autre discours.

« La MRC a déjà défini son plan directeur il y a 10 ans. Mais rien n’a été concrétisé par la suite. À la SAR, on a déjà un plan, des stratégies et un modèle de développement. Je ne suis pas contre le principe d’un PDZA, mais je ne crois pas qu’il faille débourser de l’argent pour le faire. »

M. Beaudin est clair: les plans sont faits. Reste à les actualiser. Car jusqu’à maintenant, les interventions faites par les organismes régionaux n’ont pas duré. Il faut au contraire penser long terme, dit-il. Ce qu’il fait. « Ma paie vient de SAR, mes mandats aussi. Que la MRC fasse ce qu’elle pense qui est bien, moi je continuerai à travailler comme nous le faisons déjà. »

Selon lui, le monde agricole doit permettre des variétés de modèles. « C’est ce que je cherche à implanter. Je doute qu’un PDZA contribue à assurer le développement et la pérennité des activités agricoles. »

La résolution votée unanimement par le c.a. de la SAR est claire: le travail qu’elle accomplit porte fruit. Elle travaille à l’implantation de plusieurs projets qui favorisent la diversité des productions, des produits, des modèles d’entreprise et de mise en marché. Elle le fait sur le terrain, concrètement, avec divers organismes de la MRC (clubs agroenvironnementaux, UPA Richelieu Yamaska, relève agricole, jeunes ruraux). Elle développe aussi l’agrotourisme. Elle préconise le développement économique, écologique et social agricole.

Ce pour quoi elle n’appuie pas la démarche d’élaboration du PDZA.

Repartir ensemble propose le préfet

Le préfet Claude Pothier peine à accepter la décision de la Société d’agriculture Richelieu (SAR) de ne pas participer à l’élaboration du Plan de développement du zonage agricole (PDZA). Ses membres ne comprennent pas ce que la MRC cherche à faire, s’explique-t-il.

« Le PDZA est différent de ce que la SAR fait. Je sais que le travail qu’ils font est quelque chose de bien. Mais on veut aussi contribuer à faire avancer la machine. Peut-être se braquent-ils parce qu’ils ont mal compris le pourquoi de notre retrait du financement de la chambre agricole. Mais il y avait un contexte et la chambre avait les moyens d’aller trouver ailleurs des sous qu’on n’avait pas. »

L’image que la SAR projette, poursuit-il, en est plutôt une d’organisateur de grands événements comme l’expo agricole, les compétitions équestres. « C’est fort bien réussi, mais on voit moins les efforts faits en matière de développement agricole. Cela a peut-être influencé des perceptions chez des gens du milieu qui ne reflètent pas toute la réalité », déplore-t-il.

Il faut oublier les irritants internes, poursuit-il. Participer au PDZA donnerait certes à la Société agricole plus de visibilité et un encadrement aidant.

« Je trouve déplorable que la SAR ne veuille pas siéger à cette table. Alain Beaudin a de grands talents, des idées, un réseau. On veut travailler ensemble. Le monde agricole a ses règles et façons de faire particulières. Ce pour quoi on a besoin de travailler tous ensemble à sa pérennité et son développement. »

Cela permettrait de mieux faire avancer tous les projets, affirme-t-il. « Je trouve désolant que la SAR se retire. »

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