18 septembre 2018 - 01:01
À notre façon!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Il y a quelques mois, Sorel-Tracy considérait interdire l’usage du cannabis dans ses lieux publics, comme c’est le cas pour la cigarette. À un mois de l’entrée du cannabis dans le cercle des produits libres de circuler, elle ne l’a pas encore fait. Et c’est sage.

Bien des gens s’inquiètent de l’augmentation possible de la consommation, notamment chez les moins de 18 ans. C’est un fait avéré que plusieurs en achètent déjà au noir. Statistiques Canada révélait qu’en 2017, 12% des 15 à 17 ans fumaient de l’herbe. Pourquoi les jeunes Sorelois seraient-ils différents?

Des études rassurent. Au Colorado par exemple – où son usage est légalisé – il n’y a pas eu pic de consommation chez les jeunes ou d’augmentation brutale de consommation adulte. Ceux qui ne prenaient pas de cannabis n’ont pas commencé à le faire, précisait le gouverneur de l’État.

Une autre étude – National Survey on Drug Use and Health – a même démontré que pendant les deux années qui ont suivi la légalisation du cannabis, sa consommation a décru de 12% chez les adolescents. Le marché noir rendant la drogue moins accessible pour la clientèle mineure, présume-t-on, sa consommation est restée stable (10-12%).

Ce qui ne signifie pas de ne pas s’arrêter à eux. Il faut bien les informer des effets du cannabis. Des conséquences possibles, si on en abuse.

Une éducation qui commence à la maison où les parents doivent entamer la conversation avec leurs jeunes. Savoir ce qu’ils en pensent. Ce qui les inciterait à fumer. Pour se faire ensuite une tête à ce propos. Partager leurs vues et inquiétudes avec eux. Enfin tracer la ligne de conduite acceptable face à cette consommation, tant à la maison qu’à l’extérieur.

Le défi des parents est de toujours garder la communication ouverte avec leurs enfants. Ce qui implique – je peux en témoigner – de s’informer, de réfléchir à la question et d’échanger parfois longuement avec eux des points de vue pas toujours unanimes au départ. C’est ainsi qu’on arrive à des consensus possibles et vivables pour tous. Et surtout, qu’on évite les cachettes, les mensonges, la perte de confiance en l’autre.

Sans jamais oublier que l’interdiction est toujours plus attrayante que l’autorisation pour les ados. Ils ne sont pas du tout différents de ceux que nous avons été!

Quant à leurs « fournisseurs de drogues », ils doivent être tenus loin des lieux que fréquentent les jeunes. Un rôle que doivent jouer tant les policiers que les autorités scolaires ou de loisirs. Et les policiers doivent continuer à exercer les pouvoirs dont ils disposent pour enrayer ce trafic illégitime.

L’école doit aussi agir. Informer ses élèves des effets et risques qu’entraine la consommation. Susciter à la fois la discussion et la réflexion – sûrement moins émotives que celles qui colorent les relations parents-enfants. Elle doit entendre les jeunes et leur donner les moyens de cultiver leur santé physique et mentale.

Quant à la Ville, il lui faudra trouver une façon d’accommoder tous les usagers de cannabis. Tout en sévissant contre ceux qui pourraient en abuser en troublant la paix et l’ordre public.

En espérant qu’elle ne confine pas les fumeurs dans des endroits peu fréquentables. Et qu’elle n’interdise pas de fumer à la maison à tous les propriétaires de condos ou les locataires de maisons à logement multiple, sous prétexte que la fumée ou l’odeur pourraient déranger les voisins. Après tout, il ne reste à chacun que cette zone de plus grande liberté : son chez-soi!

Ainsi la région doit cerner le modus vivendi d’intégration de cette substance dans son quotidien. Une responsabilité à partager!

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