30 mars 2017 - 00:00
« J’ai vraiment eu la pensée: bon, ça y est, je meurs là! »
Par: Deux Rives
L'explosion au four #9 s'est produite aux alentours de 4h30, jeudi matin. | Photo: Pascal Gagnon

L'explosion au four #9 s'est produite aux alentours de 4h30, jeudi matin. | Photo: Pascal Gagnon

Daniel Laprade se situait au côté nord du four #9 de l’usine lors de la déflagration chez Rio Tinto Fer et Titane, jeudi matin. Même s’il n’a pas reçu l’impact de ses trois collègues, plus près du four, il croyait y laisser sa vie.

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L’opérateur de 25 ans a dû se fier à son instinct pour sortir rapidement de l’endroit critique où a eu lieu l’explosion.

« Tout est devenu noir. Je ne voyais vraiment plus rien, se remémore-t-il. Je commençais à étouffer parce qu’il y avait tellement de poussière. Il a fallu que je trouve un moyen dans le noir de me rendre vers un endroit sûr. »

Daniel Laprade admet avoir pris des risques en tentant de retrouver son chemin. Il explique qu’il n’avait rien à perdre, au point où il en était rendu. Il a su se frayer un chemin jusqu’à sa salle de repos habituel, où des collègues attendaient de constater l’ampleur des dégâts, impuissants.

Les événements se sont succédés si rapidement qu’il ne peut dire combien de temps s’est écoulé du début à la fin de cette expérience terrifiante. « Ça s’est passé tellement vite, peut-être une minute et demie ou deux minutes, je ne saurais dire », explique-t-il.

« Il ne fallait pas que je panique. J’étais dans un état où je devais réfléchir assez rapidement, dit-il. Je me suis mis à quatre pattes et j’ai trouvé des repères avec mes mains. Je me suis relevé et je suis allé par instinct en voyant les objets à la dernière seconde. C’est mon instinct qui m’a sauvé. »

Un bourdonnement intense

Un énorme bruit sourd s’est rendu aux oreilles du jeune homme, une fraction de seconde avant qu’il soit souillé de poussière. Celui-ci avoue qu’il appréhendait la fin.

« Il y a eu un gros sillement vraiment intense et qui s’en venait vers moi, raconte-t-il. Dans ma tête je croyais que c’était une explosion qui s’en venait me ramasser. J’ai vraiment eu la pensée: bon ça y est, je meurs là. »

Même s’il est confiant à effectuer ses manœuvres au quotidien, les images encore vives dans sa mémoire lui rappellent que les employés ne sont à l’abri d’aucun imprévu.

« Ce n’est pas un événement à négliger, constate-t-il. On a tous eu peur et c’était justifié. »

Daniel Laprade se considère chanceux de s’en être bien sorti. Il s’est fait transporter au centre hospitalier par mesure préventive pour vérifier la quantité de poussière inhalée. Selon ses dires, tout était correct.

Une réunion devrait avoir lieu au cours des prochains jours concernant l’explosion.

« Honnêtement, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’aurai probablement à participer à cette enquête », conclut Daniel Laprade.

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