28 septembre 2021 - 12:14
Autopsie d’une victoire
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans la région, Louise Grégoire-Racicot livre ses impressions dans une chronique hebdomadaire au journal Les 2 Rives depuis 2018.

N’écoutant que sa passion pour la chose politique, mû par son option souverainiste et comptant sur la loyauté de ses concitoyens qu’il représente fidèlement depuis 37 ans, Louis Plamondon a osé faire fi de son âge et d’une retraite méritée, pour solliciter un 12e mandat comme député fédéral de Bécancour-Nicolet-Saurel.

Et ses commettants le lui ont bien rendu, lui accordant leur appui indéfectible – plus de 54 % du vote – lui qui, connu comme Barabbas dans la Passion, sait leur assurer présence assidue, écoute et attention, répondant à leurs attentes, apportant une solution aux problèmes qu’ils peuvent avoir avec les services fédéraux et devisant avec eux des approches à initier pour améliorer les programmes qui relèvent de la juridiction d’Ottawa.

Refusant systématiquement de s’impliquer dans les débats régionaux relevant d’autres instances que la sienne, il a plutôt choisi de se comporter comme l’ombudsman de ses commettants – un qualificatif qu’il s’est attribué sans gêne et sans enflure. Parce qu’ultimement, c’est ce qu’il fait de mieux pour les siens, mettant vite et méthodiquement à contribution sa connaissance approfondie de la machine étatique et de ses acteurs de tout niveau. Approche qu’il a adoptée dès le départ et qui lui a permis de construire un réseau tissé serré au fil des ans, tant dans son comté que dans la fonction publique canadienne.

Pourtant, à le fréquenter, on n’a pas l’impression de croiser quelqu’un qui écrit une page politique d’histoire canadienne. Doyen de la Chambre des communes, il est le premier francophone à siéger au parlement aussi longtemps sans intermission. Et si ce mandat se rend à terme, il dépassera les cinq députés anglophones qui ont siégé plus longtemps que lui depuis 1867, dont l’ex-premier ministre John Diefenbaker, bon deuxième derrière l’ex-ministre libéral Herb Gray (39 ans, 4 mois et 2 jours). Et ce, grâce à ses commettants!

Ces 37 ans de services sont aussi remarquables par les innombrables heures de présence qu’ils ont nécessitées au parlement et dans ses bureaux de comté, et les milliers de kilomètres parcourus chaque année pour y assurer sa présence. Témoignages de bonne santé et d’une énergie sans fonds.

L’homme est aussi doté d’une mémoire et d’une compréhension approfondie de tous les dossiers importants traités depuis son entrée en politique active. Il peut les évoquer sans faille et éviter d’en répéter les erreurs.

Ses électeurs apprécient grandement sa présence toujours ponctuée de bons mots auprès de tous les organismes qui l’invitent à les visiter. Ils aiment son omniprésence courte mais chaleureuse à chaque endroit où il passe. Il a le sens de la rencontre, la mémoire des noms et des dossiers, la conversation aisée, la discussion polie mais étoffée, la blague facile. Ce pourquoi les gens lui font aisément confiance et ne tiennent visiblement pas compte des discours de ses adversaires qui traitent d’un Bloc Québécois inutile parce que sans chance de prendre le pouvoir. La plupart sont des nationalistes affirmés qui apprécient ses propos souverainistes, sa critique du fédéralisme et ses batailles notamment pour la protection des aînés et le maintien de la gestion de l’offre en agriculture.

Mais sa victoire tient aussi à ses qualités d’organisateur et de stratège qui ne laissent rien au hasard. Rassembleur, il sait animer son équipe inconditionnelle de bénévoles et réussit chaque année une campagne de financement qui lui donne les coudées franches en période électorale. Des atouts dont n’ont jamais pu bénéficier tous ses opposants.

Décidément, l’homme, au grand dam des autres candidats, semble invincible parce que simplement fidèle à lui-même.

Non ce n’est pas de l’adulation. Que le constat d’une journaliste témoin de l’histoire politique régionale!

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